On lit de moins en moins et on surfe de plus en plus sur la Toile,La technologie est-elle l’ennemie de la lecture ?

On lit de moins en moins et on surfe de plus en plus sur la Toile,La technologie est-elle l’ennemie de la lecture ?

Si l’arrivée et la libéralisation de l’utilisation d’Internet ont eu des effets non négligeables sur l’évolution de la société, il n’en demeure pas moins que cette situation s’est répercutée de manière négative sur certains aspects du quotidien.

Le plus remarquable des dommages d’Internet est la négligence de la lecture par les étudiants-chercheurs et les élèves. Ces derniers recourent à la Toile pour avoir les informations nécessaires pour différents travaux de recherche. Et comme les sites spécialisés dans différents domaines sont légion, il est devenu aisé de trouver tout ce qu’on a envie de savoir.

Prendre affectueusement un livre et le lire patiemment commence, en effet, à devenir une habitude des temps révolus. Si les apprenants optent pour la facilité, il faut dire aussi que les enseignants ont une grande part de responsabilité dans cette nouvelle tendance, eux qui ne font pas assez d’efforts pour pousser leurs élèves à privilégier la lecture. «Il ne faut pas accuser seulement les apprenants.

Les enseignants doivent punir les étudiants ayant réalisé des travaux de recherche à partir d’Internet. Pourtant, il est simple de faire la différence entre un travail bien documenté et une recherche accomplie au pied levé», se désole Mohamed, ancien directeur d’un établissement d’enseignement secondaire, irrité de voir ses trois enfants recourir excessivement à la Toile. «Je leur ai acheté l’ensemble des ouvrages dont ils ont besoin, mais ils ne font même pas l’effort de les feuilleter ! Et à chaque fois que j’essaye de les convaincre de l’utilité de la lecture, ils me qualifient de démodé», s’énerve notre interlocuteur.

Férus de la Toile, ces jeunes apprenants ne consacrent pas suffisamment de temps pour en tirer les avantages, car ils se connectent, la plupart du temps, à plusieurs sites en même temps. Ils cherchent des informations sur le sujet de recherche, parallèlement à des discussions sur les sites de spécialisation, ce qui se répercute sur l’essentiel. «Il y a des étudiants qui viennent pour effectuer des recherches, mais la plupart d’entre eux ouvrent plusieurs fenêtres à la fois.

Il leur est impossible, alors, de concentrer leurs efforts sur le sujet. Ils se contentent d’enregistrer des documents sur leurs flash-disks et partent», témoigne le gérant d’un cybercafé à Alger.

Garder des connaissances en tête devient, donc, une mission impossible. Le plus important pour les étudiants est d’exposer leur recherche en classe. Retenir les informations est leur dernier souci.

La précipitation ne permet certainement pas à préserver des connaissances, ce qui explique, en partie, la dégradation du niveau intellectuel des étudiants. Mais avec Internet, ils parviennent quand-même à achever leurs études, en réussissant aux examens.

Les grandes lacunes apparaissent lors des entretiens d’embauche où leurs chances de recrutement deviennent pratiquement insignifiantes. Recourir à Internet d’une façon aussi abusive risque ainsi de gâcher l’avenir de la jeune génération…

M.F