OPÉRA BOUALEM BESSAÏH : Concert-hommage à Chérif Kheddam

OPÉRA BOUALEM BESSAÏH : Concert-hommage à Chérif Kheddam

C’est sous la direction du maestro Mokhtar Boutelidja que de nombreux musiciens viendront reprendre les plus grands titres de Kheddam…

Un concert-hommage à l’immense chanteur kabyle Chérif Kheddam se tiendra le 23 janvier à Alger et ce, dans le cadre du programme annuel de l’opéra Boualem Bessaïh. C’est sous la direction du maestro Mokhtar Boutelidja que de nombreux musiciens viendront reprendre les plus grands titres de Kheddam, dont les incontournables «Nadia» et «Djurdjura». Prévu à partir de 19h, le concert aura lieu le 23 janvier à l’opéra d’Alger. Le prix du ticket est fixé à 500 DA et à acheter à l’opéra, tous les jours, de 10h jusqu’à 17h. Disparu le 23 janvier 2012, Chérif Kheddam est considéré comme l’un des maîtres de la chanson kabyle aux côtés de Slimane Azem et cheikh El Hasnaoui. Né le 1er janvier 1927 à Boumessaoud en Haute Kabylie, Cherif Kheddam est l’aîné de cinq enfants et dont le père était un homme pieux et respecté. Cherif Kheddam appartient à une modeste famille maraboutique affiliée à la confrérie des Rahmania. En 1936, son père décide de l’envoyer à l’école française située à 17 km. Toutefois, les conditions étant dures, il change d’avis et l’envoie chez Cheikh Oubelkacem de la zaouïa des Boudjellil, située en face de Tazmalt, dans la wilaya de Bgayet pour poursuivre l’acquisition de la haute culture lettrée. En 1942, il termine son cursus coranique. A l’âge de 12 ans il débarque à Alger pour travailler comme journalier dans une entreprise de construction à Oued-Smar. Trois années plus tard, suite à une dispute avec son patron, il quitte Oued-Smar. En 1947, Chérif Kheddam quitte l’Algérie pour la France. À son arrivée, il s’établit à Saint-Denis puis à Epinay. De 1947 à 1952, il exerce dans une fonderie et, de 1953 à 1961, dans une entreprise de peinture. Parallèlement à son dur métier, Cherif Kheddam prend des cours de solfège le soir chez des particuliers. C’est donc dans le contexte de l’émigration que Chérif commence à pratiquer la musique et le chant. Sa première chanson Yellis n tmurt iw (Fille de mon pays), est enregistrée sur un disque 78-tours grâce au concours d’un ami français, libraire de profession. La diffusion du disque par la RTF (Radio-Télévision française) lui assura un certain succès. Malgré son premier succès, Chérif kheddam chante dans des conditions toujours difficiles. Il mène deux activités diamétralement opposées: le travail dur de l’ouvrier et la création artistique qu’il tentera de maîtriser pleinement. Chérif Kheddam persévère dans cette voie grâce à l’encouragement de ses amis, en particulier Madame Sauviat, disquaire, spécialisée dans la chanson orientale, qui, ayant remarqué la qualité de cette chanson, le dirigera vers Pathé Marconi qui lui établit un contrat en 1956. Il compose pour Radio Paris, puis pour l’Ortf plusieurs morceaux exécutés par le grand orchestre de la radio sous la direction de Pierre Duvivier. D’autres pièces sont interprétées en 1963 par l’orchestre de l’Opéra comique. Ainsi, sa rencontre avec Ahmed Hachelef, directeur artistique, sera également importante dans la carrière de l’auteur. Les affres de l’exil et de la guerre d’Algérie le poussent au repli sur soi et à la création. De cette situation paradoxale naît l’oeuvre musicale de Chérif qui va se tourner vers une carrière professionnelle. Conscient de l’indigence qui affecte le patrimoine musical enfermé dans une tradition sclérosée, il tente de l’enrichir, de le rénover sans gommer ses caractéristiques.

L’année 1958, Chérif Kheddam composa et enregistra certaines de ses plus belles chansons: Nadia, Djurdjura, Khir Ajellav n’Tmurtiw, entre autres.. En 1963, Chérif Kheddam rentre au pays et prend contact avec la Chaîne 2 de la Radio nationale qui l’engage aussitôt. Il avait animé plusieurs émissions de radio, mais c’est avec Ighennayen Uzekka qu’il sera connu et hautement apprécié pour avoir déniché des talents, conseillé et encouragé les nouveaux venus au monde de la chanson. Il est aussi sollicité comme professionnel dans une commission d’écoute en kabyle et en arabe au sein de l’ex-RTA. C’est grâce à lui que la chorale du lycée Fadhma-N’soumer fut créée. L’idée se propagea aux autres établissements jusqu’à sélectionner plus tard les chorales du lycée Amirouche et du lycée El Khensa, d’où sortira par exemple la célèbre Malika Domrane.

Chérif Kheddam prit sa retraite administrative en 1988. Il est important tout de même de signaler la présence ô combien indispensable dans la vie de Chérif Kheddam, à savoir Nouara, la diva qui l’a accompagné dans un grand nombre de ses chansons. Cherif Kheddam est mort en France d’une longue maladie le 23 janvier 2012 à l’âge de 85 ans. Il a été inhumé, le vendredi, 27 janvier, dans son village natal, Boumessaoud (Tizi Ouzou), en présence de milliers de personnes qui l’ont accompagné à sa dernière demeure. Cherif Kheddam garde un trésor musical inestimable que d’acuns tenteront de revisiter ce 23 janvier à l’opéra d’Alger. Un évènement à ne pas manquer.