L’éradication des marchés informels au niveau de la capitale est mission impossible. Depuis l’annonce en grande pompe de cette décision, les marchands exerçant cette activité sont méfiants et menacent de recourir à la violence si les autorités concernées persistent dans leur décision.
Le grand « plan de nettoyage », de la capitale qui devra être exécuté juste après la célébration de la fête de l’Aïd El-Fitr par les pouvoirs publics ne tient pas la route. Dans certains quartiers les opérations visant à éradiquer les marchés informels ont tout simplement échoué. Alors que dans d’autres, l’opération n’a pas encore débuté.
Pour mener à bon port l’opération d’éradication de l’informel, les pouvoirs publics ont mobilisé un dispositif sécuritaire renforcé sur les lieux pour éviter que ces derniers ne reviennent à la charge. Mais C’est le chat et la souris entre la police et ces commerçants. En effet, les commerçants informels de Bab El Oued et de la place des Martyrs, délogés par la police après l’Aïd, finissent souvent par revenir à leurs commerces.
Dès que les policiers se présentent, les vendeurs à la sauvette prennent fuite. Équipés de leurs sacs remplis, ils se cachent derrière les véhicules stationnés pour proposer leurs produits ou risquent carrément d’étaler des tables de fortune pour proposer leurs pacotilles. Un jeune commerçant à la sauvette rencontré sur les lieux, nous a confié que les commerçants activant au niveau des marchés informels sont impossibles à déloger des sites où ils érigent leurs baraques.
« Si les autorités locales insisteront sur cette opération soi-disant de nettoyage de la capitale du commerce informel, ces jeunes vont réagir autrement. Ils sont calmes pour le moment, parce qu’ils savent qu’ils avaient l’habitude à ce jeu avec la police. Mais dès que les choses deviennent réelles, croyez- moi, des émeutes vont éclater ».
Un autre jeune vendeur à la sauvette croisé à la place des Martyrs, croit dur comme fer que l’État ne réussira jamais à déloger tout ce beau monde. « L’État à trop tardé pour mettre à exécution cette décision.
De nos jours, le commerce informel est devenu le gague pain de plusieurs de ces jeunes chômeurs ainsi que de nombreuses familles, le pire est à craindre surtout que ces personnes ne bénéficient d’aucune source de revenu».
Par ailleurs, dans certains quartiers de la capitale, à l’image de ceux de Belcourt, l’activité informelle a été suspendue pour ne pas dire éradiquée, depuis quelques jours. Mais le fait le plus marquant, c’est que leurs tables sont vides mais bien présentes sur les trottoirs et leurs occupants attendent que le calme règne pour reprendre leur activité.
Approchés, les jeunes commerçants rencontrés à Belcourt sont confiants que l’éradication de ces commerces est une chose incertaine voire impossible. À Belcourt, le cas est différent. Les commerçants informels ont décidé d’arrêter cette activité au moins pour un certain moment, par peur d’un soulèvement populaire, suite aux derniers incidents qui ont coûtés la vie à un garçon de 14 ans ainsi qu’à une femme enceinte qui a perdu son bébé sur le champ.
Sinon, ces jeunes sont convaincus que l’informel est impossible à être éradiqué en Algérie. « Tant que ces tables sont présentes sur les trottoirs rien n’est fait. La procédure d’éradication de ce marché est une chose impossible, à Belcourt, la situation d’éradication est momentanée, ces commerçants sont patients à cause des derniers incidents, sinon, la peur d’un soulèvement de ces derniers n’est pas à écarter dans les jours à venir. Passé l’Aïd, ces marchands sont toujours là.
Les autorités locales peinent à mettre fin à la prolifération des marchés informels au niveau de la capitale. À la première semaine de l’exécution de cette opération d’assainissement de la capitale du commerce informel, la colère de ces vendeurs illégaux commence à se manifester.
Les premiers résultats sont là. Avant-hier, un policier à été poignardé dans le quartier El Kettani, à Bab El Oued. Cet acte de violence n’est qu’un avant goût de ce que ces gens-là sont capables si les autorités concernées persistent dans leur décision. Les pouvoirs publics tentent aujourd’hui d’apporter des solutions non étudiées à la prolifération anarchique du commerce informel.
L’informel a pris ses racines dans la société, depuis les choses ont empiré. Le plus frappant est qu’à chaque fois que les services de police tentent de déloger les commerçants informels, des émeutes éclatent, et des scènes de violence et d’immolation par le feu se multiplient. Pour rappel, les mêmes services avaient parlés d’une opération similaire qui a échoué. Puisque l’informel est revenu et a pris racine dans la société.
Louisa Ait Ramdane