OMC : Abdelaziz Bouteflika a perdu 15 ans et possiblement l’Algérie

OMC : Abdelaziz Bouteflika a perdu 15 ans et possiblement l’Algérie

La corruption au sein de l’actuel gouvernement est un important frein à son adhésion à l’OMC et pèse lourdement sur le futur de son pays.

Le ministre du Commerce, Bakhti Belaïb, a fait une grande révélation quand il est retourné il y a quelques jours à ce poste qu’il a occupé entre 1996 et 1999.



Alors que l’économie algérienne est partie en vrille, plombée par le prix du baril de pétrole, on apprend que le dossier de l’adhésion à l’Organisation mondiale du Commerce (OMC) n’a pas évolué de manière remarquable pendant tout le temps ou Abdelaziz Bouteflika a été au pouvoir. Le ministre du Commerce montrait par ses propos l’échec du président qui avait promis de diversifier l’économie de son pays dès son entrée en fonction.

C’est en raison de la corruption de ses dirigeants que l’Algérie ne s’est pas intégrée à cet organisme qui régit les relations commerciales entre 161 pays qui représentent 97 % du commerce mondial. Le gouvernement a fait depuis longtemps un comparatif entre le coût de la non-adhésion et celui de l’adhésion. Mais pour nourrir les intérêts des clans au pouvoir plusieurs textes importants en vigueur au pays ne sont pas conformes aux règles de l’OMC. C’est la peur de perdre cette mainmise mafieuse sur l’économie qui lui a fait rejeter ce type d’entente qui l’obligerait à créer des conditions égales entre tous les entrepreneurs, qu’ils soient amis ou ennemis de ces clans.

Aux termes des Accords de l’OMC, les pays ne peuvent pas établir de discrimination entre leurs partenaires commerciaux. Ils insistent de plus sur l’ouverture du marché des services énergétiques à la concurrence. Cela concerne toutes les activités, de l’exploration jusqu’à la consommation, incluant la production et le transport.

Si les dirigeants algériens veulent accorder une faveur spéciale à un ami du pouvoir, ils devront le faire pour tous les autres membres de l’OMC. À ce titre, la demande de suppression de la mesure des 51/49 % représente une réelle problématique pour les dirigeants algériens. C’est que sous prétexte de contrôle national, cette mesure oblige les entreprises étrangères qui veulent venir faire des affaires en Algérie à s’associer à des amis du régime.

Plusieurs des normes que met en avant l’OMC auraient pourtant pour effet d’améliorer la qualité de vie des Algériens. L’organisme considère l’environnement comme un bien collectif et vise la préservation des équilibres écologiques.

L’Algérie devrait s’engager à mettre progressivement en œuvre les recommandations des chartes sur l’énergie et l’environnement. Certaines autres règles obligent l’application de règles sanitaires et phytosanitaires pour protéger la santé humaine et animale. Le gouvernement algérien aurait aussi l’obligation d’observer les règles de protection de l’environnement.

En ce qui concerne le côté négatif, l’Algérie devrait aussi supprimer certains droits de douanes et des taxes sur plusieurs produits industriels. Les industries algériennes protégées verraient la suppression des obstacles tarifaires et non tarifaires qui les favorisent. Une période de transition serait cependant négociée pour éliminer les discriminations en ce qui concerne les conditions d’approvisionnement et de commercialisation des marchandises entre les ressortissants des Etats membres.

Même avec une économie qui a perdu la moitié de ses revenus le gouvernement préfère donc conserver sa mainmise sur les finances nationales plutôt que de s’intégrer à l’OMC. Il n’aura peut-être pas le choix. Des pays aussi opposés au libre marché que l’étaient la Russie et la Chine ont dû adhérer à l’OMC pour pouvoir faire du commerce international et faire croître leur économie.

La diminution du prix du baril de pétrole oblige l’Algérie à une diversification de ses sources de revenues et augmente le coût social et national de la non-adhésion à cet organisme qui régit la presque totalité des échanges commerciaux mondiaux. Alors qu’il aurait pu insérer son pays dans l’OMC il y a quelques années quand il avait un vrai pouvoir de négociation avec une rente pétrolière forte pour l’aider, Abdelaziz Bouteflika se voit devant l’obligation de le faire pendant qu’il a perdu une bonne partie de ses revenus et qu’il a le dos au mur. Il lui faudra faire d’importants changements en peu de temps pour mettre l’économie algérienne en conformité avec les standards internationaux dans le cadre de l’accession à l’OMC.

C’est la survie économique de l’Algérie qui est en jeu dans ces négociations avec l’OMC. Il est donc très tard pour tenter d’éduquer les Algériens aux exigences du commerce mondial.

La pression économique qu’ils subiront risque d’être impressionnante au cours des prochaines années. Aux exigences de l’OMC de couper les subventions non conformes au commerce mondial s’ajouteront la corruption générale du système et la politique d’austérité et de rigueur obligée par la fonte des revenus pétroliers. Par contre, du côté positif, en plus de la protection des consommateurs, la mise à niveau du cadre réglementaire du commerce devrait permettre une meilleure compétitivité des entreprises algériennes et de leurs produits sur les marchés internationaux.