Barack Obama a tenté dimanche soir de rassurer une Amérique inquiète après l’attentat de San Bernardino, promettant de « traquer les terroristes » où qu’ils soient et de vaincre le groupe Etat islamique.
« La menace du terrorisme est réelle, mais nous la vaincrons. Nous détruirons l’EI et toute autre organisation qui chercherait à nous nuire », a lancé le président américain lors d’une allocution solennelle derrière un pupitre installé dans le Bureau ovale.
Reconnaissant que nombre d’Américains se demandaient s’ils faisaient face à « un cancer » sans traitement, le président des Etats-Unis a appelé ses compatriotes à ne pas céder à la peur ou à la tentation de stigmatiser les musulmans.
« L’EI ne parle pas au nom de l’Islam, ce sont des voyous, des tueurs », a-t-il martelé, appelant à considérer les musulmans comme des alliés plutôt qu’à « les repousser à travers la suspicion ou la haine ».
Sans annoncer d’inflexion dans sa stratégie de lutte face à l’EI, M. Obama a réitéré que les Etats-Unis ne se laisseraient pas entraîner dans une « longue et coûteuse » guerre au sol en Irak et en Syrie, où une coalition menée par Washington bombarde les jihadistes depuis plus d’un an.
« Nous ne réussirons pas si nous abandonnons nos valeurs ou si nous cédons à la peur », a-t-il martelé, appelant à faire preuve de détermination face à une « menace terroriste » qui « est entrée ces dernières années dans une nouvelle phase », avec des attaques de nature différente que celles du 11-septembre 2001.
C’est la troisième fois seulement que M. Obama s’exprimait depuis le Bureau ovale. La première eut lieu en juin 2010, après la marée noire dévastatrice dans le Golfe du Mexique, la deuxième en août 2010 pour la fin des opérations de combat en Irak.
Selon un sondage CNN/ORC rendu public dimanche soir juste avant son allocution, 68% des Américains jugent que la réponse militaire face à l’EI n’a pas été assez agressive. Selon ce sondage, réalisé avant la fusillade de San Bernardino, 60% des personnes interrogées (contre 51% en mai) désapprouvent la façon dont le président fait face à la question du terrorisme.
« C’est tout ? » –
Les adversaires républicains du président démocrate ont été prompts à dénoncer l’absence d’annonces nouvelles. “L’ennemi s’adapte, nous devons le faire aussi. C’est pourquoi ce que j’ai entendu ce soir était si décevant: pas de nouveau plan, juste une tentative peu convaincante de défendre un politique vouée à l’échec », a réagi Paul Ryan, président de la Chambre des représentants.
« C’est tout ? », a ironisé le magnat de l’immobilier Donald Trump sur Twitter. « Il nous faut un nouveau président, et VITE ! », a ajouté celui qui caracole en tête dans la course à l’investiture républicaine.
« C’est la guerre de notre génération. Nous avons besoin d’un commandant en chef qui soit capable de mener notre pays à la victoire », a souligné de son côté Jeb Bush, l’un de ses rivaux.
Evoquant l’enquête sur l’attentat de San Bernardino, le plus meurtrier aux Etats-Unis depuis le 11 septembre 2001, M. Obama a souligné qu’il n’y avait à ce stade « aucune indication » que les tueurs aient été dirigés par un « groupe terroriste depuis l’étranger ». « Mais il est clair que ces deux personnes avaient suivi la voie délétère de la radicalisation », a-t-il ajouté.
Ce couple de musulmans, disposant de fusils d’assaut, de milliers de munitions et d’engins explosifs, a arrosé de balles un déjeuner de Noël rassemblant des collègues de Farook, faisant 35 victimes dont 14 morts. Ils ont ensuite été abattus par la police.
Le FBI a trouvé chez le couple « des signes de radicalisation » et une « inspiration potentielle par des organisations terroristes étrangères », mais rien n’indique qu’ils faisaient partie d’un réseau organisé ou d’une cellule.
Une nouvelle fois, mais sans réel espoir d’être entendu, le président américain a appelé le Congrès à légiférer pour renforcer le contrôle des armes individuelles, les tueurs de San Bernardino ayant facilement et légalement pu se constituer un véritable arsenal.