En pleine période de tensions internationales relatives à la nature de l’activité nucléaire iranienne, une campagne insidieuse est menée actuellement contre l’Algérie.
Cette campagne a été d’une telle violence qu’il a fallu au ministre de l’Energie et des Mines, Chakib Khelil, d’apporter certaines précisons sur la fable de la bombe nucléaire algérienne.
M. Khelil a en effet précisé que les réserves prouvées de l’Algérie en uranium avoisinent les 29 000 tonnes, soulignant que ces quantités sont « insuffisantes » pour développer le programme national de production de l’énergie nucléaire à des fins pacifiques.
« Actuellement, nous disposons d’environ 29 000 tonnes de réserves prouvées d’uranium qui peuvent être exploitées dans la production de l’énergie nucléaire », a déclaré M. Khelil à la presse en marge de la présentation du programme Approvisionnement du marché national en gaz 2009-2018.
« Ces quantités permettront de faire fonctionner seulement deux centrales nucléaires d’une capacité de 1 000 mégawats chacune et pour une durée de 60 ans », a-t-il précisé.
D’où la nécessité « d’augmenter ces réserves en lançant un programme de prospection ».
Et puis même si les quantités d’uranium sont suffisantes pour la fabrication d’une bombe atomique, pourquoi l’Algérie se lancerait- elle dans cette technologie à connotation belliqueuse, elle qui a des exigences plus pressantes en matière économique et de création d’emploi ? Le fait est que l’Algérie n’a pas d’inclination belliciste.
Et ce n’est pas cette campagne montée de toutes pièces et à des desseins inavoués qui va la déstabiliser.
Elle a la capacité de faire face à la désinformation et rien ne saurait l’ébranler comme le dit si bien le proverbe arabe : « Ya dj’bel ma yehezek errih » «Montagne, ce n’est pas le vent qui te fera trembler».
Parce que nous parlons la même langue que les inspirateurs présumés de cette campagne, ils doivent en tirer la leçon.
On se rappelle de la campagne menée par la presse anglo-saxonne au début des années 90 sur la même question.
C’était l’argument brandi à l’époque par les Américains pour faire pression sur l’Algérie marquée par une montée fulgurante de l’islamisme.
Depuis, les installations nucléaires algériennes qui se résument aux réacteurs de Draria et de Aïn Ouessara sont restées exactement les mêmes quand elles ne se sont pas dégradées par manque d’entretien.
Quel est le contexte actuel ? Il y a d’abord les dispositions de la loi de finances complémentaire qui remettent en cause des intérêts économiques immenses pour de grandes entreprises étrangères.
Ensuite, les déclarations des officiels marocains selon lesquels l’Algérie menace la stabilité de la région.
A celà s’ajoute la rencontre du ministre des Affaires étrangères israélien, Avidgor Lieberman, avec son homologue marocain à New York.
Le tout est couronné par la sortie en France du livre de Bruno Tertais, expert international dans les questions nucléaires, qui a classé l’Algérie dans les pays «à risque» du point de vue de la prolifération nucléaire.
Ce ne sont là que quelques éléments d’un puzzle qui permettent de comprendre que cette conspiration contre l’Algérie est un scénario monté de toutes pièces.
En fait, il y a trop de coïncidences en si peu de temps et sur le même sujet. Il reste que la seule ambition de l’Algérie est celle de construire son économie qui lui permettra d’accéder au rang de pays émergent.
A quoi servira ce nucléaire civil ? Tout simplement à aider l’Algérie à faire face à ses besoins croissants d’énergie, notamment pour le dessalement de l’eau de mer.
En quoi pareils projets inquiéteraient-ils la communauté internationale sachant que l’Algérie n’est pas l’Iran.
Pour marquer sa différence, l’Algérie a signé au préalable tous les accords exigés par la communauté internationale en pareilles circonstances.
M. Khelil a tenu d’ailleurs à préciser que « l’Algérie a émis à l’Agence internationale de l’énergie atomique (Aiea) son souhait de signer le protocole additionnel au Traité de non-prolifération des armes nucléaires qu’elle avait déjà signé auparavant » en indiquant que le pays « est en train de mettre en place les mesures qui lui permettraient de signer ce protocole additionnel ».
Il a souligné à ce propos que « l’Algérie est soumise à toutes les inspections de l’Aiea. Donc, tout le monde sait que nous sommes transparents et ouverts à toutes ces inspections. Ce qui n’est pas le cas, peut-être, de beaucoup de pays qui s’érigent en juges ».
Le ministre a en outre fait savoir que l’avant-projet de loi sur le nucléaire sera soumis, dans les prochaines semaines, au gouvernement pour examen.
Le texte, dont l’élaboration a été déjà achevée par les services de son ministère, prévoit notamment la création d’une Agence de sûreté et de sécurité nucléaires devant disposer des moyens financiers nécessaires à l’application du programme nucléaire civil, rappelle- t-on.
BRAHIM TAKHEROUBT