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La ville d´Oran sombre dans des problèmes compliqués; ses visiteurs crient à l´arnaque.
C’est l’été de toutes les craintes. D’ailleurs, les premières alertes sont lancées par les services des urgences de l’Etablissement hospitalier universitaire de l’Usto ayant recensé, depuis le mois de juin, une cinquantaine d’intoxications alimentaires. Les victimes sont âgées entre 19 et 50 ans. La majeure partie de ces intoxications a été provoquée par la consommation de produits alimentaires impropres ou encore ne répondant à aucune norme nutritionnelle, dont entre autres les produits laitiers, les conserves, les jus exposés au coup de soleil et autres plats servis dans des gargotes sordides, les fast-foods. Cela se passe alors que la haute saison bat son plein avec l’arrivée en force des juillettistes et l’attente des aoûtiens, d’où l’appréhension de la recrudescence de nombre de coups bas fomentés par des restaurateurs peu scrupuleux qui, comme à leur accoutumée, proposent toutes sortes de plats putréfiés.
Pour l’autre son de cloche, le ton est à l’apaisement des ardeurs en brandissant, dans les bureaux, la carte répressive alors qu’il n’en est presque rien sur le terrain. Sinon comment interpréter le pullulement de ces centaines de tables, proposant différents plats, gâteaux et jus locaux un peu partout dans les coins et recoins des marchés? Du côté officiel, l’on dit que «chacune de nos sorties se termine par l´établissement de dizaines de procès-verbaux et mises en demeure contre les contrevenants et la fermeture des établissements ne se conformant pas aux règles d´hygiène».
Hélas, loin des bureaux, on découvre une tout autre réalité. Ainsi, la ville d´Oran sombre dans des problèmes compliqués; ses habitants et ses visiteurs crient à l´arnaque. Manger un sandwich de kalentica (farine de pois chiches) dans une gargote de Mdina Djedida est synonyme d´intoxication alimentaire; boire un jus au marché de la Bastille peut prolonger la durée de séjour à l´hôpital. Des dizaines de restaurants et fast-foods essaiment un peu partout, renvoyant aux calendes grecques le respect des normes du commerce moderne, dont celui de la qualité, le service et les conditions d´hygiène. En fait, c´est une situation de fait accompli, en toute impunité, qui est imposée.
C’est du moins ce que déplorent des médecins-urgentistes et des spécialistes épidémiologistes regrettant le fait que «les cuisines sont devenues de grands réceptacles où pullulent toutes sortes de bestioles et autres germes vecteurs de pathologies hautement dangereuses». Les salles de restauration ne sont pas à l’abri, tout comme les barbecues et les rôtissoires rouillés dressés aux entrées des restaurants. Ces points de restaurations sont livrés aux poussières et gaz toxiques des véhicules. Pis encore, le personnel, recruté selon la circonstance, les humeurs et la demande, est loin de répondre aux compétences de l´activité. Dans plusieurs fast-foods et gargotes d´Oran, les serveurs portent des tenues repoussantes, essuient les tables en utilisant des chiffons crasseux dégageant des odeurs pouvant repousser les plus insensibles.
Même constat chez les cuisiniers qui portent des blouses non lavées, depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois. En dépit des constats établis par toutes les institutions, ces soi-disant restaurants connaissent toutefois des flux importants de clients. Les anomalies sont les mêmes à relever dans tous les restaurants du pays. «Il est vrai que des restaurants au sens propre du mot existent, mais ces derniers sont rares, sinon inaccessibles, étant donné que les plats qu´ils proposent sont de haute facture», a indiqué un autre client attablé dans un restaurant situé au centre-ville d´Oran. «Les services d´hygiène communaux, sont passés la semaine dernière, et m´ont délivré le certificat de conformité de mon fast-food», a indiqué un restaurateur situé dans le centre-ville d´Oran.
Le chef-lieu d’Oran, tout comme l’ensemble des villes, est transformé, à la faveur de la saison estivale, en un grand centre commercial où s´exercent toutes sortes d´activités. Les touristes, travailleurs, nationaux et étrangers s´attablent plusieurs fois par jour sollicitant les recettes, locales et traditionnelles, d’où les coups «odieux» fomentés par ces restaurateurs s’ingéniant dans l’arnaque à placarder dans les murs de leurs établissements des certificats administratifs délivrés par les institutions officielles faisant foi de la salubrité des lieux. «Tout ce qu´on mange dans les restaurants n´est pas sain, il faut des enquêtes approfondies, ces certificats ornant les murs ne sont que des bouts de papier destinés à attirer le client», dira un spécialiste en épidémiologie déplorant l’absence totale des analyses bactériologiques devant être menées par ces institutions en charge de la protection du consommateur.