Ces femmes ont été bénéficiaires des attestations médicales leur permettant de mettre en branle la machine judiciaire en affrontant ceux les ayant violentées.
L’agression, dans toutes ses formes est, certes en régression notable ces dernières années à la faveur de plusieurs dispositifs sécuritaires mis en place et mis en oeuvre dans le cadre de la lutte contre la criminalité lambda. Mais, elle est encore loin d’être totalement maîtrisée.
C’est du moins la conclusion que l’on peut tirer du bilan partiel élaboré par les services de la médecine légale près de l’établissement hospitalier du 1er-Novembre. Ce bilan fait état de près d’une centaine de cas d’agressions à l’arme blanche exécutées durant la première quinzaine du mois sacré de Ramadhan. «La majeure partie de ces cas, victimes de coups et blessures volontaires, se sont fait délivrer des certificats médicaux attestant avoir été violentés», a-t-on appris auprès de la même source, expliquant que «les attestations médicales leur permettent de poursuivre devant les instances judiciaires leurs agresseurs». Si la violence ramadhanesque a connu un recul sensible, ce phénomène est toutefois devenu le seul et unique moyen de communication opposant les belligérants qui entament leurs «combats» par des petites rixes verbales avant de passer à l’acte final, souvent marqué par l’utilisation des armes blanches. Ce n’est pas tout.
La violence conjugale dont la victime est souvent la femme est aussi d’actualité, notamment durant ce mois où celle-ci (la femme) joue un grand rôle dans le foyer conjugal, en faisant seule face à tous les aléas du mois sacré à commencer par l’accompagnement des enfants le matin à l’école jusqu’à leur récupération après la sortie des classes, tout en faisant les achats, avant de mettre son tablier dans le but d’affronter la forte chaleur de la cuisine pour ensuite garnir la riche table du Ramadhan. Dans ce chapitre bien précis, la même source est allée jusqu’à dire que la médecine légale a, durant les deux premières semaines de Ramadhan, recensé et traité 15 cas de violences perpétrées contre des femmes. Celles-ci ont, tout comme les autres souffre-douleurs, été victimes des violentes foudres orchestrées à leur encontre par leurs maris.
Elles ont été bénéficiaires des attestations médicales détaillant avec exactitude les signes de violence constatés sur leurs corps. Les médecins agissent de telle sorte en se conformant à la réglementation tout en prêtant à la femme la perche lui permettant de passer à l’action pour que celle-ci puisse mettre en marche la machine judiciaire en affrontant ceux les ayant violentées et qui ne sont autres que les pères de leurs enfants, c’est-à-dire leurs époux. La violence conjugale s’est installée dans les esprits de plus d’un…époux. Elle prend des formes parfois insidieuses et souvent multidimensionnelles. Cependant, il n’est pas toujours évident de reconnaître et encore moins de dénoncer un tel phénomène dans une société qui peine toujours à briser le mur du silence en sautant les verrous et les tabous qui continuent à entourer la société en perte rapide des repères sociaux.
«Tel qu’on nous l’a enseigné, nos aïeux ne tabassaient jamais leurs femmes», dira Abdelhak, un étudiant en sociologie. Bien au contraire, a-t-il ajouté en indiquant que «nos ancêtres vouaient un respect et une considération sans limites à cette tranche de société, jouant un rôle de premier ordre dans l’édification de l’homme ou encore la femme de demain». Hélas. «La défense de la femme actuellement demeure encore un non-lieu, ses droits sont souvent bafoués», a-t-il déploré.
«Dénoncer son mari est un acte de haute trahison tant réprimandé», dira plus d’une personne sondée. Qu’en est-il alors du dépôt de plainte contre cet époux violent? Pour ces concepteurs ou encore des conformistes des pensées à la fois archaïques et révolues, la femme «doit être docile en affichant sa soumission totale à son mari, même si celui-ci est virulent aussi bien verbalement que dans ses gestes». Pourtant, il est primordial de réagir rapidement pour ne pas laisser le mal s’installer et empirer. C’est du moins ce que défendent les animateurs des organisations inscrites dans la défense des droits de l’homme.
Dans la loi algérienne, la femme dispose de droits entiers, lui permettant de riposter à la hauteur de l’événement en recourant à la justice, y déposer plainte pour violence conjugale. Toutefois, cette loi, telle que stipulée dans le Code de la famille de 2005, consacre plusieurs chapitres allant dans le sens de la protection de la femme contre la violence lambda, dont principalement celle perpétrée à son encontre par son époux.
«Globalement, le mari violent encourt de lourdes sanctions». «Les justiciers, en faisant la part des choses, coupent la poire en deux», dira le plus ancien avocat de la région Ouest, Me El Hadj Mustapha Denna, expliquant que «des magistrats, en traitant de telles affaires, atténuent la situation en prenant en compte le foyer conjugal de peur de la dislocation». En somme, si la victime ne juge pas utile de déposer plainte, elle peut toutefois signaler les faits au policier ou au gendarme. La déclaration sera consignée dans une main courante (police) ou un procès-verbal de renseignement judiciaire (gendarmerie). Cette déclaration constitue une trace écrite qui pourra être utilisée ultérieurement dans une plainte ou une procédure devant le juge aux affaires familiales.