Oran – Effets collatéraux du tramway : 1.400 commerçants à indemniser

Oran – Effets collatéraux du tramway : 1.400 commerçants à indemniser

Le projet du tramway d’Oran, lancé en 2008 et qui était censé se terminer en 2011, a connu des retards si importants qu’il est en train de rassembler au fameux métro d’Alger.

A l’origine, le tracé prévoyait, pour une enveloppe financière de 350 millions d’euros, une seule ligne bidirectionnelle de quelque 18 kilomètres, reliant Sidi Marouf, à l’est de l’agglomération, à l’université d’Es Senia, au sud-ouest. Mais depuis la pose des premiers engins, il y a bientôt 3 ans, au boulevard de Mascara, le tramway n’a pas cessé d’évoluer pour donner des petits et aboutir à la naissance de trois nouvelles extensions, totalisant une distance globale de plus de 48 kilomètres. La première extension devrait relier l’aéroport d’Es Senia à l’université de la même commune, sur une distance de 4,5 kilomètres ; la seconde, qui est prévue à l’est de la ville, joindra le pôle universitaire de Belgaïd à Bir El Djir sur 16 km et, enfin, la troisième est prévue sur environ 9 km, entre le secteur urbain de Bouamama et Haï Benarba (ex-Rocher), à la sortie ouest d’Oran.

Comme il fallait s’y attendre, ces différents projets n’ont pas été sans poser de nombreux problèmes, notamment pour les commerçants et pour la circulation. Cette circulation qui a été déviée dans plusieurs carrefours a donné lieu à la naissance d’embouteillages monstres et à des problèmes de stationnement. Tout comme elle a abouti à la fermeture ou au ralenti de beaucoup d’activités commerciales puisque ce sont des quartiers entiers qui en ont pâti. La tendance est, par exemple, claire pour les commerçants des avenues de Saint-Eugène et de Mostaganem, des boulevards de Maâta et de Mascara, etc. qui ont perdu énormément sur le plan du chiffre d’affaires, mais, tout naturellement, ils font partie des commerçants indemnisables pour dommages collatéraux du projet. En gros, le rétrécissement des chaussées a rendu les opérations de chargement et déchargement très difficiles, voire impossibles et, du coup, les commerçants de gros étaient contraints de trouver d’autres alternatives, notamment en allant s’installer dans d’autres quartiers où les conditions étaient plus favorables. Ainsi, pas moins de 1.400 commerçants, pénalisés par les travaux entrepris depuis 2008 par le groupement Tramnour dans les différentes artères commerçantes de la ville, ont été recensés par un comité spécial, composé des services des impôts, des domaines, de l’Union des commerçants (UGCAA) et de l’entreprise du Métro d’Alger qui est chargée du suivi et la réalisation du projet.

Selon le coordinateur de wilaya de l’UGCAA, ce comité a été chargé d’accueillir les dossiers pour les étudier afin de décider des différentes indemnisations et autres exonérations d’impôts. Dans ce cadre, il sera tenu compte du volume des pertes et du taux des dommages causés, en fonction des principales normes retenues par les différentes inspections chargées de ce dossier. Les autorités de la wilaya, qui ne sont pas insensibles à ce dossier, ont donné des instructions fermes à l’entreprise du Métro d’Alger pour que le processus d’indemnisation soit accéléré. Actuellement, a annoncé ce même coordinateur, sur les 1.400 commerces recensés, 130 seulement ont, jusque-là, été indemnisés pour un montant global de près de 32 millions de dinars alors que près de 300 autres ont déjà déposé des dossiers. Sur un autre chapitre, il y a lieu de relever que les prix de l’immobilier ont, à cause du tracé du tramway, sensiblement augmenté dans certains quartiers comme Maraval où les grossistes de M’dina Jdida et de Boulanger cherchent un local pour leurs activités. En l’espace de deux années, les prix aussi bien à la location qu’à la vente ont triplé.

Ainsi, le prix du mètre carré a atteint les 12 millions de centimes. Dans d’autres endroits, par contre, les propriétaires de locaux qui ne trouvent plus preneurs, ont dû revoir à la baisse (moins de 40%) les prix de vente ou de loyer. C’est, en tout cas, ce qui a été observé par les agences immobilières qui précisent, cependant, qu’une reprise est possible avec l’approche de la fin des travaux. Quoi qu’il en soit, la mise en service du tramway permettra, en dépit de tous les désagréments qu’il a causés, de donner à Oran un autre visage plus séduisant, avec moins d’anarchie en matière de circulation.