Le calme qui précède la tempête ?
La rentrée sociale 2015 est marquée par une accalmie sur le front social : quasiment pas de grèves, pas de mouvements de protestation.
Dans un contexte paradoxalement difficile : une situation de crise financière préoccupante. Presque tous les clignotants macroéconomiques sont au rouge : déficit de la balance des paiements, de la balance commerciale, baisse considérable du niveau des réserves de change et difficultés budgétaires aiguës reflétées par un recours massif au Fonds de régulation des recettes. Les signes de cette conjoncture morose sont ressentis par les ménages : flambées des prix de produits de large consommation et inquiétudes sur le pouvoir d’achat qui sera sérieusement affecté dès début 2016 avec la hausse des carburants, de l’électricité, de la vignette automobile, si le Parlement adopte les dispositions de l’avant-projet de loi de finances 2016.
Cette rentrée sociale apaisée annonce-t-elle des lendemains plus sombres ?
Il est clair qu’avec des prix du baril à 40 dollars, des recettes exportation d’environ 30 milliards de dollars en 2015, on peut s’attendre à une dégradation plus importante de notre situation financière. La solution de facilité a consisté pour le gouvernement à vouloir puiser dans la poche des contribuables pour réduire l’énorme déficit budgétaire. Mais à vouloir trop tirer sur la corde, on risque de voir se rompre cette paix sociale, au moment où nos gouvernants rechignent à montrer l’exemple et à réduire le train de vie de l’État. Jusqu’ici, pour faire face à cette crise, le gouvernement a surtout joué d’un levier : la réduction des importations. Les résultats ne sont pas très satisfaisants puisqu’à ce rythme, nos importations seront de l’ordre de 50 milliards de dollars en 2015. Paradoxalement, dans ce domaine, l’État n’a pas encore appliqué la réglementation sur les normes, une importante barrière aux importations de produits contrefaits ou non conformes qui représentent au moins 10 milliards de dollars de nos échanges extérieurs.
Pour l’instant, les vrais remèdes ne sont pas administrés du moins rapidement : une amélioration du climat des affaires pour booster l’investissement et le développement d’une industrie de substitution aux produits importés, l’accélération dans la mise en œuvre des actions en vue de réindustrialiser le pays, une réforme financière et institutionnelle destinée à drainer les capitaux des Algériens résidant à l’étranger, des mesures de facilitation en direction des entreprises exportatrices en vue de développer les exportations hors hydrocarbures.
En fin de compte, l’inertie actuelle des gouvernants, dont la manifestation est l’absence à ce jour d’un véritable plan anticrise, risque, si elle perdure jusqu’en 2016, de conduire à une instabilité sociale chronique qui coûtera cher au pays.
Autrement dit, entre 2017 et 2019, si rien ne bouge dans le bon sens, le spectre du scénario grec planera sur le pays.