La tension est montée d’un cran, ces trois derniers jours à Alger. Et pour cause, l’opération de relogement fait beaucoup de mécontents. Des incidents ont été signalés dans certaines communes ou des habitants ont protesté contre leur non relogement pour certains ou à la décision de leur recasement » abusif » pour d’autres.
A la cité Climat de France à Oued Koreich, au centre de la capitale, l’on apprend que des habitants sont sortis dans la rue pour exprimer leur ras-le-bol du retard enregistré pour leur relogement dans des habitations dignes. L’action de protestation a duré jusqu’à une heure avancée de la nuit et la tension persistait durant la journée d’hier.
Dans la commune d’El Biar, l’opération de déménagement et de démolition d’habitations précaires au Val d’Hydra s’est passée sous haute sécurité de crainte d’éventuelle dérapages. Un important cordon de sécurité a été mobilisé à cet effet. Les habitants du quartier concerné par cette opération ont différemment réagi à la décision de la wilaya d’Alger de lancer le projet de restructuration de tout ce quartier, un site précaire en milieu urbain. Les occupants de l’immense bidonville du Val d’Hydra ont accueilli avec joie cette opération de recasement.
Par ailleurs, la colère se lisait amplement sur les visages des propriétaires de maisons et de commerces, construits le long de la route et appelés à être rasés pour les besoins du projet de dédoublement de voie, déclaré d’utilité publique. Pour exprimer leur colère et leur opposition à l’opération de relogement initiée lundi dernier par la wilaya, ils ont accroché plusieurs banderoles sur les façades de leurs maisons où on pouvait lire: « Non au relogement abusif ». « Il y a des citoyens qui ont consacré toute leur vie à construire des habitations et des commerces à coups de milliards.
Du jour au lendemain, on nous demande de quitter les lieux. C’est abusif. Même si le terrain est un bien waqf, pourquoi attendre 40 ans pour se le rappeler ? », s’insurge un jeune du quartier, cité par des médias.
A Douéra, avant-hier, des habitants d’un haouch vivant dans des conditions difficiles ont bloqué la route et exigé de s’entretenir avec le wali de la capitale qui était de passage. Ils lui ont exposé leurs conditions de vie insupportable et ont demandé de bénéficier de logements sociaux. Il est à rappeler que cette opération de relogement a commencé dans la nuit de lundi à mardi derniers et concerne de 1 400 familles habitant des sites précaires, notamment celles occupant les environs du projet du barrage de Douéra.
Cette opération de recasement organisée par la wilaya d’Alger est la 14ème dans le cadre d’une vaste opération d’éradication de l’habitat précaire et pour libérer des terrains où sont programmés des équipements publics. Bien que les autorités publiques affirment , à qui veut les entendre, que le problème de l’habitat précaire et des bidonvilles sera éradiqué avant la fin de l’actuel quinquennat, les habitants, eux, s’impatientent et veulent bénéficier de logements dans les meilleurs délais. D’ailleurs, ce n’est pas la première fois que des opérations de relogement ont connu des actions de rue, voire une réaction violente de la part des citoyens.
M. A. C.