A Oran, l’abattage clandestin est devenu une activité presque comme une autre.
Les localités situées à l’entrée sont-elles infectées par le phénomène de l’abattage clandestin? Rien n’indique le contraire tant que les services en charge de juguler le fléau, appuyés par les éléments de la Gendarmerie nationale, viennent de sévir encore une fois en saisissant une quantité de plus de quatre quintaux de viande avariée. La chair animale en question, devant inonder le marché local, était destinée à sa commercialisation dans les boucheries locales.
La saisie a été opérée au douar Boudjemaâ, sis dans la partie est de la ville d’Oran. Cette saisie n’est pas la première du genre. Elle entre dans le cadre d’une série de mesures prises par la Gendarmerie nationale visant la mise à plat définitive du commerce spécialisé dans l’abattage clandestin.
Ce phénomène, prenant des courbes fulgurantes, est devenu un simple sport de routine. Il est pratiqué à longueur d’année un peu partout dans plusieurs localités situées notamment dans la partie est d’Oran comme le douar Boudjemaâ, Hassi Bounif, Hassi, Okba, Hassi Ameur, etc. La viande provenant des abattoirs clandestins est souvent écoulée dans les boucheries établies dans les grands centres urbains comme Oran ville, Es Senia, Arzew et Bir el Djir, la demande en la matière étant accrue.
Les services en charge de la problématique indiquent que «depuis le début du Ramadhan, de nouveaux étals sauvages ont fait leur apparition dans certains marchés de quartier et, surtout, dans les douars périphériques de la ville d’Oran». Le constat est, de visu, perceptible. Le client ne peine pas dans sa quête de viande à un prix abordable. A Hassi Bounif, la commercialisation de la viande est, contre toute attente, exercée en toute impunité. Plusieurs boutiques ont ouvert leurs portes en proposant des viandes à des tarifs attrayants. Personne n’ignore une telle évidence, encore moins les services municipaux ayant opté pour la loi de l’omerta en ne dévoilant pas l’étendue du phénomène dans les communes qu’ils guident sous le fallacieux prétexte de «laisser les jeunes travailler» tant que l’emploi devient une «denrée rare».
Là est toute la problématique qui reste posée. La viande, proposée au prix de 700 à 800 DA/kg, constitue chez les plus avertis source d’inquiétude, notamment lorsqu’il s’agit de la viande dont la provenance est suspecte. Dans la majeure partie des cas, cette chair provient des abattoirs clandestins échappant au contrôle des services vétérinaires, donc dénués de la moindre condition d’hygiène. Dans d’autres cas, elle est emballée et envoyée dès l’abattage dans des boucheries situées dans les centres urbains. «C’est l’été, la consommation double, idem pour la commande», dira un boucher exerçant légalement dans le marché référentiel de la rue des Aurès, ex-La Bastille. Sur sa lancée, il ajoute que «l’offre n’est pas des moindres, elle double également».
Dans les localités de Hassi Ameur et de Hassi Okba, le consommateur se trouve souvent devant des situations le poussant à faire le plein en rentrant muni de plusieurs kilogrammes de viande, allant des parties nobles jusqu’ aux abats et autres têtes et pieds de mouton. Dans cette commune, les bouchers en la circonstance, font preuve d’ingéniosité en proposant des offres alléchantes. Le client peut être témoin de la qualité de la viande qu’il acquiert. Le boucher le met devant le fait accompli en égorgeant en sa présence le mouton tant vanté par les rabatteurs occupant les alentours des boucheries clandestines. Dans cette opération, le rapport qualité prix fait recette alors que la bête est abattue dans des conditions ne répondant à aucune norme. L’abattage se fait dans la nature et sans aucun contrôle vétérinaire. Les clients, à bord des voitures de marque, ne rechignent pas en faisant le plein avant de casquer et rentrer tous contents d’avoir réalisé une bonne affaire!