Qui croirait donc que la deuxième ville du pays abrite un palais géant, transformé par les SDF en un lieu abritant toutes formes de «vices»?
Le Palais des congrès de Haï Sabah n’est pas encore livré. Pour cause, un flagrant retard dans son aménagement est accusé après l’avoir transformé en grand centre culturel. Une telle mesure a été décidée par les hautes autorités représentées par le président de la République lors de l’une de ses visites dans la ville d’Oran ayant jugé inadéquat l’implantation d’un tel palais, bâti dans la cité populaire de Haï Sabah, et dédié, au début, à domicilier des manifestations internationales économiques, artistiques et culturelles. Et depuis, la grande bâtisse est restée un endroit abandonné, diffusant toutes les incertitudes et toutes les inepties ayant marqué la politique de croissance urbaine et le manque de maturation et de coordination entre différentes sphères de décisions intervenant dans le choix des projets, de leur nature et de leur implantation.
Qui croirait donc que la deuxième ville du pays abrite un palais géant, transformé par les SDF en un lieu abritant toutes formes de «vices»? Il s’agit du Palais des congrès situé à Haï Sabah, et voué à l’abandon dès l’achèvement des gros travaux! Sa situation n’est pas différente de celle de plusieurs autres projets «lâchés» sans qu’aucune raison tangible ni encore moins d’explications après avoir englouti plusieurs millions de dinars! Le projet du Palais des congrès a été abandonné après avoir mis en place une grande masse en béton armé avant que la décision ne soit prise dans le cadre de sa transformation en un grand centre de rayonnement artistique, culturel et scientifique de toute la partie ouest du pays.
«Le Palais des congrès est, le moins que l’on puisse dire, devenu un lieu de toutes les malédictions et des turpitudes», a déploré un résident de Haï Sabah qui n’est pas près d’oublier le repêchage du fond d’un puits dudit palais, d’un corps sans vie. Le Palais des rêves est-il devenu le réceptacle abritant toutes les formes de criminalité? Rien n’indique le contraire tant que l’affaire, qui a été déclenchée après la découverte macabre, a abouti à l’arrestation de quatre tueurs présumés qui n’ont trouvé rien de mieux à faire pour dissimuler les traces de leur forfait que de jeter le corps de leur victime dans l’un des puits du palais.
Après le forfait perpétré à l’époque, rien n’a changé des hésitations des autorités qui se sont succédé à la tête d’Oran. Les habitants de Haï Es Sabah ont continué d’alerter au danger vu les agressions enregistrées dans les fondations même de la structure. «Il y a eu même des viols qui ont également été commis dans ce palais des turpitudes», ont affirmé plusieurs habitants de Haï Sabah. La carcasse est transformée en lit de tous les maux et fléaux sociaux.
Les sous-sols du palais sont, pour leur part, devenus de véritables sources de maladies dermiques et respiratoires vu les odeurs qui se dégageaient. En moins de 10 ans, trois walis se sont succédé à la tête de la wilaya d’Oran. Aucun n’a jugé utile d’en finir avec le projet ayant la vocation d’un grand centre culturel. Durant l’exercice de trois walis, le palais est resté tributaire des humeurs alors que son dossier est, semble-t-il, enfoui dans le fin fond des tiroirs. C’est tout comme le cas de l’hôtel Châteauneuf, un autre projet abandonné et livré à toutes sortes de délinquance et de fléaux sociaux depuis la fin des années 1980.
Depuis la mise en fonctionnement du Centre des conventions d’Oran, la masse de béton a été mise en veilleuse vu le manque de vision claire et précise d’un plan de charge général n’évoluant pas malgré le changement des hommes guidant la deuxième capitale du pays. Les actuels responsables locaux n’ont rien trouvé de mieux à faire pour camoufler l’échec de leurs prédécesseurs que de procéder à la transformation de l’hôtel en une antenne administrative rattachée à la commune d’Oran. Un projet devant aboutir à la transformation dudit hôtel a été prévu. Il porte sur deux accès. Le premier sera conçu à partir du jardin de la promenade l’Etang tandis que le second est prévu à partir de la place du 1er-Novembre, ex-place d’Armes. Et depuis, aucun changement notable n’a été apporté. Pis encore, le Châteauneuf a été, sans planification ni étude préalable, implanté sur un site abritant deux joyaux architecturaux historiques qui se sont côtoyés pendant de longs siècles, le palais du bey de style ottoman et le mur espagnol de Rozalcazar.
Un autre projet, et non des moindres, est à la traîne depuis près de 40 ans. Il s’agit de la mosquée Benbadis dont l’assiette de terrain a été décidée dans le quartier cité Djamel. Malgré l’intervention en personne du président de la République en 2008, le projet ne sera pas réceptionné de sitôt vu que les études réalisées n’ont pas pris en compte le volet sismologique.
Mieux vaut tard que jamais, la Grande Mosquée a été tout de même achevée et ouverte aux fidèles après plus de 40 années de tâtonnements. Tant d’autres projets sont en somme à l’arrêt. Cela survient au moment où l’Etat algérien aspire encore à des réalisations grandioses. «Achevons d’abord les oeuvres qu’on a commencées pour voir ce qu’il y a lieu de réaliser», a-t-on déploré. En somme, le Palais des congrès et l’hôtel Châteauneuf, deux gigantesques projets parmi tant d’autres, ont coûté plusieurs milliards de centimes au Trésor public pour financer la mauvaise planification et la vision à la fois limitée et bornée des responsables qui se sont relayés dans la capitale de l’Ouest.