Obligation d’inscription au BEM et Bac via Internet Les candidats face à une mesure irresponsable

Obligation d’inscription au BEM et Bac via Internet Les candidats face à une mesure irresponsable
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Les candidats aux épreuves d’examens du baccalauréat et du BEM session 2013, devant s’inscrire à leurs examens respectifs via Internet, sont confrontés à d’énormes difficultés, voire l’impossibilité d’accès au site de l’Office national des examens et concours (Onec).

Il y a des galères que l’on crie sur tous les toits pour qu’elles parviennent aux oreilles des décideurs, il y a celles qui passent sous silence et seuls les concernés se débattent comme ils peuvent pour s’en sortir.

C’est ainsi que les candidats aux épreuves d’examens du baccalauréat et du BEM session 2013, devant s’inscrire à leurs examens respectifs via Internet, sont confrontés à d’énormes difficultés, voire l’impossibilité d’accès au site de l’Office national des examens et concours (Onec).

Contacté à ce sujet, Omar Djefafla, de l’Union nationale des parents d’élèves, affirmera que la décision d’informatiser les inscriptions aux examens officiels de fin d’année est due au fait que «l’ancien système d’inscription avait engendré tellement de détournements de frais d’inscription qu’il a été décidé de passer à l’informatisation».

En effet, selon lui, «une grande partie des gens en charge de cette opération sont actuellement poursuivis en justice». C’est à partir de là que cette nouvelle procédure a été décidée «pour éviter les manipulations des frais d’inscription».

Ceci étant et afin de rassurer les parents, M. Djefafla fera savoir que «la date des inscriptions reste ouverte». Nouar El Arbi, du Conseil national autonome des professeurs du secondaire et du technique (Cnapest), estimera pour sa part que «c’est un problème à régler dans les plus brefs délais, en augmentant le débit de connexion du site qui connaît une franche saturation, et en rallongeant le délai des inscriptions ».

Quant au Syndicat national des professeurs d’enseignement technique et secondaire (Snapest), son porte-parole, Meziane Meriane ne mâchera pas ses mots pour dire : «C’est ce qui s’appelle ne pas avoir les moyens de sa politique».

Pour lui, «cette décision a été prise, comme d’habitude, dans la précipitation, sans réflexion». «C’est bien de s’inscrire dans cette démarche d’informatisation à l’instar du monde, mais de nombreuses contraintes s’imposent dont la plus importante est le débit Internet en Algérie qui fait vraiment défaut», déplorera-t-il. D’où, selon lui, «l’embouteillage créé sur le site Internet de l’Onec».

«Il aurait fallu que ce soit les établissements scolaires qui s’acquittent de cette opération pour faciliter la tâche aux candidats et aux parents, sachant qu’ils en sont équipés», martèlera-t-il. Et à Meriane d’avertir : «On ne va pas se taire si les élèves continuent à subir cette pression, et cette crainte de rater leurs inscriptions ». «Un délai supplémentaire doit être donné, nous ne sommes qu’aux premiers mois de la rentrée scolaire», recommandera- t-il.

INQUIÉTUDE ET TOURMENTE

Ainsi, il va sans dire que cette situation a suscité une forte inquiétude aussi bien chez les candidats livrés à eux-mêmes que leurs parents effrayés de rater l’inscription aux examens. «Depuis le 15 octobre, nous tentons en vain de nous inscrire sur le site de l’Onec, que se soit de chez nous ou depuis les cybercafés », déplore un groupe de collégiens rencontrés devant un CEM d’Alger-Centre.

«Je me demande pourquoi ce n’est pas l’école qui fait les inscriptions, s’interroge une maman, Benbouzid avait bien dit que les établissements scolaires sont dotés de l’outil Internet, non !» «Beaucoup de foyers ne disposent pas de connexion Internet, et les obliger à payer les frais d’un cybercafé est aberrant», affirme une autre scandalisée.

Même colère ressentie auprès de ces parents rencontrés à la sortie d’un collège du 1er Mai, venus faire part de leur infortune auprès du chef d’établissement. «Quand ce n’est pas un problème de connexion, c’est la page du site de l’Onec qui est en entretien ou bloquée, ce sont de longues files d’attente qui durent jusqu’à une heure ou deux heures du matin dans les cybercafés.

A ce rythme, et vu la date butoir du 15 novembre qui approche, nos enfants ne pourront jamais s’inscrire et ne présenteront pas leur examen», s’alarme une maman qui vient «droit d’un bureau poste où elle s’est acquittée des droits d’examen du BEM de sa fille, fixés à 1 000 DA pour les candidats scolarisés.

Pour sa part, une enseignante en informatique dans le secondaire estimera «bonne» cette initiative, mais avouera qu’elle reste «compliquée », pointant du doigt «le faible débit de la connexion à l’origine du non accès et de la saturation du site de l’Onec». C’est d’ailleurs ce que viendront confirmer bon nombre de propriétaires ou gérants de cybercafés.

A QUOI SERVENT LES FRAIS D’INSCRIPTION ?

Par ailleurs, une source proche du dossier au niveau du ministère des Finances expliquera que selon l’ancien mode d’inscription, le paiement des droits d’inscription des candidats aux différents cycles, 5e, BEM et baccalauréat, une fois collectés dans un 1er temps par les établissements scolaires, sont versés par les directions de l’éducation (académies) à l’Onec.

Ce dernier comptabilisera cette rentrée financière comme une recette qui ira dans le budget de l’Office pour l’impression des sujets d’examen, la restauration du personnel réquisitionné pour la surveillance et la correction des examens et concours.

En outre, compte tenu du fait que cette recette ne représente qu’un pourcentage minime, l’Onec, considéré comme EPA (établissement à caractère administratif), reçoit une subvention annuelle du budget de l’Etat qui servira à couvrir les dépenses du personnel de cet EPA, à la préparation et au déroulement des concours et examens.

Aussi, cette même source expliquera que le passage des inscriptions traditionnelles vers un système informatisé se justifie, certes, par la modernisation de l’organisation du travail, mais c’est surtout pour une meilleure transparence et la traçabilité du circuit de ces droits d’inscription. Pour rappel, les examens du Bac et du BEM auront lieu en juin prochain.

Les délais d’inscription sont fixés au 31 octobre pour les candidats au Bac et au 15 novembre pour ceux du BEM. Le montant des frais d’inscription au BEM est de 1 000 DA pour les scolarisés, 2 000 DA pour les candidats libres. Par contre, les frais d’inscription au Bac varient entre 1 500 et 5 000 DA en tenant en compte de la situation du candidat, libre, scolarisé ou ayant déjà obtenu son Bac.

L.N.B