A l’occasion du Ramadan, le président des Etats-Unis a apporté avec force son soutien au projet, rappelant que la liberté de culte faisait partie des principes fondateurs de l’Amérique.
Après avoir évité pendant des semaines ce sujet de controverse, Barack Obama s’est finalement prononcé en faveur de la construction d’une mosquée près de Ground Zero. A l’occasion du Ramadan, le président des Etats-Unis a apporté avec force son soutien au projet, rappelant que la liberté de culte faisait partie des principes fondateurs de l’Amérique.
«En tant que citoyen, en tant que président, je crois que les musulmans ont autant le droit de pratiquer leur religion que quiconque dans ce pays», a déclaré vendredi Barack Obama lors d’un repas de rupture du jeûne du Ramadan organisé à la Maison Blanche.
«Cela inclut le droit de construire un lieu de culte et un centre socio-culturel sur un terrain privé dans le lower Manhattan, en respect des lois et décrets locaux», a-t-il ajouté devant une centaine d’invités. «Nous sommes en Amérique», a insisté le chef de la Maison Blanche. «Notre engagement en faveur de la liberté de religion doit être inébranlable».
Le président américain a toutefois dit comprendre et respecter les sensibilités entourant Ground Zero, symbole d’un «événement profondément traumatisant» pour l’Amérique. Le site des tours jumelles du World Trade Center à New York, détruites lors des attentats du 11 septembre 2001, est un sanctuaire, a-t-il insisté, une «terre sacrée».
Assurant qu’il s’agissait d’un problème local, la Maison Blanche s’était bien gardée jusque-là de se prononcer sur la construction de cette mosquée, qui ferait partie d’un projet de centre socio-culturel islamique de 100 millions de dollars (78,36 millions d’euros).
Elle se situerait à deux pâtés de maison du site de World Trade Center où près de 3.000 personnes ont péri dans l’effondrement des tours percutées par des avions de ligne détournés le 11 septembre 2001.
Un sujet sensible
La question s’était pourtant bel et bien retrouvée au coeur d’un débat national, d’importantes personnalités républicaines comme Sarah Palin, ex-candidate à la vice-présidence, et Newt Gingrich, affichant leur opposition au projet. L’Anti-Defamation League (ADL), une organisation juive luttant contre l’antisémitisme, s’était aussi déclarée contre la construction de la mosquée.
Barack Obama s’est finalement emparé de la question, pour en faire sans équivoque un enjeu de la responsabilité du président, garant des principes fondateurs de l’Amérique. Rappelant des temps où la construction d’églises catholiques ou de synagogues se heurtaient aussi à des oppositions, le chef de la Maison Blanche a souligné qu’«à maintes reprises, le peuple américain a démontré que nous pouvons régler ces problèmes, rester fidèles à nos valeurs fondamentales et en sortir plus fort».
Barack Obama savait que ses propos allaient faire la «une» des médias américains mais aussi être entendus par les musulmans du monde entier. Depuis le début de son mandat, le successeur de George W.
Bush s’est attaché à renouer les liens avec la communauté musulmane dans le monde. Parmi la centaine d’invités vendredi à la Maison Blanche figuraient nombre d’ambassadeurs et dignitaires de pays musulmans, dont l’Arabie saoudite et l’Indonésie.
Mais en cette année de campagne, avec les élections de mi-mandat en novembre, Barack Obama risque aussi de se retrouver en porte-à-faux avec l’opinion publique américaine sur ce sujet. D’après un sondage CNN/Opinion Research diffusé cette semaine, seuls 29% des Américains approuvent le projet de mosquée. Certains élus démocrates ont d’ailleurs préféré esquiver cette question sensible. L’intervention du président américain a en revanche été saluée par le maire de New York Michael Bloomberg, un fervent partisan du projet, qui s’est félicité de cette forte «défense de la liberté de religion».