Pour Omar Ramdane, Khalifa été monté à dessein
Le président d’honneur du Forum des Chefs d’Entreprise, Omar Ramdane, a critiqué vertement le «retour en arrière «de la politique économique des autorités : création d’entreprises, licence d’importation, entraves bureaucratiques, exclusion du privé national du secteur bancaire… Les étudiants de l’Institut du développement des ressources humaines (IDRH,) à Oran, ont profité des tonalités nouvelles que le contexte politique permet d’entendre.
«Aucun pays au monde n’a ouvert son marché avant de consolider ses entreprises et son industrie, malheureusement, chez nous, on a fait le contraire », c’est l’une des déclarations faite jeudi par Omar Ramdane, PDG de Modern Ceramics, Président d’honneur du FCE (forum des chefs d’entreprises) dans le cadre d’un cycle de conférence organisé par l’IDRH Oran sous le thème de :»Entreprendre en Algérie : l’expérience d’un leader».
Après avoir relaté son expérience de manager et de chef d’entreprise, Omar Ramdane s’est longuement attardé sur les problèmes liés à la régulation et au développement économique en Algérie. Il a évoqué la désindustrialisation»intempestive «du pays, de l’emprise de l’informel, de la rareté du foncier et de la bureaucratie qui sévit sur les structures censées épauler l’entreprise. «Je ne connais aucun pays au monde qui a été développé par les étrangers ? Ce sont les nationaux qui le font », a-t-il déclaré, allusion au secteur de la PME, moteur incontestable de toute économie, qui accuse un retard en Algérie selon les chiffres comparatifs qu’il a proposé à l’assistance.
« En Algérie dira-t-il, il y a 350 000 PME soit une PME pour 100 habitants, en Tunisie 450 000 (1/32), au Maroc 950 000 (1/35), en Espagne 1 500 000 (1/18) et enfin en Italie 3 800 000 (1/15 »). Pour Omar Ramdane, le code des investissements de 1967 de Kaïd Ahmed est de loin le meilleur car»il a permis la mise en place d’un véritable tissu industriel performant notamment dans le textile et le cuir.»Malheureusement dira-t-il :»Au niveau du pouvoir, on nous regarde comme des parasites. Comme si, ils sont les détenteurs du nationalisme et nous non.»Sur ce registre, l’orateur rappellera le propos méprisant d’un ministre de la république au sujet de l’autoroute est-ouest:»Nous réalisons le projet du siècle en quatre ans, si nous l’avions confié aux entreprises nationales, il se réalisera en un siècle.»Un discours qui écœure Omar Ramdane qui souligne que l’Inde a réalisé par des entreprises indiennes, une autoroute de 12 000 km traversant l’inde du sud au nord en 600 jours ouvrables. « Aujourd’hui, c’est plus grave, on revient sur certains acquis et on réinstaure les licences d’importations pour n’importe quel équipement ou on surtaxe à 5% »
L’absence de banque privée algérienne, inconcevable
Le premier président du FCE, a évoqué les entraves bureaucratiques qui constituent de véritables freins à toute création d’entreprise et s’est dit»favorable à une forme de régionalisation «qui «ne remet en aucun cas les fondements ni l’intégrité de la nation. Pour lui, il n’est plus permis de rester dans les anciens schémas dépassés et sclérosés.»A propos de l’absence d’opérateurs privés dans le secteur bancaire, Omar Ramdane a sa propre analyse :»l’affaire Khalifa a été monté à dessein. On a accordé»des agréments à des escrocs. Il est inconcevable qu’il n’y ait aucune banque privée algérienne.». M. Omar Ramdane s’est dit, à priori, satisfait de l’annonce de la dépénalisation de l’acte de gestion qu’il a qualifiée «d’avancée notable». Mais, il reste à voir sa concrétisation sur le terrain, ajoutera-t-il.
Un jeune entrepreneur las de faire face quotidiennement aux blocages bureaucratiques de l’administration, interpelle l’orateur :»me conseillerez-vous de marcher le 12 février 2011 ou de tout laisser tomber et de prendre mes enfants et de quitter le pays ? ». Réponse de Omar Ramdane, : «Tout ce que je peux vous dire, c’est que la ténacité est payante.»