ORAN :1200 sidéens abandonnés!

ORAN :1200 sidéens abandonnés!
oran-1200-sideens-abandonnes.jpg

«Plusieurs dizaines de ces patients font de graves crises d’anxiété souvent difficiles à gérer par les psychologues les assistant moralement», dira un psychiatre.

Le sida est perçu comme un mal ou encore un tort social difficile à supporter par…les familles des porteurs du virus. C’est du moins ce que laisse croire le sort réservé à pas moins de 1200 sidéens des différentes wilayas du pays et traités à Oran, qui sont abandonnés totalement à leur triste sort par leurs progénitures versées dans des pré-jugements faisant état que tout sidéen est un dépravé ou encore un débauché. Ces patients lourdement malades, lâchés par leurs familles, se comptent par plusieurs dizaines.

Ils n’ont comme toit les abritant que les box et autres chambres spécifiques des différentes structures sanitaires d’Oran, en premier lieu le service des maladies infectieuses près le centre hospitalo-universitaire d’Oran. Psychologiquement parlant, plusieurs de ces malades sont au plus bas, malgré leur prise en charge médicale et l’assistance morale qui leur sont assurées par les psychologues d’Oran. La sentence de l’abandon qui leur a été infligée par leurs familles est la principale raison de leur abattement sachant que celles-ci ne leur rendent nullement visite. Même pas dans le cadre d’une opportunité occasionnelle. Hommes et femmes continuent de souffrir en silence faisant l’objet de toutes les formes de stigmatisation exprimées à leur encontre aussi bien par la société et plus grave encore par leurs propres parents. «Chez la majorité de ces malades, la plaie est béante tandis que le fossé les séparant de leurs familles et de leurs proches est grand», dira un psychiatre ajoutant que «dans plusieurs cas, plusieurs dizaines de ces patients font des crises d’anxiété difficiles à gérer aussi bien par eux-mêmes que par les psychologues chargés de les assister moralement». Leurs crises s’accentuent davantage à la faveur des soins qui leur sont prodigués par les praticiens de la santé.

«Ces malades ne voient que la mort rôder dans tous les couloirs des structures les abritant», a expliqué le psychiatre. A titre d’exemple, l’extraction d’une dent d’un sidéen nécessite un traitement particulier. Le malade commence à s’agiter dès qu’il s’aperçoit que le dentiste entame les procédures de la stérilisation totale de ses outils et équipements. Et le psychiatre de juger utile de souligner que «vu les gros moyens techniques et les plateaux médicaux exceptionnels à mobiliser par les chirurgiens dentistes, l’extraction d’une molaire chez le sidéen revient au coût de 6000 dinars».

D’autres (dentistes), se comptant sur les doigts d’une seule main, versent brutalement dans le rejet en se cachant derrière le fallacieux prétexte de disette et de pénurie des produits et outils médicamenteux. Là encore, les sidéens, se sentant marginalisés encore plus, se mettent aussitôt dans tous leurs états. C’est dans le but de contrecarrer ces formes de défaillance qu’est venue l’instruction ministérielle de 2012 sommant les médecins et le personnel de la santé de ne verser aucunement dans des discriminations ni encore moins dans la ségrégation quant au traitement des sidéens.

Ladite instruction met l’accent sur la prise en charge du malade en le traitant sans dévoiler son identité ni encore moins la nature de la maladie qu’il porte ni la région dont il est originaire. En ce sens, le département d’Abdelmalek Boudiaf met en garde dans ses courriers réguliers avertissant le personnel médical contre le moindre dérapage pouvant faire l’objet d’une maltraitance perpétrée à l’égard de ces malades. En ce sens, il réserve un traitement particulier en prononçant, dès le cas signalé, de sévères sanctions administratives contre tout praticien manquant à ses obligations dans la prise en charge des malades porteurs du sida. Idem pour le ministère du Travail et de la Sécurité sociale qui s’est mis pleinement de la partie en assurant la couverture sociale entière de ces patients en les répertoriant dans les fichiers des malades chroniques à prendre nécessairement en charge aux frais de l’Etat et des services sociaux. En tout, la prise en charge d’un seul malade revient à l’Etat quelque 600.000 dinars/an.