Offensive d’envergure,L’armée syrienne entame le contrôle d’Alep

Offensive d’envergure,L’armée syrienne entame le contrôle d’Alep

A Salaheddine, à Alep, les rebelles syriens ont été contraints d’abandonner une des positions qu’ils occupaient dans ce quartier, front des combats avec les forces gouvernementales dans la deuxième ville de Syrie.

Un point de contrôle qui était gardé par des insurgés la semaine dernière a disparu, son ancienne présence est seulement signalée par un drapeau de l’opposition. Des explosions ainsi que des coups de feu pouvaient être entendus dans le quartier. Une source au sein des services syriens de sécurité a déclaré à la chaîne libanaise Al Manar que l’armée régulière contrôlait désormais le quartier. De son côté, l’Observatoire syrien des droits de l’homme a affirmé que les combats se poursuivent dans le quartier. «Nous ne nous sommes pas retirés, nos hommes sont toujours là et la situation est en notre faveur. Nous avons seulement laissé un immeuble que nous occupions dans une des rues. Ce n’est pas comme si nous nous repliions», a dit Abou Firas, membre de l’Armée syrienne libre. Des hélicoptères survolaient un commissariat de police, toujours aux mains des rebelles, à environ un kilomètre de Salaheddine. En effet, l’armée syrienne qui mobilisé près de 20 000 soldats pour reconquérir Alep, a affirmé, hier, avoir pris le contrôle du principal quartier dissident d’Alep à l’issue d’une offensive terrestre de grande envergure, mais les rebelles assurent être toujours présents à Salaheddine dont ils étaient devenus maîtres le 20 juillet. «Nos forces armées ont pris le contrôle total de Salaheddine, infligeant aux groupes terroristes des pertes sévères et faisant un grand nombre de morts et de blessés dans leurs rangs», a déclaré une source officielle citée par l’agence syrienne Sana. Le colonel dissident Abdel Jabar Oqeïdi a confirmé : «Il y avait une attaque barbare et sauvage du quartier, mais c’est faux de dire que l’armée du régime a pris le contrôle total du quartier». «Il y a des combats dans plusieurs quartiers d’Alep, mais cela se concentre surtout à Salaheddine, car ce quartier revêt une grande valeur symbolique pour nous et l’armée du régime», a ajouté le chef du conseil militaire pour la région d’Alep. A noter que l’offensive de l’armée loyaliste intervient au lendemain de la promesse du président Bachar El-Assad, en recevant un émissaire du guide suprême iranien, de «purger» le pays des «terroristes». Selon la source officielle citée par Sana, «des dizaines de terroristes ont été arrêtés, d’autres se sont rendus en déposant leurs armes» et «de grandes quantités d’armes utilisées par les terroristes pour terrifier les habitants et commet-tre des assassinats contre les forces de l’ordre ont été saisies». De son côté, la télévision d’Etat a indiqué que «les forces armées ont porté des coups violents aux terroristes mercenaires dans le quartier de Salaheddine à Alep, anéantissant la plupart de ceux qui s’y trouvent». «Parmi les terroristes arrêtés dans le quartier Salaheddine, figurent des étrangers». «Les forces armées ont procédé à un ratissage du quartier de Salaheddine, saisi des quantités d’armes et démantelé des explosifs laissés par les terroristes après leur défaite», selon la télévision.



Par ailleurs, une source de sécurité à Damas a indiqué que l’armée contrôlait les trois quarts du Salaheddine. «L’armée avance dans le quartier et contrôle les grands axes. L’élimination des poches de résistance devrait se poursuivre jusqu’à jeudi matin. L’armée a l’intention de prendre ensuite le quartier limitrophe de Seif al-Dawla plus à l’est», a affirmé cette source. L’armée syrienne a pénétré dans la matinée avec des chars et des véhicules blindés dans le quartier rebelle, déclenchant la bataille d’Alep. «Il s’agit des combats les plus féroces autour du quartier et dans certaines rues de Salaheddine depuis le début des affrontements à Alep le 20 juillet», selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Poursuivant qu’au moins 16 personnes sont mortes hier à Alep, dont une femme et deux enfants tués par une roquette tombée sur leur maison. En outre, l’OSDH fait état d’au moins 58 personnes tuées hier dans l’ensemble du pays, dont 36 civils, 16 soldats et 6 rebelles, parmi lesquelles 15 à Alep. 225 personnes avaient été tuées mardi sur l’ensemble du territoire, parmi lesquelles 129 civils.

Des militaires à la retraite, parmi les «pèlerins» enlevés

S’agissant des pèlerins enlevés samedi dernier à Damas, tout en appelant à leur libération, le ministre iranien des Affaires étrangères, Ali Akbar Salehi, a assuré hier que des ex-gardiens de la révolution (bras armé du régime iranien) se trouvaient dans le groupe des 48 «pèlerins chiites» enlevés samedi par l’Armée syrienne libre (ASL). Les rebelles syriens affirment eux qu’il s’agit d’Iraniens envoyés en Syrie pour aider le régime à réprimer la révolution. L’ASL assure avoir découvert des permis de port d’armes dans les affaires des otages.

Riyad Hijab arrivé en Jordanie

L’ex-Premier ministre syrien, Riyad Hijab est arrivé hier en Jordanie en compagnie de sa famille, a annoncé le ministre jordanien de l’Information, Samih Maayatah, également porte-parole du gouvernement. Selon les médias, les Comités locaux de coordination (LCC), qui organisent la contestation sur le terrain en Syrie, ont indiqué dans un communiqué que M. Hijab était «arrivé en Jordanie en passant à travers des barbelés, après avoir été assiégé dans la province de Deraa (sud) depuis l’annonce de sa défection». Un membre du Conseil national syrien, Khalid Zein al-Abidine, basé en Jordanie, avait annoncé que M. Hijab et plusieurs mem-bres de sa famille étaient arrivés dimanche soir dans ce pays. Le ministre jordanien de l’Information a démenti le jour même ces informations. Le porte-parole de Riyad Hijab, Mohamed Otri, avait de son côté déclaré à Amman que l’ex-Premier ministre devait quitter prochainement la Jordanie pour se rendre au Qatar.

La France confirme une réunion ministérielle à l’Onu le 30 août

La France organisera une réunion ministérielle au Conseil de sécurité de l’Onu le 30 août «essentiellement consacrée à l’examen de la situation humanitaire en Syrie et dans les pays voisins», a confirmé hier le ministère français des Affaires étrangères. «Malgré les divisions qui ont prévalu au cours des derniers mois, le Conseil de sécurité ne peut demeurer silencieux face au drame qui je joue en Syrie», a déclaré Vincent Floreani, porte-parole adjoint du ministère, confirmant l’information donnée avant-hier par des diplomates. Selon des diplomates de l’Onu, la participation de la Russie et de la Chine à une réunion au niveau ministérielle n’est pas assurée.

Ces deux pays ont opposé trois fois leur veto au Conseil de sécurité con-tre des résolutions menaçant de sanctions le régime du président syrien Bachar El Assad. La réunion sera présidée par le chef de la diplomatie française Laurent Fabius qui se déplacera du 15 au 17 août au Liban, en Turquie et en Jordanie «dans le cadre de notre soutien aux réfugiés syriens», a indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères.

Nicolas Sarkozy s’est entretenu avec le chef du Conseil national syrien

Par ailleurs, l’ancien président de la République, Nicolas Sarkozy, s’est longuement entretenu avant-hier par téléphone avec le président du Conseil national syrien, Abdel Basset Sayda, ont indiqué les deux responsables dans un communiqué conjoint.

Nicolas Sarkozy et Abdel Basset Sayda ont évoqué «pendant près de 40 minutes» la situation dans le pays. «Ils ont constaté la complète convergence de leurs analyses sur la gravité de la crise syrienne et sur la nécessité d’une action rapide de la communauté internationale pour éviter des massacres», soulignent-ils dans leur communiqué diffusé à Paris.

Les deux hommes «sont convenus qu’il y a de grandes similitudes avec la crise libyenne» qui avait fini en octobre 2011 avec la mort de l’ancien dirigeant Maâmmar Kadhafi, après plusieurs mois d’affrontements.

Amnesty promet de poursuivre les auteurs des attaques contre les civils à Alep

Amnesty International a dénoncé la ténacité des violences se déroulant à Alep, se basant sur des images satellitaires montrant l’utilisation d’armes lourdes provoquant plus de 600 cratères formés par l’impact d’obus d’artillerie. «Amnesty International entend envoyer clairement le message à ceux qui se battent des deux côtés : toutes les attaques contre les civils seront documentées de manière à ce que leurs auteurs aient à rendre des comptes», a affirmé dans le communiqué Christoph Koettl, responsable des opérations d’urgence auprès d’Amnesty International USA. Des images prises le 31 juillet montrent notamment ce qui semble être des cratères d’obus près d’une zone résidentielle d’Anadan.

«L’armée syrienne et les combattants de l’opposition doivent tous deux adhérer aux lois humanitaires internationales qui interdisent formellement le recours à des tactiques et à des armes qui ne font pas la distinction entre les cibles militaires et civiles», poursuit Christoph Koetll.

Par Lynda Naili Bourebrab