Nazim Zouiouéche, qui était ce mardi l’invité de Radio M, juge « positive » la récente réunion d’un conseil interministériel sur l’énergie qui « avait des allures de Conseil National de l’Energie ». Parmi les décisions annoncées « qu’il s’agit maintenant de mettre en pratique », il se félicite spécialement de l’érection du développement des énergies renouvelables au rang de priorité nationale.Des énergies renouvelables, pour lesquelles l’Algérie « dispose d’un potentiel considérable particulièrement dans le domaine du solaire » et un domaine dans lequel, en dépit des programmes ambitieux annoncés depuis 2011, on n’a encore réalisé que de « petites unités ».
Pour assurer le décollage de ce programme, l’ancien PDG de Sonatrach se demande si la « création d’un nouvel opérateur chargé spécifiquement du développement du renouvelable, qui pourrait être dans une première étape rattaché à Sonatrach avant de prendre son autonomie » ne serait pas une option à étudier en raison des contraintes multiples qui pèsent aujourd’hui sur une entreprise comme Sonelgaz.
Economies d’énergies, torchage et prix des carburants
Fidèle à une position qu’il défend depuis de nombreuse années, Nazim Zouiouèche souligne également, dans le sillage des décisions annoncées par le dernier conseil ministériel, la nécessité d’une stratégie nouvelle en matière d’économie d’énergie qui devrait passer, au moins dans une première étape, par la réduction du volume des gaz torchés qu’il estime à « 6 milliards de m3 par an qui partent en fumée alors qu’à la fin des années 90’ on avait presque complètement éliminé le torchage ».
Les économies d’énergie c’est aussi, pour l’ex PDG de Sonatrach, la réduction de notre consommation de carburants qui implique que l’on maintienne la tendance, amorcée par la loi de finance 2016, à « une augmentation régulière, significative et sans à-coups » des prix de l’essence. A propos des carburants, Nazim Zouiouèche ne cache pas sa perplexité en ce qui concerne le maintien du programme annoncé de construction de 3 nouvelles raffineries qui doivent doubler la capacité nationale installée dans ce domaine.
L’ancien patron de Sonatrach s’interroge : Est-ce qu’on ne ferait pas mieux de « commencer par mieux exploiter les raffineries existantes dont les capacités ne sont pas utilisées au maximum » ? Il recommande plutôt, dans la perspective d’une réduction de la croissance de la consommation nationale de carburants, la construction d’« une seule raffinerie, orientée vers l’exportation et installée sur le littoral ».
« On a perdu énormément de temps »
L’augmentation des volumes de production, également recommandé par le dernier Conseil sur l’énergie, est-elle une parade possible pour maintenir le niveau de nos revenus pétroliers ? L’expert algérien souligne que « notre production d’hydrocarbures diminue de 4 à 5% par an depuis 2007 ». « On a négligé l’amont pétrolier en Algérie » estime Nazim Zouiouéche.
Les potentialités des gisements du Sud Ouest algérien qui « pourraient permettre une production de 12 milliards de m3 par an, sont connues depuis 2006 et on parle maintenant d’une entrée en production en 2018. On a perdu énormément de temps ».
Nazim Zouiouèche plaide en faveur d’une « réponse multiple » face aux défis rencontrés aujourd’hui par le secteur de l’énergie. Elle passe selon lui d’abord par une meilleure exploitation des gisements anciens qui représenteront encore pour longtemps la marge de manoeuvre la plus importante pour le secteur. « On a des gisements comme celui de Hassi Messaoud qui doivent faire l’objet d’un traitement particulier. Hassi Messaoud, ce sont des réserves de 50 milliards de barils avec un taux de récupération de 27 % ; en augmentant ce taux de seulement 1% on pourrait récupérer une production correspondant à la découverte d’un grand gisement ».
Les contrats de gré à gré : une décision souveraine
L’ancien patron de Sonatrach est également convaincu qu’une « démarche plus percutante » à travers l’intensification de l’effort d’exploration de Sonatrach et de ses partenaires peut encore réserver de bonnes surprises. L’annonce récente de la conclusion de contrats de gré à gré est pour Nazim Zouiouèche une « décision souveraine » qui peut favoriser aussi bien l’exploration que le développement de certains gisements.
Dans ces différents domaines, l’Etat dispose selon l’ancien patron de Sonatrach de « contrats- types » adaptés à chaque contexte particulier. Le partenariat peut apporter dans les conditions financières actuelles qui sont plus tendues pour la compagnie nationale « les moyens financiers ainsi que l’expertise technique et managériale ».