Il y a quelques années, la plantation de fleurs et d’arbres à Oran était une initiative synonyme d’une visite d’une «VIP». Aujourd’hui, nos responsables se sont lancés le défi, «Oran, le coin de verdure». En réalité, cette verdure ne dure que quelques semaines, avant que les couleurs ne virent au jaune, ou que les arbres soient carrément déracinés, en dépit des sommes colossales dépensées.
A l’image du fiasco de la route de l’aéroport. Pour éviter ces fausses notes à l’avenir, les CFPA préparent actuellement des promotions spécialisées dans la verdure. Des techniciens qui vont étudier la nature du sol et des arbres, avant de procéder à la plantation. En attendant, une entreprise turque, spécialisée dans la réalisation et l’entretien des espaces verts, vient d’être appelée à la rescousse. C’est le signe évident que les entreprises locales sont impuissantes à «végétaliser » de manière satisfaisante nos cités. Cela prouve, donc, qu’en finalité, la création d’une entreprise de réalisation des espaces verts n’était pas la solution la plus appropriée.
Les Turcs préconisent une approche un peu plus logique, basée sur des études pédologiques et climatologiques en premier lieu. Est-ce que cela sera pour autant suffisant ? A priori, non, pour la simple raison que les multiples échecs de « végétalisation » d’El Bahia ne sont pas seulement dus au manque de savoir-faire des services techniques ou à leurs démarches trop incohérentes, pour ne pas dire événementielles, mais surtout à l’absence totale de stratégie verte intégrée à la politique urbaine. Le constat que l’on peut faire à partir des multiples déclarations des gestionnaires, c’est que le « végétal » sert essentiellement à posticher la ville. Ce qui, bien entendu, est totalement « absurde». La verdure dans une ville comme Oran doit d’abord apporter des réponses à ses différentes problématiques. Les jardins, par exemple, doivent participer à la réduction des écoulements des eaux pluviales, tout comme les arbres doivent servir aussi à ventiler les pollutions.
Cette absence de vision reste, selon les professionnels du domaine, la cause de l’échec. Cette situation s’est malheureusement aggravée avec l’extension de la ville, la réduction drastique des espaces verts, la disparition du « Vallon vert » de Ras El Aïn, la mauvaise qualité des plantations réalisées, un entretien désastreux du peu qui reste, l’augmentation du trafic routier et d’autres trafics inavouables, des pollutions et bien d’autres phénomènes, c’est la conséquence d’une absence totale de vision. Les questions qui se posent : quels types de jardins faut-il mettre en place pour répondre aux besoins des citoyens et à l’image de la ville ? Peut-on gérer un parc comme on gère une forêt ou un rond-point ? Voilà donc quelques questions auxquelles il faudrait répondre en priorité, avant de penser à posticher la ville.
Il y a quelques années, dans la grande précipitation événementielle du « Sommet du gaz », Sonatrach avait énormément investit dans l’embellissement du côté jardin de la ville et une armada d’entreprises plus ou moins spécialisées avaient débarqué à Oran. Que reste-t-il de ce « fardage » aujourd’hui ? Rien. Pour les spécialistes qui ont suivi de loin cette campagne de plantation hasardeuse, « cela était prévisible, non pas parce que les espèces n’étaient pas adaptées, mais parce que la préparation du sol ne répondait pas aux normes ».
Et la dernière opération de déracinement des palmiers achetés à coups de milliards est la preuve que le savoir-faire n’est pas oranais. Quant au fameux gazon, il suffit de voir les pelouses implantées à grand frais sur l’esplanade de Sidi M’hamed, dernier-né des jardins de la ville, pour constater l’ampleur des dégâts, après quelques mois d’existence seulement. Pourtant, il y a, à Oran, des pelouses très âgées qui tiennent encore superbement bien la route. Et comme dirait un vieil adage bien de chez nous, « tout ce qui est vert n’est pas herbe ».