Oran: Du laisser-aller dans les communes côtières

Oran: Du laisser-aller dans les communes côtières
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Dans le cadre de la protection de l’environnement, plus précisément de la frange maritime, une stratégie nationale de gestion intégrée des zones côtières (GIZC) a été élaborée afin de mieux cerner les problèmes écologiques qui peuvent toucher nos côtes. Toutefois, le souci qui se pose réellement se situe au niveau des collectivités locales et leur volonté de s’engager dans le sens de la protection du littoral se trouvant sur leurs juridictions respectives.

Pour le cas de la daïra d’Aïn Turck, qui compte parmi les quatre communes côtières importantes du pays, on peut nettement remarquer le laisser-aller et la mauvaise gestion dont font preuve les différentes Assemblés communales qui se sont succédé. Il ne passe pas, en effet, une année sans qu’on enregistre une multitude de dépassements et d’agressions contre le patrimoine littoral, dans le mutisme et l’indifférence des APC. Des individus échappant à tout contrôle n’hésitent pas à ériger des constructions au plus près des plages, parfois à même le sable. Une extension urbaine anarchique qui ne pose pas uniquement des désagréments d’ordre esthétique, mais qui altère également et surtout un équilibre écologique, notamment du fait des déversements des eaux usées. Ce littoral est soumis à une forte pression urbanistique ainsi qu’à des équipements structurants, telles les infrastructures de transport et de communication et toutes les commodités nécessaires à l’activité industrielle. Cette situation a eu plusieurs impacts, comme l’érosion côtière, les eaux colorées, la disparition d’espèces marines et autres répercussions négatives. Pas moins de 30 constructions illicites réparties sur 10 plages situées dans la daïra d’Aïn El Turck ont été démolies récemment. Il s’agit de zones convoitées et conflictuelles dans un site qui présente des qualités naturelles indéniables. Le rythme accéléré de son urbanisation et des contraintes liées à des difficultés d’application des lois de l’urbanisme et de l’aménagement du territoire entravent la protection de son rivage. L’explosion démographique dans les communes côtières est aussi un facteur à prendre en compte, puisque, selon les dernières statistiques, le littoral algérien, long de 1 622 km, englobe une très forte densité humaine, estimée à 37% de la population.

La protection du littoral, une question stratégique

La protection du littoral national et ses ressources naturelles constitue une « question stratégique » eu égard à l’impact environnemental et économique sur la région, a indiqué avant-hier la ministre de l’Aménagement du territoire et de l’Environnement, Dalila Boudjemaâ. Au cours d’une conférence organisée par son ministère sur le thème « La stratégie nationale de la gestion intégrée des zones côtières », en présence d’experts internationaux et de représentants des 14 villes côtières du pays, Mme Boudjemaâ a mis l’accent sur l’importance stratégique du milieu marin et côtier, plus particulièrement du littoral, dans le développement socioéconomique du pays. «D’où la nécessité de préserver ce potentiel, notamment par une gestion intégrée des zones côtières». «Conscient de ces enjeux, le gouvernement a organisé son cadre législatif, réglementaire, institutionnel et organisationnel pour relever le défi de la préservation de ces ressources naturelles marines et côtières », a-t-elle précisé. C’est dans cette optique qu’intervient la stratégie nationale de gestion intégrée des zones côtières (GIZC), qui a fait l’objet de plusieurs ateliers régionaux. Elle sera finalisée après la prise en considération des commentaires et suggestions des différents ateliers, dont la conférence organisée ce lundi à Oran. Pour atteindre les objectifs tracés, en particulier la protection des espèces marines, animales et végétales sur les côtes algériennes, un processus ayant duré deux ans a été engagé avec l’appui de partenaires méditerranéens dans le cadre de la convention de Barcelone.

LG Algérie

Les pays méditerranéens dans le même bateau

Pour ce qui est des partenaires européens, il s’agit du Plan d’action pour la Méditerranée (PAM) et du Centre d’activités régionales pour les actions prioritaires (CAR/PAP), alors que sur le plan national, tous les secteurs concernés directement et indirectement par la GIZC, notamment les ministères, les agences et les organismes techniques spécialisés, les universités ainsi que les associations de protection de l’environnement, y ont contribué. L’objectif étant d’agir rapidement et efficacement pour protéger les écosystèmes marins. Plusieurs orientations stratégiques ont été émises dans le cadre de cette stratégie, en phase de finalisation. On citera la consolidation du cadre juridique, législatif et réglementaire de la protection des zones côtières, en particulier, le renforcement des prérogatives et missions du Commissariat national du littoral, ainsi que l’amélioration de l’efficacité et le renforcement de la gouvernance par la mise en place de bases d’une planification maritime spatiale (PMS) composante-clé de la politique maritime intégrée (PMI). Mme Boudjemaâ a insisté sur la nécessité de maîtriser l’urbanisation, d’aménager les pêcheries algériennes, de développer l’aquaculture littorale et l’agriculture littorale et de valoriser les déchets. Mettre en place un système de veille, d’alerte et de suivi et l’évaluation de la situation des ressources naturelles des zones côtières représente, selon la ministre, « un élément-clé dans cette stratégie ayant pour but principal de protéger l’écosystème marin ». Pour sa part, le coordinateur du Programme des Nations unies pour l’environnement (Pnue) et directeur du Plan d’action pour la Méditerranée (PAM) a indiqué que « l’un des principaux objectifs de l’accompagnement accordé à l’Algérie est d’encourager la mise en œuvre de stratégies nationales de gestion intégrée des zones côtières, conformément au protocole GIZC de la Convention de Barcelone ». « Le projet vise également à améliorer la mise en réseau avec d’autres projets PAC et sera une force motrice pour les autres régions côtières pour y adhérer », a-t-il ajouté. L’Algérie avait signé en 2008 le protocole relatif à la gestion intégrée des zones côtières (GIZC) de la Méditerranée, entrée en vigueur en mars 2011. Ce protocole requiert que « chaque partie renforce ou élabore une stratégie nationale de gestion intégrée des zones côtières ainsi que des plans et programmes côtiers de mise en œuvre conformes au cadre régional commun et dans le respect des objectifs », rappelle-t-on.