L’envoi d’observateurs de la Ligue arabe en Syrie se heurte aux conditions posées par Damas : dans une lettre envoyée à l’organisation panarabe, le ministre des Affaires étrangères, Walid Mouallem, a demandé en échange de la signature de l’accord l’annulation pure et simple des sanctions prises le 27 novembre par l’organisation panarabe.
Le régime syrien s’était pourtant dit prêt, lundi dernier, à signer le protocole sur la venue d’observateurs de la Ligue arabe pour rendre compte des violences sur le terrain et tenter de mettre un terme à la répression qui a fait, selon l’ONU, plus de quatre mille morts depuis mars. Damas a demandé « des modifications mineures qui ne touchent pas le fond du protocole », avait alors indiqué le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Jihad Makdessi.
Cette signature du protocole a fait l’objet de plusieurs ultimatums de la Ligue arabe face à l’absence de mesures de la part du régime syrien pour appliquer un plan arabe de sortie de crise, qu’il avait pourtant accepté « sans condition » début novembre. Ce plan prévoyait l’arrêt des violences, la libération des détenus et l’ouverture du pays à des observateurs arabes et à la presse étrangère.
RETOUR DES

AMBASSADEURS FRANÇAIS ET AMÉRICAIN
Les Etats-Unis et la France ont tous deux annoncé, mardi, le retour de leur ambassadeur à Damas. Selon une source proche du dossier, l’ambassadeur de France en Syrie, Eric Chevallier, est de retour à Damas. Il avait été rappelé en consultation à la mi-novembre après des violences qui avaient pris pour cibles les intérêts français dans ce pays.
L’ambassadeur Robert Ford devrait retourner tout prochainement à Damas, a annoncé, mardi 6 décembre, un responsable américain. Il avait brusquement quitté le pays fin octobre en raison de « menaces crédibles pour sa sécurité », et par la suite, plusieurs pays arabes et européens ont rappelé leurs ambassadeurs pour consultation. « Nous pensons que sa présence dans le pays est une des mesures les plus utiles pour transmettre le message selon lequel les Etats-Unis se tiennent au côté du peuple syrien », a indiqué un porte-parole de la diplomatie américaine, Mark Toner.
Robert Ford avait exaspéré le régime du président Bachar Al-Assad en le critiquant publiquement, notamment sur la page Facebook de l’ambassade, et en se rendant deux fois sur le terrain pour se faire sa propre idée des manifestations. La secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, est arrivée mardi dernier à Genève, où elle doit rencontrer des dissidents syriens dans la soirée. Sur le terrain, les violences ont encore fait plus de cent morts en trois jours. En outre, des affrontements violents se déroulaient entre des groupes de déserteurs et l’armée régulière, qui tentait de prendre d’assaut Daël, dans la province de Deraa (Sud). « Les forces militaires ont perquisitionné aux alentours de Daël, arrêté des militants et procédé à des actes de vandalisme, incendiant des motocycles et des magasins, et tirant aveuglément balles et obus sonores pour terrifier les habitants », a précisé l’OSDH dans un communiqué, rapporte le journal Le Monde.
Dans ce contexte, les interprétations se sont multipliées mardi autour des manœuvres militaires syriennes effectuées dimanche. Pour la SANA, il s’agissait de tests de roquettes et de chars dans le cadre d’un plan d’entraînement. Pour un analyste syrien sous couvert de l’anonymat, le régime a voulu mettre en garde contre « toute velléité (occidentale) d’intervenir militairement en Syrie en montrant qu’il (était) prêt à déclarer une guerre régionale ».
Par : R. I.