«Offre» de Mohammed VI: Alger prend ses distances !

«Offre» de Mohammed VI: Alger prend ses distances !

Alger a pris tout son temps pour répondre à «l’offre» de Mohammed VI, mais cette réponse est venue comme porter l’estocade à un projet maintes fois qualifié de manœuvrier.

Dans un communiqué émanant du ministère des Affaires étrangères, l’Algérie annonce avoir officiellement saisi le secrétaire général de l’Union du Maghreb arabe (UMA) afin de lui demander d’organiser «dans les délais les plus rapprochés une réunion du Conseil des ministres des MAE» et informe que cette demande a été portée à la connaissance de ces derniers.

La même source explique que «cette initiative s’inscrit en droite ligne de la conviction maintes fois exprimée par l’Algérie de la nécessité de la relance de l’édification de l’ensemble maghrébin et de la réactivation de ses instances. Elle intervient aussi dans le prolongement des conclusions du dernier sommet extraordinaire de l’Union africaine (UA) sur les réformes institutionnelles de l’organisation continentale». «La relance de la réunion du Conseil des ministres, à l’initiative de l’Algérie, est de nature à introduire un effet catalyseur susceptible de redynamiser les activités des autres organes de l’Union du Maghreb arabe», conclut le texte.

La réponse ne souffre aucune ambiguïté et peut être décryptée comme suit : quel besoin avait le Maroc d’appeler à la mise en place de mécanismes destinés à régler les différends entre les deux pays en vue de laisser la région progresser de manière normale ? Pour Alger, c’est aussi une façon très explicite de dire que les cadres de concertation existent déjà, ce qui ne nécessite pas le besoin de mettre en place des organismes parallèles, mais aussi de rappeler que le cadre principal, à savoir l’UMA, est dans l’incapacité de se redéployer en raison des entraves marocaines.

Créée en 1989, l’organisation maghrébine n’a jamais pu démarrer réellement ses travaux, le Maroc ayant toujours posé le règlement du dossier du Sahara Occidental comme préalable à toute discussion. En 2003, le Président Bouteflika avait même tenté le tout pour le tout en tentant d’organiser à Alger une «rencontre d’Etat et non des chefs d’Etat» mais les MAE arabes, alors en réunion à Alger, avaient décidé de «reporter» une nouvelle fois un sommet de l’UMA.

En 2005, la partie algérienne avait entrepris une nouvelle tentative, mais Mohammed VI avait annulé son déplacement empêchant ainsi une troisième fois (depuis 2002) la tenue de la réunion maghrébine. Cette volte-face avait fait dire au ministre mauritanien des Affaires étrangères de l’époque qu’il était désormais «préférable d’attendre que les idées mûrissent et qu’une réunion sans problème puisse se tenir».

De manière très diplomatique, Alger explique donc dans ce communiqué que «l’offre» faite à l’occasion de l’anniversaire de la marche verte n’est rien de plus qu’une nouvelle manœuvre visant à incriminer l’Algérie et à ternir son image.

La sortie du roi est d’ailleurs intervenue au moment où celui-ci fait preuve d’un déchaînement sans pareil contre l’Algérie qu’il veut pousser à accepter de se transformer en partenaire essentiel dans le dossier du Sahara Occidental. Pour ce, Mohammed VI a adressé une lettre virulente au secrétaire général de l’ONU et instruit son représentant permanent auprès des Nations-Unies de mener une offensive pour inverser les rôles et sensibiliser la communauté internationale. Pour accentuer la pression sur Alger, les pays du Golfe ont immédiatement réagi aux propos de leur allié en saluant la proposition du roi et la présentant comme une chance d’avancer. La France sur laquelle Mohammed VI s’appuie également dans sa politique coloniale a très vite fait montre de son «grand intérêt» manifesté par son MAE Jean-Yves Le Drian.

Evoquant la nécessité de maintenir la stabilité régionale, les Nations-Unies et même les Pays-Bas (en dernier lieu) ont applaudi «l’initiative». Et tous attendaient naturellement la réponse officielle d’Alger. Cette dernière est venue comme ils ne l’attendaient pas. A Rabat de réagir à son tour…

A. C.