Certains pharmaciens sont peu scrupuleux. Ce sont là les premières lectures que l’on peut faire des révélations, plus ou moins fracassantes, du rapport préliminaire établi, à l’issue de leurs premières sorties, par les inspecteurs-contrôleurs en charge de la lutte contre la fraude et la tricherie lambda. Dans la foulée, l’on signale des pharmaciens pris en flagrant délit de commercialisation des médicaments le moins que l’on puisse dire hautement dangereux étant donné que la date de péremption est, dans plusieurs cas, dépassée. Ces inspecteurs, dépêchés, sur le terrain, par la direction régionale du commerce, ont pour mission principale de passer au crible un commerce que l’on a qualifié de métier noble. Or, le contraire s’est produit, compte tenu des constats reposant sur des preuves irréfutables qui ont été établies sur le champ.
Des mesures ont été prises à l’encontre des auteurs de ces forfaits faisant l’objet de poursuites judiciaires décidées par lesdits inspecteurs-contrôleurs. Sur les 30 officines visitées, quatre d’entre elles sont passibles de fermeture et de la suspension des agréments accordés à leurs propriétaires. Les mis en cause exercent dans le chef-lieu abritant la deuxième ville du pays, Oran ville. Il ne s’agit pas là d’un simple fait divers à traiter de manière ponctuelle ou à la légère en infligeant des amendes aux auteurs de ces forfaits. Une telle opération d’inspection, qui se poursuit d’ailleurs, a été décidée suite aux moult réclamations qui ont été formulées par des malades ayant signalé un tel fait.
La commercialisation des produits pharmaceutiques arrivés à péremption est interdite aussi bien par la réglementation en vigueur que par le Code d’éthique et de déontologie régissant la profession. Toute transgression de ces deux lois est passible de lourdes sanctions allant jusqu’au retrait, par le ministère de tutelle, de l’agrément du pharmacien dont la responsabilité est avérée. Les médicaments périmés sont-ils vraiment dangereux pour la santé? Ou est-ce encore une arnaque de l’obsolescence programmée? Des spécialistes, notamment des pharmacologues, ne sont pas trop scrupuleux en soulignant qu’il n’existe aucune étude valable pour juger qu’un médicament périmé est susceptible d’effets secondaires ou nocif pour la santé.
C’est une sorte d’arnaque psychologique visant la dévalorisation de l’image du produit auprès des consommateurs. C’est l’un des représentants d’un laboratoire de stature internationale que la dépréciation ou encore la désuétude est planifiée. Elle consiste à créer un lien en prévoyant à l’avance sa date de désuétude. C’est ainsi que les fabricants conçoivent la durée de vie commerciale des objets. C’est ce que l’on appelle l’obsolescence programmée ou encore le moteur de l’économie moderne. Les mécanismes de cette machine à produire remontent au début du XXe siècle. Le représentant dudit laboratoire dira que «l’obsolescence programmée regroupe l’ensemble des techniques visant à réduire la durée de vie d’un produit afin d’en augmenter le taux de remplacement». Cette demande profitera au producteur ainsi qu’aux concurrents.
La commercialisation des médicaments est accompagnée d’un petit cachet indiquant la date de fabrication et celle de la péremption. C’est donc là une règle à observer vaille que vaille et obligatoirement. C’est à partir de cette petite estampe que l’on peut se rendre compte que le médicament est considéré comme périmé. Cela s’applique également aux aliments et aux boissons, qui ont une date limite de consommation ou une date limite d’utilisation optimale ainsi qu’aux produits cosmétiques, pharmaceutiques et chimiques. Pour les médicaments, cela concorde avec une norme de qualité obligatoire d’où la nécessité de passer au peigne fin les médicaments périmés, et à ne pas les commercialiser dès que la date est dépassée. «Il est très facile de se rendre compte de la gabegie, c’est-à-dire que le médicament vendu est périmé», dira le représentant du laboratoire. Il explique que «le comprimé de la plaquette, contient des taches d’oxydation et de petites taches brunes qui montrent que le médicament a été altéré, donc à ne jamais commercialiser». En un mot, prendre un médicament périmé est souvent toxique, prendre un collyre périmé met en péril la vue du malvoyant. Le sirop sucré périmé est souvent néfaste pour le système métabolique. Au domicile, le spécialiste recommande la conservation des médicaments dans des endroits non humides comme les salles de bain. Comme il préconise leur remise à des spécialistes en vue de leur destruction dans des conditions très précises, reposant souvent sur des normes sanitaires rigoureusement prises en compte.