Nouvelles mesures sur les investissements : ce que vont faire les groupes étrangers en Algérie

Nouvelles mesures sur les investissements : ce que vont faire les groupes étrangers en Algérie

« Nous avons protesté. Tous les pays européens ont protesté, avant et après la publication de la loi. Mais les Algériens ne veulent pas reculer. Pour les pays concernés, il est difficile d’aller au-delà de ces protestations ». Ce commentaire émane d’un proche des milieux d’affaires français. Il illustre la position des européens concernant les dernières mesures d’investissement. Malgré ces protestations, notre interlocuteur a démenti l’existence de tensions entre Alger et l’Union européenne sur ce dossier.

« Avec ces mesures (ndlr : 51%-49% et 70%-30%) l’Algérie tourne le dos à 10 ou 15 ans de travail accompli pour attirer les investissements étrangers. Aujourd’hui, on est face à un instabilité juridique totale », poursuit-il. Une insécurité juridique qui vient s’ajouter aux insécurités fiscale et douanière, régulièrement dénoncées par les opérateurs étrangers. « L’Etat doit certes jouer son rôle de régulateur, mais il ne doit pas s’immiscer dans la gestion des entreprises », regrette-t-il.

Même s’ils sont très critiques à l’égard des dernières mesures gouvernementales, les groupes étrangers n’envisagent pas de quitter l’Algérie. En dépit du durcissement des conditions d’investissement, le marché algérien reste porteur. Mais, selon nos informations, plusieurs groupes envisagent déjà de réduire leurs investissements en Algérie dès cette année. Dans le cas des constructeurs automobiles, cette réduction devrait toucher l’ouverture de nouveaux showrooms et la formation du personnel. D’autres groupes ont décidé d’abandonner des projets d’investissement qui étaient en cours. C’est par exemple le cas du cimentier Lafarge qui renonce à construire une nouvelle cimenterie à Constantine. En échange, il discute actuellement avec Sonatrach en vue d’un partenariat pour la réalisation de nouvelles cimenteries.

Certaines sociétés concernées par les nouvelles mesures veulent aller au bras de fer avec les autorités, en cessant l’importation de leurs produits dès 2010 pour créer des situations de pénuries sur le marché. Elles espèrent ainsi faire pression sur le gouvernement via l’opinion publique. Une option imprudente dans un pays où les autorités redoutent les tensions sociales plus que toute autre chose. D’autres importateurs, plus prudents, cherchent des partenaires passifs, lesquels en échange de 30% du capital, s’engageraient à ne pas s’immiscer dans les affaires de la société. En attendant, le gouvernement maintient le cap : la mesure entrera en vigueur le 1er janvier 2010. Passé ce délai, les registres de commerce non conformes ne pourront plus être utilisés pour les

opérations d’importation.