Tandis que le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, a souhaité, vendredi, dans un discours à la Nation, le dialogue et la négociation avec Al Qaïda au Maghreb islamique avant tout recours à la guerre, son ministre de la Défense se dit prêt à accueillir à Bamako les armées ouest africaines pour une offensive au Nord-Mali.
Vendredi : le président malien par intérim, Dioncounda Traoré, lance une offre de dialogue et de négociation à Al Qaïda au Maghreb islamique sans faire de distinction entre ses groups armés. Samedi : son ministre de la défense opte pour un déploiement des forces oust africaines de Bamako pour reconquérir les territoires du nord du pays mais avec « discrétion« . Dans le même temps, le conseil de sécurité de l’ONU a demandé à la Cédéao un plan militaire « faisable« , qui détaillerait « les objectifs, moyens et modalités » du déploiement d’une telle force régionale au Mali.
Selon les informations rapportées par plusieurs sites maliens, le président malien Dioncounda Traoré a souhaité vendredi le dialogue et la négociation avec Al Qaïda au Maghreb islamique qui occupe tout le Nord du Mali, tout en appelant les Maliens à « l’union sacrée » autour de « leur armée » pour faire la guerre s’il n’y avait « plus d’autre choix » : « Nous ferons la guerre s’il ne nous reste plus d’autre choix (…) Mais nous réaffirmons ici que notre premier choix reste le dialogue et la négociation. Notre deuxième choix reste le dialogue et la négociation. Notre troisième choix demeure le dialogue et la négociation« , a-t-il scandé dans un message à la Nation diffusé à la television à la veille du 52è anniversaire de l’indépendance du pays.
Cette offre du dialogue aux groupes terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique exprime-t-elle des velléités électoralistes d’un président par intérim ? M. Traoré a, en tout cas, accompagné cet appel au dialogue en direction d’Aqmi par son souhait d’une échéance du scrutin présidentiel pour 2013/2014.
Ce samedi, son ministre de la Défense semble écarter toute offre de dialogue et va même jusqu’à démentir le refus de Bamako d’accueillir les armées ouest africaines sur son sol : « Il y a eu une certaine presse qui a fait courir les rumeurs selon lesquelles les Maliens ne souhaitaient pas que soit déployée à Bamako une base logistique et un PC de la Cédéao, toutes choses qui sont indispensables pour la suite des opérations. Ca n’a jamais été le cas, on ne peut pas vouloir une chose et son contraire, nous sommes d’accord pour que la Cédéao déploie des forces au Mali (…) avec toutes les structures qui vont avec« , a-t-il assuré.
Mais ces opérations peuvent-elles être menées de Bamko « dans la discrétion » ainsi que le recommande le ministre de la Défense du gouvernement Traoré, pour, l’a-t-il justifié, ne pas effrayer les populations ? Cet argument traduit-il une hésitation ou conforte-t-il l’appel au dialogue de M. Traoré aux groupes terroristes d’Al Qaïda au Maghreb islamique en considérant que les populations du sud ne sont pas impliquées ou ne doivent pas l’être dans cette offensive des armées ouest africaines à partir de Bamako même.
Alors que Bamako tergiverse sur l’offensive armée au Nord-Mali, Al Qaïda au Maghreb islamique en tire profit pour menacer la France de tuer ses ressortissants qu’elle retient en otages si elle ne retire pas son soutien à cette offensive armée que le groupe terroriste a qualifiée de « folie« .
Rappelons que cette offre de dialogue lancée par M. Traoré a été précédée par celle d’Alger. Abdelaziz Bouteflika a reçu des émissaires du groupe terroriste Ansar Eddine affilié à Al Qaïda au Maghreb islamique pour une « solution politique négociée » au Nord-Mali.
LM/Agences