Obligation de rentabilité et d’autofinancement pour les festivals culturels

Obligation de rentabilité et d’autofinancement pour les festivals culturels

2229d2f1150dbb56bbaaff56f81e5a03_M.jpgBECHAR – L’universitaire Mohamed Tahrichi a appelé jeudi à Bechar, à « sortir les festivals culturels du financement exclusif de l’Etat » et de les orienter vers « un autofinancement productif » pour les faire participer au développement économique locale.

Au cours d’une conférence, dans le cadre du 9e Festival national de musique diwan, ce chercheur au Centre national de recherche préhistorique anthropologique et historique (Cnrpah) a plaidé l’ « implication du secteur privé » dans le financement des événements culturels qui doivent, dit-il, prouver leur la « rentabilité ».

Saluant l’effort des pouvoirs publics pour créer et accompagner les événements culturels, cet enseignant à l’université de Bechar a relevé « la fragilité » des festivals algériens dont la plupart sont à la veille de leur 10ème édition et qui peuvent se retrouver « sans ressources » et « menacés de disparaître » dans une situation de crise économique.

Pour lui, cette dépendance financière ne produit qu’une « masse de dépenses supplémentaires réparties entre les participants sans aucune valeur ajoutée au développement locale… », a-t-il dit, regrettant, par ailleurs, l’aspect « purement festif » d’événements « ponctuels », sans impact réelle sur la culture.

Les festivals devraient, aux yeux de Mohamed Tahrichi, « collecter » et « archiver » les musiques traditionnelles, « proposer » des classements au niveau national et international, « assurer » une large diffusion des genres concernés pour créer, à tout le moins, un référentiel complet de la musique algérienne.

Selon lui, les évènements culturels et autres festivals existant en Algérie n’assurent pas cette fonction, « complètement » absente, même, de leur conception, laissant la recherche scientifique dans différents styles de musiques traditionnelles du sud algérien, par exemple, aux chercheurs étrangers.

Interrogé sur les risques que fait courir une globalisation culturelle agressive aux cultures locales, Mohamed Tahrichi a estimé qu’ « une communauté (quelle qu’elle soit) ne peut diffuser et promouvoir un bien culturel, sans qu’elle soit le producteur ou le propriétaire » de ces biens.

Inauguré lundi, le 9e Festival national de musique diwan se poursuit jusqu’au 13 juin.