Dans une ambiance au goût de vengeance et sur fond de tirs en rafales, un millier de personnes se sont rassemblées hier pour assister aux obsèques du fils cadet de Maamar Kaddafi. C’est dans une ambulance noire qu’est arrivé le corps de Seif El-Arab Kaddafi, 29 ans, au cimetière des Martyrs d’Al-Hani à Tripoli.
«Le peuple veut Maammar, le Guide», ont scandé les manifestants qui accompagnaient le véhicule mortuaire à bord duquel se trouvait le cercueil de la dépouille mortelle de Seif-El-Arab, recouvert d’une étoffe verte et d’une couronne de fleurs. Seif-El-arab, un des fils du dirigeant libyen ainsi que trois de ses petits-fils avaient été victimes avant-hier d’une frappe de l’Otan.
La veille, la télévision libyenne annonçait la tenue des funérailles avait précisé parmi les enfants tués, deux des enfants étaient âgés de 2 ans et un de 4 mois. Les funérailles de l’un des fils du Guide libyen n’ont pas été synonymes de répit pour les forces gouvernementales. Au contraire, le régime libyen menait une offensive de grande ampleur sur Misrata, ville rebelle assiégée depuis deux mois.
Ainsi, au lendemain de la mort de Seif-El-Arab qui avait provoqué des remous dans le pays, plusieurs chars des forces pro-Kaddafi ont tenté hier matin d’entrer à Misrata par le sud-ouest en la bombardant, et au moins six personnes ont été tuées dans des tirs nocturnes dans cette ville rebelle de l’ouest de la Libye, selon la rébellion. La ville, assiégée depuis deux mois, était déjà en flammes après de violents bombardements survenus avant-hier soir qui ont fait au moins deux morts, ont rapporté des témoins.
Le port de Misrata, essentiel pour l’approvisionnement en armes et en aide humanitaire de la ville, dont tous les accès terrestres sont coupés, avait subi un intense bombardement par les forces loyales au dirigeant contesté Maammar Kaddafi, dans lequel deux rebelles avaient péri, ont rapporté des agences.
Des centaines de réfugiés africains se trouvaient juste à côté du port au moment de l’attaque, dans un camp de tentes misérable. Des sources médicales ont fait état d’au moins quatre blessés graves parmi eux dans les bombardements, deux Nigériens dont l’un restera paralysé, et deux Egyptiens.
Par ailleurs, des sources médicales ont tiré la sonnette d’alarme sur la saturation du principal hôpital de la ville. En outre, selon les rebelles, des navires de l’Otan avaient neutralisé vendredi et samedi derniers des mines posées par les forces loyalistes au large du port de Misrata, bloquant l’arrivée des bateaux humanitaires jusqu’à ce que la zone soit sécurisée.
Pour sa part, l’Otan a bombardé des positions des forces libyennes près de Zentane, détruisant au moins dix chars et véhicules, a déclaré un porte-parole de l’insurrection. L’Alliance transatlantique a maintenu ses frappes sur Tripoli dans la nuit de dimanche à lundi, en dépit des accusations du régime libyen d’avoir tenté, la veille, d’assassiner le Guide libyen, lors d’un bombardement aérien qui a tué un de ses fils et trois de ses petits-enfants.
Trois explosions ont retenti avant-hier soir à Tripoli alors que des avions ont survolé la capitale libyenne, ont rapporté des agences qui précisent que les explosions étaient localisées dans l’est de la ville.
Quelques heures après ces frappes, les ambassades d’Italie et de Grande-Bretagne à Tripoli ont été la cible d’attaques où ont été commis «des actes de vandalisme», selon le ministère italien des Affaires étrangères.
A propos de ces actes, le vice-ministre libyen des Affaires étrangères, Khaled Kaïm, a qualifié les attaques contre les ambassades d’«incident regrettable» et assuré que la Libye prendrait à sa charge les réparations. C’est ainsi que Londres a décidé d’expulser l’ambassadeur de Libye.
Hier, le calme semblait régner au poste frontière de Dehiba, dans le sud de la Tunisie, après des combats qui ont opposé la veille en Libye dans le secteur forces kaddafistes et forces rebelles, selon l’AFP.
Pékin appelle encore une fois au cessez-le-feu
En réaction à la mort du fils cadet et des trois petits-enfants de Kaddafi, la Chine, par la voix du porte-parole de son ministère des Affaires étrangères, Mme Jiang Yu a déclaré que «la Chine a pris note du fait que le fils de Kaddafi, Seïf El-Arab, et d’autres (personnes) ont été tués dans une attaque.
Nous exprimons notre inquiétude devant la mort de simples citoyens avec l’escalade du conflit en Libye». Rappelant que son pays «s’est de tout temps opposé aux actions qui outrepassent l’autorisation du Conseil de sécurité de l’ONU, nous espérons que toutes les parties pourront cesser le feu immédiatement et résoudre la crise (…) par le dialogue et la négociation».
L’ambassade turque évacuée
La Turquie a temporairement évacué son ambassade à Tripoli après des troubles dimanche dans cette ville visant des ambassades, a annoncé hier le chef de la diplomatie turque, Ahmet Davutoglu.
Le Nicaragua dénonce les frappes contre Tripoli
Le président nicaraguayen Daniel Ortega a condamné les frappes aériennes des forces de l’Otan contre la Libye, notamment à Tripoli où un des fils du colonel libyen Maammar Kaddafi a été tué dans un raid de la coalition.
Le gouvernement nicaraguayen «condamne les meurtres contre le peuple libyen, qui ont tué des milliers de civils», a déclaré le président Ortega sur le site internet officiel du chef de l’Etat. En outre, le président nicaraguayen a appelé à «un cessez-le-feu immédiat en Libye» et souligné le «besoin de reprendre le dialogue et les négociations sur la base des principes reconnus par la communauté internationale».
Lynda N. Bourebrab