La guerre des mots a bel et bien commencé entre Amara Benyounès et la patronne du PT, Louisa Hanoune.
Succédant à cette dernière sur le plateau de Tizi Forum de la Radio Tizi-Ouzou, le chef de file du Mouvement populaire algérien n’a pas mâché ses mots pour répondre à celle qui l’accusait à partir de la même place d’avoir été un chaud partisan du GMO américain, autrement dit de soutenir l’intervention étrangère en Algérie. «C’est elle qui a toujours revendiqué une commission d’enquête étrangère sur les massacres de civils en Algérie», dira Benyounès à l’endroit de celle qui se fait, ironise-t-il, la championne de la défense de la souveraineté nationale et qui s’est distinguée par le passé par ses accointances avec les intégristes du FIS, elle qui a participé à la conférence de Sant’Egidio. «Tant mieux, si elle a évolué. Tout ce qu’elle est en train de faire et de dire maintenant est une manière de se racheter de ses errements passés. » «Ni Doha ni Paris», dixit A. Benyounès qui résume à travers cette petite phrase l’opposition de son parti à toute idée d’intervention étrangère en Algérie, reconnaissant, par ailleurs, que «des velléités d’intervention étrangère existent» et qu’elles peuvent profiter aux islamistes qui ne désespèrent pas de rééditer le scénario tunisien et égyptien, selon le leader du MPA. «Le printemps arabe est en passe de se transformer en hiver arabe», dira-t-il. Tout en insistant sur la spécificité algérienne qui a une longue tradition dans le domaine des luttes démocratiques et de résistance sous le régime du parti unique et ensuite durant les années de lutte contre l’intégrisme et le terrorisme, Amara Benyounès ne cachera pas son refus ainsi que sa crainte quant aux effets pervers de l’élection d’une Assemblée nationale constituante. «Il y a un danger pour l’Algérie de sombrer dans la Charia», préviendra Benyounès qui a appelé à une participation massive et à la mobilisation de l’électorat démocratique pour faire barrage aux islamistes et pour préserver le caractère démocratique, républicain et moderniste de l’Etat algérien. Surfant lui aussi sur la vague du caractère stratégique et historique du rendez-vous électoral du 10 mai prochain, le fondateur du MPA dira en guise de mise en garde : «Il ne faut pas que la défaite militaire du terrorisme se transforme en victoire électorale et politique de l’islamisme. » S’il ne rejette pas tout à fait le spectre de la fraude électorale, la participation et le rejet du boycott est la meilleure façon de la réduire, selon l’invité de la Radio de Tizi-Ouzou qui appellera à la constitution d’une coordination des partis politiques pour surveiller les urnes. Tout en reconnaissant le caractère patriotique républicain au FLN au même titre que le RND, Benyounès conditionne son intégration à l’Alliance présidentielle telle que suggérée, il y a quelque temps par Ahmed Ouyahia, par le résultat des élections législatives. Questionné au sujet des attaques récurrentes de la part de ses camarades du RCD, le président du MPA dit refuser de céder à l’invective. Et d’ajouter : «Mon problème est ailleurs, il n’est pas avec les partis de la mouvance démocratique.»
S. Aït-Mébarek