Son nom de «Wahran El-Bahia» est trompeur à plus d’un titre. Pour cause, la ville est subitement divisé en deux pôles : Oran-Est et Oran-Ouest.
Le premier bien entretenu, bichonné, suivi de près par les instances concernées, est considéré comme la vitrine d’El-Bahia, alors que le second est délaissé et abandonné dans son drame de la construction illicite et des bidonvilles. Là n’est pas l’unique paradoxe de cette cité habitée, censée être la seconde capitale du pays.
Sa partie Ouest vit au milieu de dépôts d’ordures, qui, par le temps, se sont transformés en décharges sauvages. Il n’y a qu’à emprunter la route vers Misserghin ou vers Aïn El-Beïda pour faire l’amer constat, ceci d’une part. De l’autre, une partie de la ville est dépourvue d’éclairage public, jusqu’à la sortie du quatrième périphérique, soi la sortie ouest de la ville de Misserghin.
Quant à l’entretien et à la propreté, c’est une autre paire de manches. La zone d’El-Hassi et du Rocher a l’air d’un grand douar. A croire que l’environnement, l’urbanisme, l’écologie, l’hygiène, sont des termes creux et sans signification auprès des élus des deux assemblées populaires locales.
La cité d’El-Hassi, en bordure de la grande avenue, pullule d’individus, qui ont squatté les espaces verts et les chemins de passage de la voie publique non pas pour exposer des produits sains mais tous simplement divers matériaux de construction et des camions à vendre, en plus de l’immobilisation des tracteurs agricoles.
Les habitants trouvent du mal à se frayer un chemin pour accéder chez eux. En hiver en temps de pluie et cela, depuis des années, les arrêts des bus sont dépourvus d’abris ni d’accotement pour pouvoir débarquer ou embarquer les usagers en toute sécurité et sans risque.
Pauvre Oran-Ouest, ses habitants aimeraient avoir une vraie ville. Ses responsables devraient apprendre à mieux la gérer. Du moins, ils veulent s’y mettre. A l’heure de la mondialisation, Wahran se clochardise et on ne souhaite apparemment pas rester à la traîne. «C’est notre ville !» diront des habitants…
Oran-Ouest est gérée sans repères. Le désengagement de la municipalité à une époque a conduit, aujourd’hui, au drame. Depuis les débuts des années soixante-dix, on a laissé pousser les bidonvilles et la construction illicite sans broncher. Aujourd’hui encore apparemment, aucune stratégie alternative n’a été trouvée.
Au printemps passé, la direction des forets, est énergiquement intervenue pour préserver ses sites. En présence des forces de l’ordre, quelques constructions illicites ont été rasées au niveau de la zone dite «Coca». Pour les autres lieux, qui regroupent les constructions illicites, n’y a-t-il pas une loi à respecter ?
La ville d’Oran a été héritée du système colonial, c’est, donc, autant d’espaces, qui ont été conçus pour d’autres avec des références culturelles précises, des statuts et des rôles.
Les problématiques de l’habitat, de l’aménagement du territoire ou de l’urbanisme sont dans le même «couffin» théorique. Le choc entre la ville et la campagne a produit des effets tragiques. C’est sans aucun doute un problème culturel : L’image récurrente du béton (licite et illicite), qui a envahi la région d’Oran, n’est que trop vraie, que trop frappante.
C’est la mort spectaculaire de l’orangeraie, de la vigne, des vergers de Ras El-Aïn et d’Aïn El-Turck, qui ont cédé la place aux tas d’agrégats monstrueux et froids, qu’on affuble du nom de bâtiments. Là aussi, peut-on alors soutenir que, lorsque le bâtiment va, tout va ? Tout va mal, pourront dire certains, en jetant un regard effaré sur des grands ensembles, qui, lentement, ont dévoré et continuent de le faire, des pans entiers de campagne et de terres agricoles.
A.Benbrik