La guerre en Libye est la première du genre dans un pays indépendant du Maghreb, si l’on excepte la République arabe sahraouie démocratique encore sous le colonialisme marocain.
Nonobstant les « bienfaits » de cette guerre initialement destinée à libérer le peuple libyen du dictateur Mouammar Kadhafi, l’offensive des alliés risque d’embraser davantage un pays déjà en lambeaux.
L’«irakisation» de la Libye aurait des retombées incommensurables sur toute la région. La résistance pourrait s’inscrire dans la durée et un scénario similaire à l’invasion américaine en Afghanistan ou en Irak s’installerait dans le pays, et ce n’est surtout pas la proximité de la région du Sahel, fief des terroristes d’AQMI, qui atténuerait la tension. Fortement courtisée, cette région est au cœur des convoitises occidentales et la Libye représente un terrain idéal pour la maîtriser.
Donc, l’offensive sur la Libye prend des relents d’une invasion qui ne serait pas sans conséquences néfastes sur le peuple libyen d’abord, et puis sur toute la région du Maghreb et l’Afrique du Nord. « Elle serait synonyme d’une entreprise d’invasion et ce, indépendamment de l’objectif de ses auteurs », écrit un journal tunisien, expliquant de la sorte toutes les appréhensions suscitées par cette offensive. C’est dire tous les desseins inavoués d’une invasion qui ne dit pas son nom.
Il serait judicieux de dire que l’offensive des alliés s’inscrit dans une dimension humanitaire, cela se résumerait à la simple application des décisions onusiennes. Mais force est de sombrer dans les hypothèses les plus pessimistes, les récentes expériences de l’Irak, de l’Afghanistan servant d’exemples illustratifs. En d’autres termes, la déchéance du régime de Kadhafi supposerait une reconstruction de l’Etat libyen sur les jalons de la démocratie, ce qui offrirait un alibi de plus pour les Américains et leurs alliés de pérenniser leur présence dans ce pays sous couvert des Nations unies.
D’un autre côté, la résistance de la population libyenne ne restera pas les bras croisés, et cette même rébellion qui s’est opposée au sanguinaire Kadhafi se lèvera contre « l’occupant » occidental.
Ce qui donnera lieu à une situation inextricable, semblable à celle vécue par l’Irak post-Saddam Hussein. L’étendue du sol libyen, ses frontières avec l’Egypte, la Tunisie et l’Algérie en plus des pays du Sahel au Sud, fief des terroristes d’Al Qaida est l’autre ingrédient qui s’ajouterait à l’imbroglio libyen.
L’Algérie qui partage des frontières avec la Libye a adopté une position neutre tout en restant accroché à ses principes de non ingérence.
Elle a pris acte de la résolution onusienne tolérant une intervention militaire en Libye, mais elle reste prudente quant aux développements qu’engendrerait l’offensive occidentale dans ce pays voisin.
Par : Mokrane Chebbine