ALGER – La décision du retrait des Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, annoncée par le président Donald Trump, a suscité inquiétude et déception des pays signataires qui ont appelé à son maintien, estimant que cette position fait craindre une nouvelle montée des tensions au Moyen-Orient.
Dans la soirée de mardi, le président américain a annoncé le retrait des Etats-Unis de l’accord signé entre l’Iran et le groupe P5+1 (Chine, Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni et Allemagne) en 2015 avec un retour de toutes les sanctions, une décision qui met à mal l’Iran et les pays signataires de cet accord emblématique fruit de 21 mois de négociations internationales acharnées pour empêcher l’Iran de se doter de la bombe atomique.
« J’annonce aujourd’hui que les Etats-Unis vont se retirer de l’accord nucléaire iranien », a déclaré Donald Trump à la Maison Blanche.
Suite à cette annonce, le président iranien Hassan Rohani, qui s’était beaucoup investi dans cet accord, a immédiatement accusé son homologue américain de pratiquer « une guerre psychologique », alors que la décision fracassante de Washington, dénoncée par tous les autres signataires, fait craindre une nouvelle montée des tensions au Moyen-Orient.
Au lendemain de la sortie américaine de l’accord, le Parlement iranien a manifesté son mécontentement, appelant le gouvernement à prendre des mesures immédiates pour répondre à cette décision. « Trump n’a pas les capacités mentales pour gérer ces situations », a déclaré le président de l’Assemblée iranienne Ali Larijani.
De son côté, le président Rohani a dit vouloir discuter avec les Européens et les Russes et les Chinois pour voir si ces derniers peuvent garantir les intérêts de l’Iran après le retrait des Etats-Unis. Mais il a menacé de reprendre l’enrichissement d’uranium « sans limite », si ces négociations ne devaient pas donner les résultats escomptés dans les semaines à venir.
Regrets et appels au maintien de l’accord malgré le retrait américain
L’annonce américaine était prévisible, non pas seulement par les Iraniens mais aussi par les pays signataires et le Moyen-Orient. La France, l’Allemagne et le Royaume-Uni ont dit « regretter la décision américaine », dans un communiqué commun, et se sont dits « déterminés à assurer la mise en oeuvre » de ce texte en « maintenant les bénéfices économiques » au profit de la population iranienne.
Moscou et Pékin ont aussi fait part de leur « regret » et « extrême inquiétude », amenant la Chine à appeler toutes les parties à la sauvegarde de l’accord, en dépit du retrait des Etats-Unis et agir de façon responsable » pour « revenir dès que possible » au respect d’un texte qui « contribue à préserver la paix au Moyen-Orient », en dénonçant « une violation grossière du droit international ».
Selon le chef de la diplomatie française, Jean-Yves Le Drian, « cet accord n’est pas mort », estimant que l’Iran respecte son engagement comme l’atteste l’AIEA (Agence internationale de l’énergie atomique) (…) et parce que c’est un accord qui permet la sécurité dans la région, nous voulons rester dans cet accord et nous souhaitons que l’Iran y reste ».
Malgré le retrait américain, Le Drian, a réaffirmé que ce n’était « pas un échec pour la paix » annonçant une rencontre entre les ministres des affaires étrangères, britannique, allemand et français lundi prochain avec des responsables iraniens pour voir « comment préserver l’accord et envisager l’ensemble de la situation ».
L’accord de Vienne de 2015 « répond à son objectif qui est de garantir que l’Iran ne développe pas des armes nucléaires, l’Union européenne est déterminée à le préserver », a réagi la cheffe de la diplomatie européenne Federica Mogherini.
L’Italie a plaidé aussi pour le maintien de « l’accord avec l’Iran » estimant qu’il contribuait à la sécurité dans la région et limite la prolifération nucléaire ».
Pour sa part, le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres a exprimé dans un communiqué « sa profonde préoccupation par l’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord et de la reprise de sanctions américaines » à l’encontre de Téhéran.
L’ancien président américain Barack Obama a défendu l’accord conclu sous son administration, et qualifié de « grave erreur » la décision de son successeur Donald Trump de retirer les Etats-Unis de l’accord sur le nucléaire iranien, jugeant que ce dernier « fonctionne » et est dans l’intérêt de Washington.
Dans la région, la Turquie a dit craindre « de nouveaux conflits » tandis que la Syrie a « condamné avec force » l’annonce du retrait des Etats-Unis de l’accord, affirmant sa « totale solidarité » avec Téhéran.
Par ailleurs, de l’avis de la presse britannique de mercredi, la décision du président américain, Donald Trump, de se retirer de l’accord nucléaire iranien constitue une « défaite amère » pour les alliés européens des Etats-Unis.
La chaîne publique BBC et le journal des affaires, le Financial Times, notamment indiquent à cet égard que la décision de Trump constitue « un échec de la diplomatie britannique et européenne ».