La Ligue arabe souffle le chaud et le froid. Après avoir assisté et approuvé le sommet de Paris qui a autorisé l’offensive aérienne des forces de la coalition contre la Libye, la voilà critiquer l’intervention armée par la voix de son secrétaire général, l’Egyptien Amr Moussa.
Cette volte-face renseigne sur la frilosité de la majorité des Etats arabes qui n’arrivent jamais à trouver consensus autour des grandes questions d’intérêt commun. Donc, il aura fallu attendre la Chine « regretter » les bombardements de la coalition internationale en Libye et la Russie « dénoncer le recours à la force de manière non-sélective » pour oser lever le petit doigt en guise d’indignation. Rappelons dans ce sens que cette même Ligue arabe avait approuvé l’instauration d’une zone d’exclusion aérienne en Libye, à l’exception de l’Algérie, la Syrie et le Liban qui avaient voté contre cette option.
A moins qu’il ne s’agisse d’une ruse occidentale pour justifier la présence des forces internationales sur le sol libyen, la position de la Ligue arabe s’apparente à un acte d’impuissance assumé face aux pressions des Etats-Unis et de la France. « Ce qui s’est passé en Libye diffère du but qui est d’imposer une zone d’exclusion aérienne et ce que nous voulons c’est la protection des civils et pas le bombardement d’autres civils (…) la protection des civils ne nécessite pas forcement le recours à des opérations militaires », avait déclaré dimanche dernier le secrétaire général de la Ligue arabe, laissant entendre que les pays occidentaux n’ont pas respecté les clauses de cette intervention.
Cette éventualité est également plausible, sachant que Moscou a relevé « l’ambiguïté » de la résolution 1973 adoptée par les Nations unies sur l’intervention en Libye pour faire tomber le régime de Mâammar kadhafi. « Ce qui se passe aujourd’hui en Libye suscite la déception car les choses vont mal (…) la coalition n’a pas seulement de visées humanitaires mais politiques, en profitant de l’ambiguïté de la résolution 1973 de l’ONU pour sortir de son cadre », a déclaré le président de la commission des Affaires étrangères de la Douma (Parlement russe), Konstantin Kosachev. En plus de la Russie, la Chine et plusieurs autres pays ont condamné cette offensive des forces Alliées en Libye, arguant des dégâts collatéraux causés par les bombardements intensifs opérés dans le pays.
Une chose est cependant sûre, l’inquiétude de l’opinion internationale est synonyme de la gravité de la situation à nos frontières sud-est. Une situation qui tend vers le pourrissement au vu de l’engagement irrévocable des pays de la coalition et de la résistance dont preuve, pour le moment, le guide libyen Mouammar Kadhafi. Entre les deux camps, une population civile et innocente se trouve en proie à un scénario à l’irakienne tant redouté.
Par : Mokrane Chebbine