L’Etat hébreu ne lâche pas prise et poursuit son agression contre Gaza où 20 autres victimes, essentiellement des civils, ont encore péri, hier dimanche, sous les incessants raids aériens portant ainsi le nombre de morts à une soixantaine parmi les Palestiniens depuis le déclenchement de l’opération «Pilier de défense», mercredi dernier.
Et encore, rien n’augure une proche fin du calvaire pour la population de Gaza, du moins à l’heure où nous mettions sous presse, hier dimanche, en début de soirée. Certes, les agences de presse internationales, notamment l’AFP, évoquaient une possible annonce d’«une trêve» entre Israël et les groupes armés contrôlés par le Hamas palestinien. Citant diverses sources diplomatiques, ces agences font état de négociations entre le Hamas et des représentants du gouvernement israélien au Caire. Mais l’Egypte n’étant plus ce qu’elle était sous Moubarak, le scepticisme l’emportait grandement quant à l’imminence de la conclusion d’un accord fiable et durable de cessez-le-feu entre les deux parties. Même un «haut responsable du Hamas» n’a pas hésité à confier à l’AFP que «l’Egypte ne peut plus se porter garante» d’un tel accord.
Une Egypte dont les nouveaux dirigeants islamistes ne sont visiblement pas encore arrivés à redonner au Caire ce rang de capitale incontournable dans la gestion des conflits du Moyen- Orient depuis les accords de Camp David de 1978. Bien sûr, et comme d’habitude, tous les regards se tournent vers Washington. Mais même délesté désormais des contraintes qui plombent tous les présidents des Etats-Unis au cours de leur premier mandat, Barak Obama érige la «sécurité d’Israël» en priorité absolue de son Administration. «Les Etats- Unis soutiennent complètement le droit d’Israël de se défendre. Israël est en droit d’attendre que des missiles ne soient pas tirés sur son territoire», dira le président américain, hier, à partir de Bangkok où il est en visite. Cela a le mérite de la clarté : Washington a ouvertement proclamé son camp et, plus encore, justifie l’action d’Israël, en cours depuis mercredi. Aucun mot de condamnation ou même de regret à l’endroit de Tel-Aviv, encore moins de compassion à l’égard des victimes civiles palestiniennes, Obama aura même cette phrase lourde de sens : «Si cela (cessation de tirs de missiles sur Israël, ndlr) peut être accompli sans l’accroissement des activités militaires à Gaza, c’est préférable. Ce n’est pas préférable juste pour le peuple de Gaza, c’est aussi préférable pour les Israéliens, car si les troupes israéliennes sont à Gaza, elles sont bien plus en danger de subir des pertes ou d’avoir des blessés.» Qualifiant de «légitime» l’assaut d’Israël, Obama confortera nettement le gouvernement Netanyahou dans sa posture belliciste lorsqu’il ajoutera qu’«aucun pays dans le monde ne tolérerait que des missiles pleuvent sur ses citoyens depuis l’extérieur de ses frontières».
Pour Obama, «l’objectif désormais est de mettre fin à ces tirs de missiles sans une nouvelle escalade de la violence dans la région». Rarement un président américain n’est allé aussi loin dans la partialité, du moins publiquement ! En d’autres termes, le maître de la Maison, Blanche donne son feu vert à Tsahal pour poursuivre son entreprise destructrice à Gaza. D’ailleurs, Netanyahou n’a pas manqué de menacer qu’Israël était prêt «à étendre significativement» ses opérations militaires à Gaza. Les heures à venir risquent d’accroître «significativement» le calvaire de la population de Gaza.
K. A.