Omar Boudaoud, le militant et le combattant de la lutte de libération, celui qui fut membre du PPA, désigné responsable
de l’Organisation spéciale (OS), responsable de la Fédération de France du FLN et membre du Conseil national
de la Révolution algérienne (CNRA) jusqu’à l’indépendance, a fait l’objet hier d’un hommage plein de fraternité militante, de la part de ses compagnons de lutte, de personnalités politiques, de moudjahidine et de citoyens, venus partager avec lui une halte où l’histoire, la mémoire et la reconnaissance à tous ceux qui eurent à répondre à l’appel du devoir national étaient à l’honneur.
Cet hommage fervent et sincère, rendu à une des figures les plus engagées dans la lutte de libération, à une des chevilles ouvrières de la Fédération de France du FLN, s’inscrit dans le cadre des festivités du cinquantenaire de l’indépendance, et du premier forum de la mémoire, organisé par l’Association Machaâl Echahid. Le ministre des Moudjahidine, M. Mohamed Cherif Ab-bas, était présent à la cérémonie.
M. Allal Etaâlibi, ancien responsable de la Fédération du FLN au Maroc et en Tunisie, fut le premier à prendre la parole en disant combien il était honoré d’avoir à côtoyer Omar Boudaoud, de partager en commun des convictions militantes, des positions et des opinions politiques. L’occasion lui a été offerte de rappeler le travail d’organisation, de mobilisation de nos compatriotes au Maghreb. Il a indiqué que les Maghrébins voulaient aider la Révolution. Le Maghreb était une base arrière avec des combattants du PPA et de l’OS.
L’orateur a mis l’accent sur les qualités d’Omar Boudaoud. Il avait dans sa démarche une fermeté, une résolution, une sincérité et une efficacité notoirement reconnues.
«Abane Ramdane a consenti au choix que je lui ai proposé d’envoyer Omar Boudaoud afin d’organiser la lutte sur le sol français», a-t-il déclaré, ajoutant qu’il avait siégé, avec lui, au CNRA.
Le commandant Lakhdar Bouregaa, autre intervenant, a dit qu’il y avait pendant la Révolution, des militants convaincus malgré l’absence de moyens, mais ils luttaient avec une énorme foi, et Omar Boudaoud fait partie de cette catégorie de moudjahidine qui ont fait preu-ve d’une détermination qui a mis en échec les stratèges français. Il a reconnu que le déclenchement de la lutte en France a permis aux combattants de l’intérieur de souffler.
Réda Malek est revenu sur les qualités d’Omar Boudaoud, militant, responsable avisé et patriote. «La Révolution algérienne ne pouvait pas triompher sans des combattants de sa trempe. Il avait suffisamment d’intelligence tactique, de détermination et de sens de l’organisation pour mener un combat qui était loin d’être facile. Omar Boudaoud ne marchandait pas. Il avait énormément de crédibilité pour convaincre les Algériens de France sur la justesse du combat libérateur.
C’était un interlocuteur de grande envergure pour entraîner les Français qui étaient acquis à notre lutte. Il fallait une grande dose de persuasion, de conviction révolutionnaire pour gagner à notre cause Francis Jeanson et son réseau de soutien à la Révolution».
Réda Malek s’est saisi de l’occasion pour témoigner un grand élan de reconnaissance aux progressistes français pour leur lutte aux côtés des Algériens, en leur aménageant des refuges, des finances, une logistique de soutien agissant. Omar Boudaoud est de ceux qui les ont convaincus de nous rejoindre. Réda Malek a salué le rôle de la Fédération de France et d’Europe pour sa contribution au combat, à l’émergence de la Révolution sur la scène internationale.
Omar Boudaoud, poursuit Réda Malek,était un révolutionnaire moderne avec tout ce que cela peut signifier comme ancrage immédiat sur les exigences et les obligations de l’époque.
Il savait être ferme et imposer la discipline draconienne indispensable dans un contexte de lutte implacable. Il était moderne dans sa vision, et le rapport transmis par la Fédération de France au CNRA de Tripoli en fait foi.
Mme Bouaziz, une militante de la Fédération, a saisi l’occasion pour évoquer la femme dans la lutte de libération au sein de l’émigration en France. Elle a salué son combat, son abnégation et sa disponibilité permanente dans toutes les circonstances, dans les opérations militaires, les grandes manifestations de masse d’octobre 1961, de novembre 1961, devant les prisons françaises pour soutenir les combattants algériens incarcérés dans les geôles de l’ennemi.
Leur motivation était dictée par le rejet du statut colonial, la volonté de liberté, le recouvrement de notre indépendance totale.
Ali Haroun a rendu hommage à Omar Boudaoud. Il a fait un exposé sur les raisons de l’implantation de la fameuse 7e Wilaya en France.
« Quand Omar Boudaoud est arrivé en France, il lui fallait surtout mettre en place le «Nidham», dans un sens pyramidal, clandestin et hermétiquement cloisonné, être capable de rassembler les combattants.
Il lui fallait organiser efficacement le régime des cotisations, installer une rigueur sans faille parmi les militants, renforcer les rangs du FLN de France. Il a réussi dans sa mission car la Fédération a pu rassembler des sommes d’argent qui ont garanti l’autonomie financière du CCE et du GPRA à raison de 80% des finances des instances de la Révolution. Il a pu faire un travail de mobilisation de l’opinion publique française et internationale, recueillir l’adhésion des intellectuels progressistes.
Le déclenchement de la lutte armée en France a commencé le 25 août 1958 avec les opérations militaires, ce combat fut efficace car, au CNRA de Tripoli, la Fédération a pu obtenir 5 sièges.
«En rendant hommage à Omar Boudaoud, c’est tous les militants de l’émigration que nous saluons, dont nous reconnaissons l’apport incontestable à la révolution», a souligné Ali Haroun.
Omar Boudaoud a pris symboliquement la parole pour dire combien il se sent honoré par de tels témoignages. Il rappelle le con-texte de l’époque avec des militants de différentes obédiences politiques qu’il fallait structurer, organiser, armer et intégrer dans un combat où l’engagement total, la rectitude morale et la discipline, une justice révolutionnaire intransigeante, sont des facteurs vitaux pour le triomphe de la Révolution.
Il était clair que pendant la grève des huit jours, le peuple et les militants ont compris que c’était le FLN qui menait le combat.
«Je voudrais dire que notre combat n’était pas engagé contre le peuple de France mais contre le pouvoir français», a-t-il déclaré, notant au passage une parole du regretté Abane Ramdane qui disait que pour parvenir à triompher, il fallait que le sang coule aux Champs-Elysées. Ce qui fut fait.
«Notre Révolution est juste. On n’a jamais porté nos armes contre le peuple français même si on avait la capacité de l’agresser avec nos armes et nos grenades. Les colonialistes menaient en revanche une guerre d’élimination contre notre peuple».
M. Bouraib