Séoul a exhorté mercredi la communauté internationale à répondre par la plus grande fermeté au quatrième essai nucléaire nord-coréen et mis Pékin, principal allié de Pyongyang, face à ses responsabilités.
Signe du niveau actuel de tension entre les deux frères ennemis, l’armée sud-coréenne a effectué mercredi des tirs de sommation contre un objet soupçonné d’être un drone nord-coréen qui avait traversé la frontière commune.
Les coups de feu sur l’une des zones les plus militarisées au monde sont aussi rares que préoccupants. Mais aucune riposte n’est intervenue du côté nord-coréen.
Lors de sa conférence de presse annuelle, la présidente sud-coréenne Park Geun-Hye a qualifié l’explosion nucléaire du 6 janvier de provocation et de « défi inacceptable » pour la sécurité et la paix globales.
Pyongyang avait claironné que l’engin testé était une bombe à hydrogène, bien plus puissante que la bombe atomique ordinaire, ce qui a été mis en doute par de nombreux experts.
Le nouvel essai constitue néanmoins un pas de plus dans le programme atomique du régime le plus hermétique au monde, et une violation des résolutions de l’ONU qui interdisent à Pyonguang tout programme nucléaire ou balistique.
Il est temps de réagir, a martelé Mme Park: « Les contre-mesures de la communauté internationale envers la Corée du Nord doivent être différentes de celles prises dans le passé ».
– Dépasser la rhétorique –
Séoul travaille aux côtés des Nations unies afin d’obtenir que la résolution à l’étude soit « la plus ferme » possible. La Corée du Sud veut aussi discuter avec les Etats-Unis et ses alliés de « sanctions punitives » supplémentaires, a ajouté Park Geun-Hye.
La Chambre des représentants des Etats-Unis vient de se prononcer pour un durcissement des sanctions américaines contre la Corée du Nord, sur le modèle de ce qui avait été fait contre l’Iran.
Mme Park a jugé que Pékin, bienfaiteur économique du Nord, avait un rôle primordial à jouer à l’ONU.
La Chine a certes condamné l’essai nucléaire, mais il est temps de dépasser le cadre de la rhétorique, a lancé la présidente sud-coréenne: « La Chine sait que si sa détermination ne se traduit pas en actes effectifs, nécessaires, nous ne pourrons pas empêcher un cinquième, voire un sixième essai nucléaire ».
Ces propos font écho à ceux du secrétaire d’Etat américain John Kerry qui a critiqué la stratégie de Pékin, réclamant davantage de pressions chinoises et estimant qu’on ne pouvait « pas continuer comme si de rien n’était ».
Samedi, Pyongyang avait publié une vidéo censée montrer l’essai réussi en décembre d’un missile balistique tiré d’un sous-marin. Mais après analyse des images, des spécialistes américains en ont conclu mercredi que ce tir avait en réalité été un échec patent.
Pour autant, « une autre provocation nord-coréenne peut intervenir n’importe quand », a mis en garde Mme Park, en dénonçant l’attitude « trompeuse et irresponsable » de Pyongyang.
– ‘Nuages sombres d’une guerre nucléaire’ –
Dès lors, Séoul et Washington étudient le déploiement sur la péninsule de « ressources stratégiques » américaines supplémentaires. Près de 30.000 soldats américains sont stationnés en Corée du Sud, qui bénéficie aussi de la protection du « parapluie nucléaire » américain.
Dans une démonstration de force, un bombardier américain B52 à long rayon d’action pouvant transporter des armes nucléaires, escorté de chasseurs sud-coréens et américains, a survolé dimanche la Corée du Sud, à 70 km au sud de la frontière intercoréenne.
Certains spécialistes estiment que le porte-avions USS Ronald Reagan, des bombardiers furtifs B2 et des chasseurs furtifs F22 pourraient faire partie de ces « ressources » supplémentaires.
Lors d’une rencontre avec les scientifiques du programme nucléaire, le leader nord-coréen Kim Jong-Un a estimé que les menaces de sanctions et de renforcement du dispositif sud-coréen plaçaient la péninsule sous « les nuages sombres d’une guerre nucléaire ».
Il a exhorté ses chercheurs à développer une force nucléaire « capable de mener à tout moment des frappes nucléaires contre les impérialistes emmenés par les Etats-Unis ».
Séoul a déjà réagi unilatéralement au dernier essai nucléaire nord-coréen en reprenant vendredi sa guerre de propagande à la frontière entre les deux Etats rivaux.
De puissants haut-parleurs diffusent à plein volume en direction du Nord un mélange de chansons pop coréennes et de messages de propagande, ce qui a le don d’irriter Pyongyang au plus haut point.