Oran: Fini les fruits de luxe

Oran: Fini les fruits de luxe

Le pouvoir d’achat a, durant la première quinzaine de la nouvelle année, considérablement chuté.

La mercuriale a connu une flambée affolante. Le coût des fruits et légumes s’est envolé dépassant les seuils de l’entendement ces derniers jours. Si pour les clients, rien ne motive une telle hausse vertigineuse, celle-ci est toutefois mise en application aussi bien par les marchands spécialisés dans la vente en gros que par les détaillants. Inquiétante est la situation si l’on tient compte du fait que la tomate est cédée à 120 DA/kg, le prix de la patate est arrêté selon le calibre et la qualité. Il oscille entre 60 et 80 DA/kg.

Idem pour les oignons dont les tarifs ont sauté de 60 à 100 DA/kg. La courgette est à 120 DA tandis que la carotte, affichée à 60 DA durant la semaine, est vendue à 90 DA/kg. Les haricots sont vendus à 280 DA/kg, l’ail a atteint le seuil de 780 DA/kg. Idem pour les fruits qui ont connu des hausses allant de 50 à 100 DA le kg, comme la banane. Cet aliment à la peau jaune provoque l’ictère du client dès qu’il demande son prix. Plusieurs Oranais, déplorant une telle situation, n’en reviennent pas de leurs lamentations et désolation. Est-ce là les 2 DA d’ajout qu’on nous a promis? se demande plus d’un, notamment les chefs de familles nombreuses ou encore ceux aux rentrées moyennes. Ceux aux faibles bourses n’hésitent pas à s’identifier au personnage principal de l’auteur des Misérables, Jean Valjean. Le pouvoir d’achat a, en l’espace de la première quinzaine de la nouvelle année, considérablement baissé.

La hausse appliquée est constatable de visu. Elle oscille entre 30 et 40% comparativement aux derniers mois de l’année dernière. Qu’en est-il donc du devenir de ces centaines de familles tirant leurs baguettes de pain des indemnités sociales ne dépassant pas 5000 dinars? Une telle question revient comme un leitmotiv sur les lèvres de plusieurs responsables de familles, hommes ou femmes soient-ils.

D’autres questions sont posées par d’aucuns se mettant à la place des malades au chômage et des personnes aux besoins spécifiques n’ayant aucune rente hormis les 4000 DA qui leur sont accordés par le ministère de la Solidarité nationale. «Est-ce la pauvreté qui arrive à vive allure à la faveur de l’avènement de la nouvelle année?» Toutes ces questions ne trouvent pas de réponses.

D’autant, s’inquiètent plusieurs responsables de familles, car la Fonction publique ne recrute plus! En tout cas, «il n’y a pas de fumée sans feu». Qui a décidé d’une telle augmentation donnant le tournis à la vue des prix appliqués?

Une telle hausse n’est aucunement imputable aux marchands, ni grossistes ni détaillants. «Il fallait s’attendre à l’augmentation des prix, ceux-là ont été revus à la hausse», dira, sans autres explications ni complexe, un commerçant au marché de référence de la Bastille, situé en plein coeur d’Oran. Et un grossiste de renchérir en se posant la question: est-on informé que les taxes ont augmenté? Ce n’est là qu’un petit échantillon d’un sujet dominant les débats locaux.

La faillite guette de près plusieurs autres familles possédant plusieurs véhicules. Etant donné ces hausses lambda, les ardoises risquent d’être douloureuses mettant mal à l’aise les consommateurs. Si la résilience des dépenses a été adoptée par le gouvernement algérien, la première gouvernante du foyer familial a, quant à elle, été contrainte d’adopter le nouveau mode de gestion de son budget mensuel reposant essentiellement sur le «taqachouf» ou encore l’austérité brutale. Ce nouveau concept de gouvernance familiale est principalement fondé sur la privation irréfragable quant à la consommation des produits alimentaires de luxe. C’est le cas de Nedjma, première responsable de son foyer qui indique que «les oranges, les bananes, les noix de coco, les ananas, les jus dans toutes leurs variétés ainsi que les autres desserts onéreux figurent désormais dans la liste des oubliettes». Une telle mesure irréfutablement prise n’est pas décidée d’un simple fait du hasard. «Le fruit de saison, comme la clémentine et la mandarine, n’est pas à la portée de tout le monde, comment veut-on se permettre le luxe de croquer une pomme importée?» s’est interrogée Nedjma rencontrée au marché d’El Hamri.

A ce rythme, a-t-elle ajouté, «les Oranais, portés sur les aliments de qualité, feront inéluctablement leurs adieux aux produits alimentaires de luxe.