Opposition, Qu’attendre de la Conférence nationale de transition ?

Opposition, Qu’attendre de la Conférence nationale de transition ?

Les participants à la Conférence nationale de la transition, qui se tiendra cette après-midi à Zéralda, fondent plein d’espoir sur la réussite de l’initiative de la CNLTD.

Outre dépasser les faux clivages qui ont miné jusque-là l’opposition, ils s’engagent à apporter leurs contributions à dégager des minima qui cimenteraient les synergies nécessaires pour la transition démocratique.

Le nombre et la qualité des participants à la conférence préludent du succès de l’initiative, la plus aboutie que l’opposition politique a eu à entreprendre. Surtout aussi que les participants affichent plein d’enthousiasme à être partie prenante dans cette entreprise de renouveau démocratique. Ils ont conscience qu’il faille se montrer consensuels afin d’avancer sur le chemin de la transition. Un chemin qu’ils savent long et assurément semé d’embûches.

Le pouvoir, laissé à ses soliloques, ne restera pas sans manoeuvrer contre cette entreprise dont la finalité est de le contraindre à accepter le changement. Cependant, les entourloupettes dont il a pour habitude d’user afin de gêner l’émancipation de l’opposition, celle démocratique en particulier, risquent de s’avérer cette foisci inopérantes.

Car, en dehors des clientèles du régime, d’aucuns, partis politiques, personnalités, associations et syndicats, ont fini par comprendre qu’il ne faille plus rien attendre de la part d’un pouvoir et d’un régime qui ne se préoccupent que de l’organisation de leur pérennité, souvent au détriment du pays.

Le pouvoir a tellement forcé sur l’autoritarisme qu’il a fini par devenir infréquentable. Même un parti comme le MSP, qui a évolué pendant très longtemps sur le credo de la participation au gouvernement, a fini par se désillusionner.

La reconduction du Président Bouteflika en avril dernier et dans les circonstances auxquelles la chronique politique ne connaît pas d’antécédents a, il faut le dire, accéléré le rapprochement de l’opposition politique. Même les partis qui jadis se regardaient en chiens de faïence jugent à présent de la nécessité de rechercher des opportunités de partenariat autour de fonds politiques communs.

C’est là la proposition phare de la conférence de la CNLTD. Celle-ci devra poser le socle pour une entreprise appelée à connaître de nouveaux développements. Elle n’est pas une fin en soi. Elle sera suivie d’autres autour des consensus qui s’en dégageraient à chaque étape. Il s’agira, à chaque étape du processus, de disqualifier politiquement un peu plus le pouvoir et renforcer en même temps les perspectives du changement. Un changement auquel toute l’opposition, indistinctement des obédiences et des parcours, aspire.

Sofiane Aït Iflis

ME SALAH DABOUZ, PRÉSIDENT DE LA LADDH

«Nous sommes invités à cette conférence qui plaide pour le changement du système politique auquel nous avons, au niveau de la ligue, nous aussi appelé. Un système que nous considérons en pleine crise politique car ne répondant plus aux attentes et aspirations du peuple dans la mesure où le régime veut façonner un peuple à sa mesure.

A partir de là, il y a une rupture totale entre le régime et le peuple et une absence de confiance. Ce qui fait qu’il ne dialogue qu’avec luimême à partir du moment où il choisit lui-même ses interlocuteurs auxquels il dicte même les répliques. Nous avons un grand souhait que cette conférence débouche sur un changement du régime politique pour aller vers un système réellement démocratique qui consacre pleinement la séparation des pouvoirs, avec des élections organisées par une organisation indépendante de l’administration et de toute influence, où tous les droits de l’Homme et les libertés individuelles et collectives sont garantis par des mécanismes, pas comme des slogans contenus dans la Constitution.»

NOUREDDINE BAHBOUH, ANCIEN MINISTRE DE L’AGRICULTURE ET PRÉSIDENT DE L’UFDS

«Je pense que c’est un moment historique puisque c’est pour la première fois que des partis aux programmes différents, voire opposés, se rencontrent pour dénoncer d’une même voix cette dérive dans le pays. C’est surtout une manière de dire que cette opposition a maturé, le pouvoir qui jusque-là, jouait sur les divisions, les manipulations à l’intérieur de cette même opposition.

Il faut qu’il apprenne à composer avec l’opposition, toute l’opposition, de débattre car être opposant, ce n’est pas être anti-algérien. La démocratie, c’est le pouvoir et le contre-pouvoir. A mon avis, le véritable consensus se trouve au sein de l’opposition qui se retrouve autour des grandes lignes qu’elle partage, pas dans les pseudo-consultations menées actuellement.»

KARIM TABOU, DÉPUTÉ ET PROMOTEUR DE L’UDS EN VOIE DE CRÉATION

«L’initiative en elle-même est importante. Je pense que le moment est arrivé pour la classe politique de faire preuve de maturité et de faire oeuvre de pédagogie politique pour transcender tous les faux clivages, bâtir un projet alternatif sérieux et poser les jalons de la construction d’une opposition plurielle unie sur l’essentiel.

Aujourd’hui, le pays a besoin d’une classe politique, d’une société civile organisées et capables de relever les défis de l’avenir. La nécessité historique de faire évoluer le pays vers la démocratie, la bonne gouvernance et le respect des libertés est conditionnée par la mise en place d’une stratégie unifiée des forces politiques. Il est évident que cette initiative ne pourra pas à elle seule dissiper les malentendus et, par conséquent, d’autres initiatives sont nécessaires pour aboutir à la construction de cette alternative.»

MÉZIANE MÉRIANE, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DU SNAPEST

«C’est un honneur de participer à une rencontre de cette envergure à laquelle toutes les personnalités prendront part. Une initiative de ce genre, on en redemande pour sortir du caractère conjoncturel, surtout avec toutes les transformations politico-stratégiques qui caractérisent les scènes régionale et internationale.

Tout le monde est interpellé sans exclusion aucune car il y va de l’avenir de notre pays. Participer n’est pas cautionner car il s’agira pour nous de pouvoir donner notre point de vue, participer à la vie active du pays. Il ne faut pas se voiler la face, en Algérie, nous endurons des blocages sur tous les plans et il est temps d’amorcer un changement pacifique pour la sauvegarde des générations futures.»

ATMANE MAZOUZ, CHARGÉ DE LA COMMUNICATION AU RCD

«L’Algérie fait face à une crise qui menace son présent et son devenir. Le système doit assumer son échec. Il a miné le destin de la nation et a provoqué une faillite intégrale.

Pour une fois dans l’histoire postindépendance de notre pays, une initiative politique salutaire est en construction dans la diversité avec l’adhésion de plusieurs acteurs politiques et sociaux. Cette première conférence est un prélude pour aboutir à une transition démocratique à travers un débat franc et responsable entre les Algériens pour l’instauration d’un ordre politique légitime et démocratique sans exclusion. Le défi est majeur et nécessite un pacte négocié entre toutes forces patriotiques pour l’avènement d’un changement pacifique et organisé et éviter à la nation une désintégration fatale.

Le RCD, qui a considérablement contribué à la préparation de cet évènement et dont la réussite sera celle de toute une nation, participera au même titre que tous les acteurs à ouvrir une nouvelle page de notre histoire qui garantira cohésion, développement et stabilité. L’indépendance de l’Algérie a été confisquée et cette conférence préliminaire est une renaissance des fondements et objectifs de Novembre et de la Soummam pour un nouveau départ.»

ALIOUET LAHLOU, PRÉSIDENT DU MOUVEMENT NATIONAL DES GARDES COMMUNAUX LIBRES

«Nous n’avons pas hésité un instant à répondre à l’invitation qui nous a été faite pour participer à cette conférence nationale sur la transition démocratique. L’occasion pour nous de revenir, encore une fois, sur ce concept de réconciliation nationale. De quelle réconciliation nationale il s’agit quand son préalable, le pardon, a été sciemment évacué ?

Cette conférence est pour nous un premier pas vers la construction de l’Algérie de demain telle que conçue et rêvée par nos valeureux martyrs de la guerre de Libération nationale. Une entreprise laborieuse car le système en place depuis 1962 cherche toujours sa pérennité. Nous avons plus que jamais besoin d’une opposition forte et constructive, une opposition qui doit prendre acte des expériences passées avec les erreurs commises par les uns et les autres à défaut de compromettre les générations futures.»

ZINEDDINE TEBBAL, CHARGÉ DE LA COMMUNICATION AU MSP

«Au MSP, nous pensons que nous avons gagné le pari avant même le déroulement de l’événement. Avec, notamment, l’accord de participation à cette conférence de nombre de personnalités, de chefs de partis et d’acteurs associatifs et syndicaux divers. Un rassemblement qui regroupera les principaux pôles de l’opposition, ce qui n’a pas été fait depuis une bonne vingtaine d’années.

On espère que ce regroupement sera le début pour se rassembler, créer une force capable de faire face au pouvoir à l’effet d’imposer le changement. A notre niveau, nous pensons aussi que le moment est venu pour transcender les divergences et de s’entendre sur un minimum, bannir la culture du zaïmisme.»

Propos recueillis par M. Kebci