Nouvelles technologies, Le stress de l’immédiateté !

Nouvelles technologies, Le stress de l’immédiateté !

Au moment où les managers focalisent sur la marge des gains obtenus par la généralisation de l’usage des nouvelles technologies, des chercheurs pointent du doigt le revers de cette médaille : le technostress.

Conçues pour nous rendre la vie plus facile, agréable, les nouvelles technologies de l’information et de la communication et les usages qui les sous-tendent, sont au centre de nombreuses études critiques initiées par des chercheurs soucieux de mettre en exergue la gêne, l’angoisse, le stress et la foule de situations « oppressantes » qu’elles nous imposent.

A commencer par les adeptes du réseau social mondial Facebook ; une étude publiée au début de l’année passée par l’Université Napier d’Edimbourg (Ecosse) révèle que « 10 % des utilisateurs de Facebook, soit 50 millions de personnes à travers le monde, ressentiraient du stress et de l’anxiété à cause du réseau social ». Selon l’enquête, ce sentiment serait fonction du nombre d’amis de chaque membre. Pour parvenir à ce constat, les chercheurs ont interrogé 200 étudiants. 12 % d’entre eux, ces derniers comptabilisant 117 amis en moyenne, ont avoué ressentir de l’anxiété lors de leurs connexions à Facebook. Les 88 % restants, ne comptant pas plus de 75 amis triés sur le volet, n’ont fait état d’aucun malaise particulier.

Ainsi, si les adeptes du réseau social apprécient la possibilité de rester en contact avec leurs amis, la plupart se sentent coupable de refuser une demande de mise en contact. La crainte de ne pas être suffisamment créatif dans leurs statuts ou de rater un événement social important, s’ils venaient à désactiver leur compte, seraient également des sources de stress pour les utilisateurs.

Un phénomène que le docteur Kathy Charles de l’Université Napier d’Edimbourg a expliqué à la presse britannique. « Comme les jeux, Facebook maintient les utilisateurs dans des limbes neurotiques en les incitant à rester connectés, au cas où… », a-t-elle souligné. « Branché et beaucoup trop stressé » ; une phrase susceptible de résumer les conclusions d’une autre étude menée par l’université britannique de Cambrige et dont des extraits ont été publiés durant l’été dernier. Un tiers des Britanniques se dit submergé par les technologies numériques qui se multiplient dans l’environnement et aspire désormais à s’éloigner un peu des téléphones cellulaires, des réseaux sociaux et des textos… pour vivre mieux.

C’est en tout cas ce qui ressort de cette étude effectuée dans le quotidien d’environ 1300 Anglais par une équipe de scientifiques de l’Université de Cambridge. Avec à la clef une question : la numérisation des échanges humains pose-t-elle désormais un problème de santé publique ?

Pilotée pour le compte du BT Group, ex-British Telecom, le pourvoyeur de télécommunications britanique, l’étude indique que l’anxiété induite par les objets technologiques, tout comme par les réseaux sociaux, affecte aujourd’hui un tiers des citoyens britanniques, dont 20 % admettent même ne plus être « en contrôle » des outils de communication qui se retrouvent dans leur main.

Fait amusant, le sentiment d’écrasement est aussi fortement exprimé par la tranche d’âge des 10-14 ans (38 % se disent anxieux) et des 25-34 ans (34 %), a découvert le trio de chercheurs formé de John Clarkson, Tanya Goldhaber et Anna Mieczakowski, qui pendant huit mois a sondé le cœur des humains branchés dans le cadre d’entrevues en personne. L’exercice a été menée en Grande-Bretagne tout comme aux États-Unis, en Australie ou en Chine.

En effet, près de 60 % des personnes rencontrées avouent que leur famille gagnerait à s’imposer des périodes de temps où la technologie n’aurait pas droit de cité dans leur cellule. On comprend : 36,4 % des parents estiment que les nouveaux outils de communication nuisent de temps en temps à leur vie familiale, 10,5 % allant même jusqu’à parler de « nuisance régulière », selon l’étude.

Jugées globalement positives par la majorité des répondants, les nouvelles technologies exposent toutefois de plus en plus leur côté sombre, démontre l’analyse de l’Université de Cambridge : deux tiers des répondants y reconnaissent consacrer trop de temps à numériser leur vie quotidienne, essayant même, dans une proportion de 33 %, de réduire le nombre d’heures qu’ils passent accrochés à une machine, à un réseau social, à une boite de courriel ou à des textos. Et pour couronner le tout, 65 % des Britanniques affirment même préconiser pour eux et leur avenir des communications davantage en mode face à face, que par écrans interposés. Une drôle d’idée à l’ère du 2.0 qui pourrait paradoxalement devenir bien moderne et contagieuse puisque même les plus jeunes se souhaitent le même genre de rematérialisation des rapports humains, indique l’étude. Afficher tous les articles par Antoine Augusti » Antoine Augusti de l’INSA (institut national des sciences appliquées) de Rouen (France) présente ainsi, en ligne sur le site www.technostress.fr, les résultats de son étude sur l’impact de l’usage des nouvelles technologies : « Les NTIC se sont fait leur place dans notre vie quotidienne, tant dans notre vie privée où elles ont modifié nos manières de communiquer ou de nous informer que dans notre univers professionnel où les méthodes de travail ont évolué suite à leur développement fulgurant. Aujourd’hui, l’usage de nos téléphones portables, ordinateurs, smartphones, tablettes s’est démocratisé et leur utilisation est de plus en plus intensive. Ces NTIC, omniprésentes dans nos vies, possèdent des avantages certains mais également d’importants défauts. »

Aujourd’hui, nous apprend l’étude, « 190 000 SMS sont envoyés par seconde à travers le monde. Les nouvelles avancées technologiques de ces dernières années ont bien fait évoluer nos manières de communiquer et nos rapports humains. »

Ces nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont permis, selon cette étude, de garder le contact avec des personnes éloignées, nous ont permis de pouvoir nous informer sur n’importe quel sujet en quelques secondes si l’on a accès à Internet et ont diminué nos délais de correspondances. Qui pense encore à envoyer une vingtaine de lettres à ses amis pour les convier à un anniversaire ? Un événement Facebook, quelques appels téléphoniques ou un e-mail groupé et les choses seront réglées en quelques secondes, sans soucis de la localisation de chacun et sans coût supplémentaire pour l’émetteur. Les smartphones permettent d’être connectés à tout instant, de répondre à une masse toujours plus importante d’e-mails et le travail s’immisce de plus en plus dans la vie privée par le biais des nouvelles technologies. D’où la question suivante : « Les nouvelles technologies de l’information et de la communication accentuent-elles notre stress ? ». De toute évidence, la réponse à cette question est oui, explique Antoine Augusti qui parle du phénomène de technostress. Ce terme est utilisé pour les personnes souffrant de crises d’angoisse et de dépressions dans un environnement technologique déshumanisé. Le fil rouge est donné par la précédente question, et toutes les autres qui en découlent : les NTIC peuvent-elles être néfastes dans notre travail ? Où se situent les barrières entre vie privée et vie professionnelle ? Suis-je capable de me déconnecter complètement ? Comment peut-on faire un meilleur usage des NTIC ? Comment les entreprises peuvent-elles lutter contre le technostress ? Autant de questions incluses dans cette étude qui rejoint le flot des multiples recherches sur le phénomène du stress induit par les nouvelles technologies et dont l’ampleur est chaque jour plus palpable.

R. M.