« Les groupes français se disent choqués par les dernières mesures sur l’investissement. Ils veulent les contester. Posez-leur la question : pourquoi ont-ils tourné le dos à l’Algérie dans les années 1990?». Ce commentaire émane d’un haut responsable de l’Etat algérien. Il traduit l’agacement des autorités algériennes face aux contestations émanant des groupes étrangers, particulièrement français, après les dernières mesures gouvernementales en matière d’investissement.
« Les Français ont oublié qu’ils nous ont étouffés sous un blocus inhumain dans les années 1990. Ils ont refusé de nous vendre des armes qu’on trouve, je dirais en pharmacie. Air France a fait du lobbying pour convaincre les autres compagnies de nous boycotter », poursuit le même responsable. « Malgré cela, l’Algérie a été plus digne. Nous avons oublié les vexations et accepter de tourner la page ».
Durant plusieurs années, les groupes français ont raflé de nombreux contrats en Algérie. « Ils ont tout pris », souligne le même responsable. Mieux, à certains moment, les Français se sont livrés à une surenchère. « Un exemple : nous avons passé un contrat avec des Américains. Les Français ont fait un tel tapage que nous avions décidé d’accorder un contrat à Total pour les calmer », reconnaît-il. Au milieu des années 2000, le groupe Alstom était au bord de la faillite. « Nous l’avons sauvé avec des contrats. C’était une fleur faite à Nicolas Sarkozy qui était alors ministre des Finances ».
En échange , les Français avaient fait plusieurs promesses. Elles portaient sur quatre dossiers : une normalisation totale des relations bilatérales, la circulation des personnes, l’arrêt des « menaces » autour des dossiers de la décennie noire et la reconnaissance de la responsabilité de la France dans les crimes coloniaux. Mais aucun de ces dossiers n’a abouti, selon notre source. Illustration de cet échec : la dernière campagne en France sur l’affaire des moines de Tibéhirine. « Le gouvernement français sait qui est derrière cette campagne. Pourquoi n’a t-il n’a rien fait? ».
Dans ce contexte, les protestations des groupes français en Algérie ont peu de chances d’aboutir. Pour Alger, les dernières mesures sont des décisions souveraines. « On s’est rendu compte que notre argent partait à l’étranger. Nous ne pouvons pas travailler contre nos propres intérêts », affirme la même source. « Les groupes français n’ont qu’à se tourner vers le Maroc. Ce sont bien les Marocains qui les ont conseillé de nous boycotter dans les années 1990 », conclut-il.
Par samir allam