Treize Palestiniens ont été tués hier à Ghaza dans une vaste offensive israélienne, faisant craindre un conflit généralisé entre le Hamas islamiste et Israël qui se dit prêt à une attaque terrestre contre le territoire palestinien.
Depuis le début de son opération»Protective Edge» («Bordure protectrice») lundi à minuit, l’aviation israélienne a effectué des dizaines de raids sur l’enclave palestinienne, contrôlée sur le plan sécuritaire par le Hamas, qui ont fait au moins 13 morts et 80 blessés. Sept Palestiniens ont ainsi été tués et 25 autres blessés par une frappe dans l’après-midi à Khan Younès, dans le sud de l’enclave palestinienne. «Le raid israélien a visé la maison de la famille Al-Kaware», a expliqué à
l’AFP le porte-parole des services d’urgences, ajoutant que des enfants figuraient parmi les blessés, et peut-être les morts. Auparavant, quatre personnes avaient «été tuées dans un raid aérien sioniste qui a visé une voiture civile dans un quartier du centre» de la ville de Gaza, selon le porte-parole du service des urgences, Achraf al-Qoudra. On ignore dans l’immédiat s’il s’agissait de civils ou de combattants, mais des proches ont identifié l’un des corps comme étant celui de
Mohammed Shaaban, 32 ans, un responsable des brigades Ezzedine al-Qassam, la branche armée du Hamas. La télévision al Aqsa TV du Hamas a montré des restes de corps transportés sur des civières dans une ambulance. Un autre Palestinien a péri dans une frappe aérienne dans la matinée à l’ouest du camp de réfugiés de Nousseirat, dans le centre de la bande de Gaza.
Frapper le Hamas
L’opération a été déclenchée à la suite de dizaines de tirs de roquettes lundi soir contre le sud d’Israël, qui ont été revendiqués par les Brigades Ezzedine al Qassam, la branche armée du Hamas, après la mort de cinq de leurs combattants dans de précédents bombardements israéliens.
«L’objectif est de frapper le Hamas et de réduire le nombre de roquettes tirées vers Israël», a expliqué un porte-parole militaire. «Les attaques aériennes que nous avons menées ne constituent qu’une étape.
L’opération n’a pas de limite de temps», a-t-il averti. «L’armée prépare une série d’options, y compris une offensive terrestre ou une invasion» du territoire palestinien, a déclaré à l’AFP un responsable israélien sous le couvert de l’anonymat. Israël a d’ailleurs autorisé hier le rappel de 40.000 réservistes en prévision d’une possible opération au sol. Des renforts ont déjà été déployés aux abords de Gaza et des journalistes ont vu des chars et des transports de troupes blindés acheminés à la frontière.
D’autres renforts «seront graduellement mobilisés», a précisé un porte-parole militaire. Cette nouvelle spirale de violences, enclenchée le 12 juin par l’enlèvement et le meurtre de trois étudiants israéliens en Cisjordanie suivi de l’assassinat d’un jeune Palestinien brûlé vif la semaine dernière, est la plus grave depuis l’opération «Pilier de Défense» contre Gaza en novembre 2012. Dans ses raids, l’armée israélienne a détruit des maisons appartenant à des activistes du Hamas, responsables, selon Israël, des attaques à la roquette. Le porte-parole du Hamas à Ghaza, Sami Abou Zouhri, a réagi à ces raids en accusant Israël de «jouer avec le feu». «L’occupant (israélien) va le payer», a-t-il promis.
Appel à l’unité palestinienne
Depuis lundi minuit, plus de 30 roquettes se sont abattues sur le sud d’Israël, selon l’armée. Elles n’ont pas fait de victime. Au total, plus de 320 projectiles ont été tirés de Gaza vers Israël depuis le début de ce cycle de violence, il y a trois semaines.
Les écoles et les camps de vacances situés dans un rayon de 40 km autour de la bande de Gaza ont été fermés hier et les habitants ont été invités à éviter tout rassemblement. «Nous sommes prêts à mener une bataille contre le Hamas qui ne se terminera pas en quelques jours. Selon Israël, le Hamas disposerait d’un stock de 100.000 roquettes, dont certaines peuvent atteindre Tel-Aviv et la banlieue de Jérusalem. Les tirs de roquettes palestiniens ont été condamnés par le département d’Etat américain, qui a estimé qu’Israël avait «le droit de se défendre», tandis que la représentation de l’UE en Israël a exprimé sa «solidarité complète» avec les habitants du sud d’Israël.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a exigé qu’Israël mette fin «immédiatement» à son attaque, demandant à la communauté internationale d’»intervenir pour arrêter la dangereuse escalade qui pourrait provoquer davantage de destruction et d’instabilité dans la région». Le dirigeant du Hamas à Gaza, Ismaïl Haniyeh a appelé «à l’unité palestinienne sur le front politique et sur le terrain».
Bête noire d’Israël et considéré comme une organisation terroriste par les Etats-Unis et l’Union européenne, le Hamas a signé en avril avec M.Abbas un accord de réconciliation pour mettre fin aux divisions depuis 2007.