L’acte criminel repose sur deux chefs d’inculpation que sont l’inceste et l’abus sexuel.
Des fléaux sociaux gagnent la société algérienne? L’inceste et l’atteinte aux moeurs viennent en tête de liste des faits traités par les services de sécurité des deux institutions nationales que sont la Gendarmerie nationale et la police dont les enquêtes reposent sur des preuves scientifiques. Loin des clichés populiste de la problématique, le phénomène risque de prendre de l’ampleur.
Rien n’indique le contraire tant que les chiffres existent.
Durant l’année en cours, 50 cas ont eu lieu dans la wilaya d’Oran. De ces cas, 20 jeunes femmes ayant fait l’objet d’inceste, se sont retrouvées dans des situations embarrassantes, enceintes de leurs…proches ne sachant plus à quel saint se vouer! Femmes, jeunes femmes, et garçons ont été victimes des incestes perpétrés par leurs proches ayant atteint l’âge de la majorité. Plusieurs cas ont été avérés par les services de la médecine légale suite à des réquisitions opérées par les services de sécurité dans le cadre des enquêtes et investigations effectuées. L’acte incestueux fait-il des ravages dans la société algérienne? Vit-on au rythme de la perte des valeurs sociales proprement algériennes? S’agit-il d’un simple dérapage pouvant être réparé? Difficile de se prononcer encore tant que le fait n’a pas donné lieu à de profondes recherches sociologiques. L’abject forfait est perpétré contre des proches souffrant de maladies mentales et autres. Là il ne s’agit pas d’un autre débat ni encore d’un autre sujet étant donné que l’acte est hautement criminel. Il repose sur deux chefs d’inculpation que sont l’inceste et l’abus sexuel. Cet acte est connu sous le nom de viol.
D’autres cas révélés ont été mis à nu par les services de sécurité lors de leurs différentes enquêtes déclenchées suite à des dénonciations. C’est le cas d’une jeune mère de quatre enfants trompant son mari en son absence. Elle a été surprise en flagrant délit des ébats amoureux dans son domicile conjugal situé dans la commune d’Aïn El Turck. Son «prince charmant» n’est autre que son beau-père, c’est-à-dire le père de son époux. Une autre jeune femme, souffrant de déficience mentale, est tombée enceinte. L’enquête ouverte a abouti à des révélations fracassantes: l’auteur de cette situation n’est autre que le propre frère de la jeune femme qui réside dans la commune d’Es Senia. A Sidi El Bachir, localité située à l’entrée est de la ville d’Oran, un toxicomane n’a rien trouvé de mieux à faire pour assouvir son «désir bestial» que de s’en prendre violemment à sa tante en tentant d’abuser d’elle sexuellement. Dans le quartier populaire de Bouamama, une jeune femme craque sous le charme de l’époux de sa propre soeur. Idem pour ce dernier qui n’a pas tardé lui aussi à sombrer dans l’interdit avant de se livrer aux rêves interdits par toutes lois, divines et humaines. Le phénomène est présent, s’il n’est tout de même pas ancré dans la société algérienne en raison de la chape de plomb qui entoure le sujet. Le mouvement associatif en parle peu.
Le réseau Nada qui a eu l’audace d’aborder le sujet en fin 2013 en faisant exploser le secret gardé par certaines institutions comme «scoop magistral» pendant de longues années. Ce réseau, ayant investi plusieurs créneaux dans ses recherches dans le cadre de la protection de l’enfance, fait état de 700 cas d’incestes enregistrés entre 2010 et fin 2011. En 2012, la Dgsn, en fournissant ses bilans annuels, a donné le chiffre de 12 cas d’inceste. Ce chiffre est, selon les juristes et psychologues, loin de refléter toute la réalité étant donné que le bilan repose exceptionnellement sur des affaires qui ont été traitées. Car, peu de victimes d’inceste osent briser la loi de l’omerta imposée par la société archaïque en dénonçant avoir été abusées sexuellement par leurs propres pères ou encore par leurs propres frères. Le délit d’inceste est violemment réprimé par la loi. Son auteur est passible d’emprisonnement allant de 10 à 20 ans de réclusion criminelle. Là est toute la problématique qui est et restera éternellement posée, du moins en Algerie. Car les auteurs des incestes ont toujours été jugés à huis clos.
«Il est temps de sauter les verrous qui verrouillent le phénomène pour la tenue des procès de ces bourreaux dans des séances publiques», affirme un juriste.