Œufs à 580 DA : la Fédération des aviculteurs explique pourquoi cette hausse (et jusqu’à quand)

Œufs à 580 DA : la Fédération des aviculteurs explique pourquoi cette hausse (et jusqu’à quand)
Le prix des œufs flambe en Algérie

Dans les étals algériens, le plateau d’œufs atteint désormais les 580 dinars, au grand désarroi des ménages. Cette montée soudaine des prix, qui inquiète autant qu’elle interroge, n’est pourtant pas le fruit d’un déséquilibre brutal et isolé.

Selon la Fédération nationale des aviculteurs, plusieurs mécanismes, structurels et conjoncturels, sont à l’origine de cette situation tendue. Leur président, Ali Benchaïba, apporte un éclairage précis sur les causes de cette hausse, ainsi que sur les perspectives d’évolution du marché.

Prix des œufs en Algérie : une flambée nourrie par une crise silencieuse des petits producteurs

Pendant plusieurs mois, les prix de l’œuf étaient jugés « anormalement bas », autour de 300 dinars le plateau, selon la Fédération. Derrière cette apparente stabilité, une crise profonde affectait les petits producteurs, incapables de couvrir leurs frais. Résultat, des faillites en cascade ont réduit l’offre nationale.

« Ils n’ont pas pu tenir plus longtemps, il est difficile d’estimer leur nombre, mais beaucoup ont abandonné cette production », précise Ali Benchaïba.

🟢 À LIRE AUSSI : Hausse alarmante du prix des œufs : que se passe-t-il sur le marché algérien ?

Cette désertion du marché a créé un déséquilibre progressif, qui s’est brutalement traduit, ces dernières semaines, par une envolée des prix. La filière s’attendait bien à une hausse, mais pas à un tel niveau, ni aussi rapidement.

« On ne s’attendait pas à une augmentation de cette ampleur, d’autant qu’elle a été soudaine », reconnaît le président de la fédération.

Les prix devraient rester élevés jusqu’à la fin de l’été

À cette pénurie partielle s’ajoute un facteur bien connu, l’effet été. Chaque saison estivale voit la demande d’œufs grimper, portée par le secteur de la restauration, les fast-foods et les hôtels, particulièrement actifs durant cette période.

« Une autre partie de la hausse est conjoncturelle », confirme Ali Benchaïba, évoquant une forte sollicitation estivale.

Dans ce contexte, il faut s’attendre à ce que les prix restent élevés jusqu’à la fin de l’été. Mais une fois cette pression saisonnière retombée, un léger recul des prix est envisageable, sans pour autant espérer un retour aux niveaux précédents.

« Un prix proche des 600 DA ne devrait pas se prolonger au-delà de la saison estivale. Toutefois, je ne pense pas que les prix sur les marchés de gros pourront retomber à 300 ou 350 DA », estime-t-il.

Non, l’exportation n’est pas responsable de la flambée

Certains soupçonnaient l’autorisation récente d’exporter les œufs algériens d’avoir déséquilibré le marché intérieur. Une hypothèse catégoriquement écartée par la Fédération, qui rappelle que les exportations n’ont pas encore commencé et que leur volume restera limité.

🟢 À LIRE AUSSI : Après les œufs, l’Algérie autorise l’exportation de ce produit agricole stratégique

« En termes de volume, l’exportation ne devrait même pas dépasser les 10 % de la production », affirme Ali Benchaïba, en insistant sur le fait que cette activité ne devait « pas affecter le marché local ».

Avec la flambée actuelle, les producteurs sont de toute façon plus enclins à vendre sur le marché national, désormais plus lucratif que les débouchés extérieurs.

Aviculture en Algérie : une filière qui se restructure en silence

Derrière cette crise, la filière avicole entame une phase de transition délicate mais peut-être salutaire. La remontée des prix, bien que pénible pour les consommateurs, pourrait offrir un bol d’air aux éleveurs restants et relancer les investissements.

L’objectif à moyen terme reste de diversifier les débouchés en s’ouvrant à l’exportation, vers des marchés comme la Libye, la Mauritanie ou certains pays du Golfe. Une stratégie que la Fédération continue de défendre.

« C’est pour nous un moyen de stabiliser nos revenus. […] Tôt ou tard, nous devrons nous tourner avec force vers l’exportation. Ce sera aussi un moyen de développer la filière nationale, mais aussi de rassurer les investisseurs sur la stabilité du marché. »