ORAN : Ces artistes qui ont tiré leur révérence en 2017

ORAN : Ces artistes qui ont tiré leur révérence en 2017

Plusieurs artistes d’Oran, connus et moins connus, ayant laissé des traces indélébiles dans la scène culturelle nationale, ont tiré leur révérence en 2017 dont le chantre de la chanson oranaise Blaoui Houari, le chanteur populaire Houari Aouinet, l’artiste peintre Abdellah Benmansour et bien d’autres. Avec Ahmed Wahby, Blaoui Houari (1926-2017) est l’un des fondateurs du genre musical oranais moderne qui a fait son apparition dans les années 1940, caractérisé par un langage poétique typiquement oranais. Il a réinventé la musique bédouie, s’inspirant des grands artistes du Monde arabe. En la modernisant, il en a fait un genre à part entière. Multi-instrumentiste, Blaoui jouait du piano, de la guitare, de la mandoline et fut, selon Benkhedda, le premier accordéoniste nord-africain. Il avait enregistré son premier 45 tours au début des années 1940 et était devenu, après le recouvrement de l’Indépendance nationale, le chef d’orchestre de la station régionale d’Oran de la RTA (Radio télévision algérienne). Blaoui Houari a publié une centaine de disques et plus de 900 de ses chansons enregistrées à la RTA y sont conservées. Son répertoire a influencé de nombreux artistes, dont les précurseurs du raï, qui s’est exporté dans le monde entier.

Il a adapté un très grand nombre de textes de chanteurs ou poètes traditionnels oranais, tels que Cheikh Abdelkader Khaldi, auteur du poème Bakhta dont cheb Khaled fera un succès international. L’autre figure artistique, connue et appréciée à Oran, est le chanteur populaire Houari Aouinet, décédé le 28 juillet 2017 à Oran à l’âge de 70 ans des suites d’une longue maladie. Il s’était fait connaître dans les années 1990 à la fois comme chanteur et danseur dans le style maghribi.

Aouinet avait un style bien particulier, rythmé et entraînant, ainsi qu’un look original, avec sa «kachabia», sa «chéchia» et son éternelle sacoche en bandoulière. L’artiste a marqué son époque et la scène artistique oranaise et nationale d’un cachet bien particulier. Au sommet de sa gloire, l’artiste décida de s’expatrier, mais sa carrière s’est arrêtée de manière soudaine. D’autres noms de la chanson oranaise ont tiré leur révérence en 2017, notamment l’ancien chanteur de raï Skander Senhadji, ravi aux siens le 13 février à Oran, à l’âge de 84 ans, ainsi que d’autres artistes, notamment Ahmed Saïdi, musicien et chanteur décédé le 23 juin à Oran à l’âge de 84 ans, Belhadri Belhadri, poète et parolier qui nous a quittés à l’âge de 63 ans et le parolier Tayebi Tayeb. Blaoui Houari et tous ces artistes disparus de la chanson oranaise ont été honorés durant la dernière édition du Festival de la chanson oranaise, en août dernier. Le festival avait alors était dédié au défunt Blaoui Houari. En 2017, Oran a également perdu un grand nom de l’art et de la culture algérienne, l’artiste-peintre Abdellah Benmansour, décédé le 2 décembre dernier à l’âge de 90 ans. Ce doyen des arts plastiques a consacré toute sa vie aux métiers et aux arts. Il a été à la fois un des premiers artistes peintres, un maître du graphisme, de la calligraphie, de la sculpture, de la taille de pierre et un imprimeur. Né en 1929 à Tlemcen, le défunt Benmansour a suivi des études Art Déco à Paris en 1952. Il a été l’un des rares Algériens à ouvrir une galerie d’art «Sésame» à Mostaganem, durant la période coloniale. Sa librairie-galerie, située en plein coeur d’Oran, était un lieu mythique, singulier et chargée d’histoire. Elle présentait des objets d’art et de culture rares, des tableaux, des portraits, des calligraphies et autres. Homme d’une grande modestie et doté d’une vaste culture, autant il était prolixe quand il s’agit d’art et de culture, autant il demeurait discret sur son passé révolutionnaire dans les rangs du FLN, en assurant notamment la conception et l’impression de nombreux tracts et affichettes du Front durant la guerre de Libération nationale.