S’il y a une personne qui n’a pas perdu son sang-froid et qui a promptement réagi après les incidents dont les joueurs et l’entraîneur des gardiens de but ont été victimes, c’est bien le président de la Fédération algérienne de football, Mohamed Raouraoua. En effet, il a pris tout de suite trois décisions qui montrent bien qu’il maîtrise parfaitement les règlements des matches FIFA.
1re décision
Immobiliser le bus
Sitôt les joueurs descendus du bus, Raouraoua a récupéré les clefs du véhicule et informé le chauffeur que le bus est réquisitionné pour les besoins de l’enquête. Il a bien fait de faire vite, car le chauffeur aurait pu s’en aller avec le bus sans que l’on puisse relever des preuves de l’agression. On mesure plus l’impact de ce geste lorsqu’on saura que le chauffeur a prétendu que ce sont les joueurs algériens qui ont brisé les vitres. Raouraoua a attendu patiemment l’arrivée de l’officier de sécurité de la FIFA qu’il a invité à faire son travail.
2e décision
Appeler les officiels du match et leur faire constater les blessures
Connaissant, en tant que partie prenante du match, les noms des officiels que la FIFA a désignés pour ce match, le président de la FAF a appelés ces derniers pour leur relater les incidents et leur a demandé de venir pour en faire le constat. C’est ainsi que le Suisse Guntner, l’officier de sécurité de la FIFA, s’est présenté ; de même que les commissaires marocain et soudanais. Ils ont rencontré les joueurs blessés, toujours ensanglantés suite aux entailles que leur ont occasionnées les jets de pierres et les éclats de verre, ils ont pris des photos et ont commencé à leur poser les premières questions. Ils ont également pris le soin d’inspecter longuement le bus, de l’extérieur et de l’intérieur, relevant tous les impacts sur la coque et les débris de verre à l’intérieur et à l’extérieur.
3e décision
Dépôt de plainte
S’agissant d’une agression en règle ayant mis la vie d’autrui en danger, Mohamed Raouraoua n’a pas manqué de déposer plainte pour agression caractérisée. Il a montré qu’il n’était pas du genre à se laisser impressionner et qu’il connaissait bien ses droits. Le fait qu’il connaisse très bien Le Caire et les lois du pays, du fait qu’il exerce depuis des années dans le comité exécutif de la CAF dont le siège est dans la capitale égyptienne, lui a facilité les choses. De même, il a pris le soin de réunir toutes les preuves matérielles de l’agression, notamment les enregistrements vidéo disponibles, afin d’en faire des pièces à conviction. Il a également fait en sorte qu’ils soient distribués à une large échelle, afin de prendre à témoin l’opinion publique et prévenir toute tentative égyptienne de maquiller les faits.
Belloumi l’a dit au Buteur
«Raouraoua sera le 12e homme»
Toutes ces mesures, prises rapidement, ont contribué à constituer un dossier solide qui a été remis à l’officier de sécurité de la FIFA. Même si le match a lieu à la date prévue et que la qualification se jouera sur le terrain, les organisateurs égyptiens sont déjà dans une position embarrassante car tenus à ce qu’aucun incident n’émaille le match de ce soir. Il est clair qu’un incident de plus dont serait victime la délégation algérienne aurait de graves conséquences pour la partie égyptienne. Cela nous rappelle ce qu’avait déclaré Lakhdar Belloumi dans les colonnes du Buteur il y a quelques semaines : «Raouraoua sera le douzième homme de l’équipe d’Algérie.» Espérons que son apport et son action ne s’avéreront pas vains ce soir.
Par F. A. S.