Dans un communiqué de presse, daté du 30 mars, l’Union européenne dit répondre à l’invitation de l’Algérie par l’envoi d’une Mission d’observation électorale (MOE) composée de 120 personnes.
Contrairement à ce qui peut être compris, à la date du 30 mars, il n’y a que huit personnes déjà sur place, chargées de la préparation de la mission. Cette équipe, dirigée par le chef de délégation adjoint, de nationalité polonaise, est composée d’experts : juridique, presse, médias, organisation et déploiement. L’hôtel Hilton est choisi pour servir de quartier général à la mission d’observation.
À J-40, cette première fournée a pour tâche de préparer le terrain. Ce sont des éclaireurs qu’on appelle communément équipe-cadre pour mettre en place un dispositif d’observation aux normes européennes. Elle aura, entre autres, à dépouiller la presse, compter les temps de passage des différents partis en lice, à s’imprégner des textes de base comme la Constitution et la loi sur le code électoral. Éléments nécessaires pour une lisibilité pour les 40 observateurs qui seront disséminés sur 20 chefs-lieux de wilaya (deux par wilaya, le travail se faisant généralement en binôme) avec latitude de se déplacer dans les wilayas limitrophes et l’assurance de rencontrer les personnes et les institutions et toute autre structure comme les sous-commissions de la surveillance des élections, les représentants des partis en lice et la presse. Leur arrivée est prévue le 10 avril pour la mise en place et la présentation d’un rapport circonstancié au chef de la délégation, José Ignacio Salafranca, qui arrivera, en provenance de Madrid, le 14 avril, soit la veille du début de la campagne. Âgé de 57 ans, le chef de la délégation, député européen, appartenant au Parti populaire espagnol, est un spécialiste de l’Amérique latine à l’UE et vient pour la première fois en Algérie.
Son rôle ? Il accompagnera ces observateurs, appelés équipe “long terme”, recevra leurs rapports et sera l’interlocuteur du ministère de l’Intérieur et de la Commission nationale de la surveillance des élections, présidée par M. Seddiki et bien sûr le rapport final qui sanctionnera la mission d’observation et qui sera remis à Bruxelles à Mme Ashton, présidente qui a donné son feu vert pour la mission et qui a dégagé un budget de pas moins 3,6 millions d’euros. C’est la première fois qu’un tel budget est alloué à ce type de mission. Selon Bruxelles, l’Algérie est un pays qui peut faire sa mue par des élections propres et qui en a les moyens et la volonté. Ailleurs, le budget a rarement dépassé les deux millions d’euros.
Pour le jour des élections, il sera fait appel à 50 autres observateurs qui séjourneront une semaine (équipe “court terme”) pour suivre le déroulement du scrutin dans des centres de vote qui seront déterminés à l’avance.
Selon un ancien chef de délégation, aujourd’hui en retraite, qui avait eu à diriger une mission d’observation des élections au Guatemala et au Nicaragua, il se peut qu’il y ait quelques réticences de la part des autorités du pays à ouvrir toutes les portes comme il a eu à le constater dans ces pays. Comme par exemple, l’accès au logiciel central du ministère de l’Intérieur, terminal au niveau national. Notre interlocuteur a eu le dernier mot après de longues négociations. Et chez nous ? point d’interrogation ! De toutes les façons, parmi les membres de la mission, figurent des informaticiens ayant suivi des élections dans d’autres pays pour faire la lecture de tout ce qui vient des centres de wilaya.
Par ailleurs, à ces équipes long et court terme, la mission fera appel à deux représentants des ambassades membres de l’Union européenne en y ajoutant ceux de trois missions diplomatiques, non membres.
Il s’agit du Canada, de la Suisse et de la Norvège.
Enfin, il reste le Parlement européen qui diligentera une dizaine de parlementaires qui s’intégrera à la mission.
C’est réellement une élection sous haute surveillance.
O A