Opérations de relogement 2 à 3 familles partagent un même appartement, Retour à la case départ !

Opérations de relogement 2 à 3 familles partagent un même appartement, Retour à la case départ !

Une nouvelle polémique vient d’éclater à Oran avec la reprise des opérations de relogement des familles sinistrées ou vivant dans des immeubles de vieux bâti.

Après le scandale des logements de type F1 réalisés dans les quotas de l’ancien programme social et pour lesquels le président de la République avait mis en garde les responsables locaux quant à éradiquer ce type de logements, voilà que des attributions paradoxales provoquent, encore une fois, la colère des familles.

Dans le souci de faire baisser la tension sur le logement social et satisfaire au maximum les besoins de la wilaya, les autorités locales ont fini par trouver la solution.

Et quelle solution ? Deux, trois, voire même quatre familles, dans un seul logement F4, semble être la nouvelle formule que les pouvoirs publics ont trouvée pour absorber de plus en plus de familles sinistrées et réussir par la suite le programme présidentiel d’éradiquer le problème de logement.

La formule n’a pas tardé à produire ses réactions. Des centaines de familles se sont rassemblées devant les bureaux de l’OPGI pour contester les attributions décevantes, pourtant, ô combien attendues.

Qui a dit qu’il n’y avait plus de F1 ?

«Quand on me donne un appartement F4 pour le partager avec mes parents et mes deux frères mariés, c’est comme si j’avais bénéficié d’un F1″, dénonce B. Farid, 33 ans, bénéficiaire d’un logement à Haï En-Nour. Farid est marié depuis quatre ans, père d’une petite fille de trois ans.

Il vivait avec sa famille dans un appartement à la rue des Aurès (ex-La bastille). Et comme la famille vivait dans la terrasse, le père en a profité pour construire des petites pièces et marier ses enfants dont Farid est le benjamin.

Combien fut grande la joie des membres de la famille quand la commission d’attribution des logements a pris leurs livrets de famille pour leur établir les actes primaires de leurs nouveaux logements. Une joie qui a été éphémère. Une joie qui n’a pas trop durer puisqu’un seul logement a été attribué au nom du père.

Les rêves d’une vie meilleure se sont vite évaporés et les enfants se sont trouvés, encore une fois, dans une pièce, partageant la cuisine et les sanitaires. «Je vis actuellement avec ma femme et ma fille dans une chambre, mes deux frères occupent une chambre chacun et mes parents occupent le salon avec leurs quatre petits-enfants.

Combien de temps ma femme et mes belles-sœurs pourront-elles supporter cette situation ?», s’interroge Farid. Au fait, cette situation est partagée par plusieurs jeunes et plusieurs familles qui ont vu leurs rêves se briser sur le seuil du nouveau logement qu’on leur a attribué. Un logement qui était pourtant censé leur procurer un avenir bien meilleur.

Un autre exemple, celui de la famille Ben Moussa récemment relogée à haï Es-Sabbah après que l’immeuble où elle résidait situé au 66 rue Bouâmama Ali à St-Eugène, eut été fermé. «Nous sommes venus au monde et avons grandi dans cet immeuble menaçant ruine.

Notre rêve était de bénéficier d’un appartement décent dans lequel nous pourrions vivre sans se sentir menacés chaque seconde d’un effondrement. Mes parents ont déposé une demande de logement dans les années 70. Ils sont restés pendant de longues années, attendant ‘rahmat rabi’.

Et, à chaque fois, leur nom ne figurait sur aucune des listes de bénéficiaires de logements», raconte Samir, l’un des membres de la famille Ben Moussa. Et à Samir d’enchaîner: «Nous avons grandi, et le temps que chacun de nous quatre construise sa petite famille est arrivé. Nos moyens ne nous ont pas permis d’acheter ou même de louer des appartements.

Ce qui nous a obligés à construire de petites baraques dans la terrasse de l’immeuble où nous vivions et où nous avions eu des enfants et ‘el-hamdou lillah’». Dans le cadre du programme d’éradication des bâtisses classées «zone rouge», la famille Ben Moussa et vingt autres familles qui vivaient dans cet immeuble étaient concernées par une éventuelle opération de relogement.

En 2008, la première commission d’enquête a visité les lieux pour constater les conditions de vie des familles. Au mois de janvier 2010, une autre commission de la daïra s’est rendue sur les lieux pour arrêter la liste définitive des familles devant bénéficier de logements.

La commission, selon les témoignages des habitants, a validé les noms de l’ensemble des familles habitant l’immeuble et a pris leurs pièces d’identité pour leur établir les actes. «Première surprise: quatorze familles seulement ont bénéficié de logements. Les sept autres ont été exclues, pourtant leurs noms étaient portés sur la liste de la daïra.

Nous n’avons rien compris et personne ne nous a donné des explications. Les exclus ont été jetés dans la rue et l’immeuble a été carrément fermé», ajoute Samir.

La même situation a été vécue par les habitants de l’immeuble 68 situé dans la même rue.

Là, treize familles sur les vingt qui l’occupaient ont bénéficié de logements. Et là aussi, les sept familles restantes ont été exclues pour des raisons inexpliquées. «Deuxième surprise, plus grave celle-là: des familles composées de deux à trois petites familles ont été recasées dans le même logement.

C’est le cas de ma famille: je me suis retrouvé avec mes trois autres frères et mes parents dans un appartement F4 au nom de mon grand frère. Même mon père, un ancien moudjahid, n’a pas eu le droit à un toit», nous raconte Samir d’une voix brisée. «Ils nous ont dit qu’il a déjà bénéficié d’un lot de terrain. C’est vrai mais, depuis le temps, il l’a abandonné car personne n’a les moyens de construire.

Qu’on nous aide à l’exploiter ou qu’on le prenne en contrepartie d’un appartement adéquat», continue notre interlocuteur. En effet, plusieurs situations similaires ont été constatées depuis le lancement des opérations de relogement dont ont bénéficié quelque 4.000 familles.

Le constat est le même: la crise de logement est une bombe à retardement et la politique de fuite en avant qu’appliquent les autorités ne fait que conforter le sentiment de ‘hogra’ chez le citoyen oranais qui se croit étranger chez lui.

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Un autre problème a été soulevé par certaines familles rencontrées. C’est celui de l’emplacement des logements attribués. Des familles ayant résidé durant de longues années dans de grands appartements situés dans des quartiers du centre-ville comme la Bastille, St-Eugène, El-Hamri et Sidi El-Houari, se sont retrouvées dans des F2, dans la périphérie. Pis encore, même si leurs anciens appartements menaçaient ruine, ils étaient actés.

Les bénéficiaires étaient donc propriétaires de leurs anciens logements. Aujourd’hui, ils se trouvent de nouveau, des locataires: ce n’est pas évident pour la majorité des familles. «Moi, je me suis mariée dans un appartement à la Bastille, alors que je n’avais que 16 ans. J’ai passé toute ma vie dans ce vieux quartier. Je n’arrive plus à m’adapter avec le nouvel environnement, ici, à haï En-Nour. Je suis âgée et je n’arrive plus à marcher.

Ayant déménagé malgré moi, je n’arrive même pas à consulter mon médecin qui était juste à deux pas de mon ancienne maison», se plaint El-Hadja Houaria. Même la composition des voisins n’a pas été respecté lors du relogement. Des voisins de longues années se sont retrouvés disséminés dans différents quartiers et différentes cités.

Une situation qui a eu un mauvaise effet sur le psychique des personnes âgées et des enfants.

Rappelons que plus de 22.000 logements sociaux participatifs sont consacrés à la wilaya d’Oran au titre du quinquennat 2010/2014. Malgré les efforts consentis par l’Etat, la demande de logements de ce type est toujours croissante dans la majorité des communes qui, pourtant, ont bénéficié d’un quota de 21.000 unités dans le cadre du précédent quinquennat.

Les services concernés du secteur de l’habitat d’Oran estiment que les quotas de logements LSP postulés sont de 40.000 unités. Ce qui exprime réellement l’engouement suscité pour cette formule par rapport aux autres types d’habitat (promotionnel, social, locatif et rural).

Par ailleurs, on a appris que 103 logements LSP seront distribués dans la commune d’Oued Tlélat vers la fin mars prochain, alors que 108 autres seront attribués dans la commune de Boufatis.

S. Anissa