Le président américain “a félicité” l’Algérie, après la levée de l’état d’urgence décrété il y a 19 ans. Dans un communiqué de la Maison-Blanche, Barack Obama a soutenu jeudi soir qu’il “félicite le gouvernement algérien pour avoir pris une mesure importante”, la qualifiant de “signe positif”. Le président Obama a, cependant, souligné que les USA sont “impatients de voir les prochaines mesures qui seront prises pour permettre aux Algériens d’exercer pleinement leurs droits universels, dont la liberté d’expression et d’association”. Et, c’est dans cette perspective que les États-Unis continueront à coopérer avec l’Algérie, a-t-il attesté.
Avant lui, le secrétaire d’État adjoint chargé des Affaires politiques, William Burns, en visite à Alger, s’est exprimé sur les dernières mesures prises par les dirigeants algériens. À l’issue d’une audience que lui a accordée le président Bouteflika, M. Burns a déclaré, le même jour à la presse, qu’il considère comme “très positifs les engagements qui ont été pris de donner plus d’opportunités en ce qui concerne l’emploi, le logement et l’éducation”. Il a, en outre, rappelé que les États-Unis s’étaient déjà prononcés sur la levée de l’état d’urgence, en indiquant qu’un tel changement était “positif et très clair”. Plus explicite que le communiqué du président Obama, le responsable américain a signalé que son pays considère “prioritaires” ses relations avec l’Algérie. Par ailleurs, M. Burns a noté que sa visite dans notre pays intervient au moment où “la région tout entière connaît de profonds changements”, liant ces mutations au fait que “les peuples sont en quête de liberté, de dignité et d’opportunités”. Reconnaissant que la consécration de ces aspirations “prendra des formes différentes selon les sociétés”, le secrétaire d’État adjoint US chargé des Affaires politiques a vite fait d’annoncer que la réponse à ces aspirations devrait être “la plus ouverte, la plus sérieuse, la plus claire et le plus tôt possible”. Le 3 février dernier, le président de la République avait promis de lever l’état d’urgence. Vingt et un jours plus tard, soit le jeudi 24 février, le décret relatif à la levée de l’état d’urgence est alors publié en ligne au Journal officiel. Mais que peut signifier une telle mesure devant le refus de l’ouverture démocratique et la liberté d’expression ? On notera que ledit décret, daté du 23 février, est survenu le jour de la visite de William Burns à Alger.
Quelques jours auparavant, le porte-parole du département d’État, Philip Crowley, avait insisté sur son microblog Twitter sur la nécessaire question de l’“extension des libertés et (du) véritable changement” en Algérie. Les autorités américaines avaient également réagi par rapport aux derniers évènements en Algérie, en critiquant notamment l’interdiction des marches, les 12 et 19 février 2011, dans la capitale. Depuis avant-hier, la Maison-Blanche semble avoir revu sa position vis-à-vis du pouvoir algérien. Pourtant, elle a clairement laissé entendre qu’elle reste attachée à l’exercice réel, par les Algériens, de leurs “droits universels”. Les autorités du pays, à leur tête le président Bouteflika, tiendront-ils compte de ces précisions et surtout des attentes locales, pour dépasser l’actuel statu quo politique ?