Convaincu que la seule manière de rapprocher les États-Unis des musulmans est de modifier l’image de l’Amérique au sein de cette communauté, le locataire de la Maison-Blanche entend leur tendre « la main de l’amitié » avec une « nouvelle approche fondée sur l’intérêt et le respect mutuels », tel qu’annoncé dans son discours d’investiture le 20 janvier dernier.
Barack Obama semble déterminé à établir de nouvelles relations avec le monde musulman. Dans cette perspective, il adressera le 4 juin prochain un discours en Égypte, dont le lieu exact n’a pas encore été choisi, en direction des musulmans pour montrer qu’il veut tenir sa promesse de campagne électorale de les réconcilier avec l’Amérique. Selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, le président américain désire effacer les crispations causées par l’invasion de l’Irak et les méthodes de la « guerre mondiale contre le terrorisme » menée par son prédécesseur président George Bush.
La même source estime que ce discours est très attendu parce qu’il s’inscrit dans « l’effort continu mené par ce président et cette administration pour démontrer que nous pouvons travailler ensemble à la sécurité et au bien-être futur des enfants de ce pays (les États-Unis) et du monde musulman en leur offrant espoir et prospérité ». Chrétien, dont une partie assez importante d’Américains croit qu’il est musulman, Barack Obama a fait vœu de restaurer l’image des États-Unis dans le monde, en particulier dans le monde musulman.
Dans un entretien accordé à une chaîne d’informations arabe, après sa prise de fonction, il avait affirmé : « Ce que nous allons offrir au monde musulman dans son acception plus large, c’est la main de l’amitié », dans le cadre d’une « nouvelle approche fondée sur l’intérêt et le respect mutuels ». Pour montrer sa bonne foi, Obama n’a pas perdu de temps pour relancer le processus de paix israélo-palestinien, dont son prédécesseur ne s’en est soucié qu’à la fin de ses deux mandats.
D’Istanbul, le 6 avril dernier, il avait assuré que les États-Unis « ne sont pas et ne seront jamais en guerre contre l’islam ». Même s’il a choisi l’Égypte pour parler aux musulmans, le président des États-Unis ne vise pas uniquement le monde arabe, mais toute la communauté musulmane, dont celle du sud-est asiatique, notamment l’Indonésie, qui est par sa population le plus grand pays musulman de la planète et où il a passé une partie de se son enfance. Le choix de l’Égypte, allié des États-Unis et grand bénéficiaire de l’aide américaine dans la région et l’un des deux seuls pays arabes avec la Jordanie à avoir signé un accord de paix avec Israël, est jugé délicat par les observateurs. Ces derniers avancent les manquements du régime égyptien au respect des droits de l’homme que Washington signale constamment, pour contester ce choix.
Ceci dit, Barack Obama compte améliorer l’image de marque des États-Unis ternie par le soutien inconditionnel à l’État hébreux et par l’invasion de l’Irak sous le règne de George Bush, qui a provoqué un sentiment de haine envers Washington dans le monde musulman, d’où des appels au djihad (guerre sainte) contre l’occupation américaine de l’Irak.
Depuis mars 2003, ce pays vit une flambée de violence terrible, bien qu’une amélioration soit constatée ces derniers mois, à cause des mouvements insurrectionnels dans lesquels la mouvance El-Qaïda est largement impliquée. C’est dire la difficulté de la tâche de Barack Obama de réconcilier l’Amérique avec le monde musulman.