Les nouvelles mesures qui obligeraient les milieux d’affaires algériens à s’engager à ne pas demander de titre de séjour ni à bénéficier de prestations sociales ou médicales en France dans le cadre de l’obtention de visa ont suscité des réactions de la part des organisations patronales.
Les opérateurs algériens appellent le gouvernement à appliquer le principe de la réciprocité. Selon l’explication fournie par Michel Dejaegher, consul général de France à Alger, disponible sur le site web du consulat, les commerçants qui expriment une première demande de visa doivent signer une attestation sur l’honneur de ne pas déposer une demande de carte de séjour en préfecture ni de tenter d’obtenir indûment des prestations sociales.
«Le consulat doit s’assurer aussi de la réalité de la qualité de commerçant et de l’activité commerciale afin d’éviter tout abus qui nuirait à l’ensemble des commerçants de bonne foi», ajoute le consul. Pour le consul général d’Alger, les dispositions ont été modifiées de manière à simplifier la procédure de demande de visa.
Toutefois, cette décision a été critiquée par les opérateurs économiques algériens la considérant «humiliante» et «déshonorante» de la part de l’un des principaux partenaires économiques de l’Algérie. Le président de la Confédération des industriels et producteurs algériens, Abdelzizi M’henni, sollicite les autorités du pays à appliquer le principe de réciprocité.
«Ils sont souverains de prendre de telles mesures pour l’octroi de visa. Mais nous aussi il est de notre droit d’appliquer la réciprocité. Personnellement, je sais que cette exigence de déclaration sur l’honneur vise uniquement l’Algérie. Elle n’est pas appliquée aux autres pays maghrébins.
Elle a été prise uniquement par la France et non par les pays de l’Union européenne», a tenu à nous confier le président de la Cipa, estimant que «cette disposition va encore pousser les hommes d’affaires algériens à bouder la France et de nouer des relations avec d’autres communautés d’affaires. Je sais pertinemment qu’ils ont pris ces mesures, car l’Algérie a pris des décisions historiques en ce qui concerne les conditions d’investissements étrangers, notamment la condition de 51% – 49% pour les projets de partenariat.
Les autres mesures économiques portant sur le transfert d’argent, des conditions de paiement et d’endettement n’ont pas été appréciées. Ce qui a poussé les autorités françaises à poser des conditions particulières aux hommes d’affaires algériens.
Ils veulent nous humilier parce que nous sommes un peuple rebelle et révolutionnaire qui refuse l’oppression et reste attaché à son histoire riche d’évènements et d’hommes. Pour moi, les responsables français veulent tout simplement nous humilier…», a tenu à souligner le président de la Cipa, offusqué par les nouvelles procédures.
De son côté, le président du Forum des chefs d’entreprise (FCE), Réda Hamiani, s’interroge sur les décisions prises par les autorités françaises. «Nous avons sollicité les services consulaires de l’ambassade de France pour avoir plus d’explications au sujet de cette attestation sur l’honneur. Il faut dire que les hommes d’affaires algériens ont été toujours
privilégiés en matière d’obtention de visa. Nous sommes en attente d’une réunion pour clarifier bien les choses», a indiqué M. Hamiani. Quant au président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), Mohand Naït Abdelziz, il a estimé que l’Algérie a le droit d’appliquer la réciprocité étant donné que la mesure des autorités françaises est souveraine. Le ministère des Affaires étrangères est sollicité à réagir à ce sujet, ont insisté les opérateurs contactés.
La bonne foi des milieux d’affaires nationaux en question
Selon l’APS, le MAE n’a été «ni informé ni consulté» sur les nouvelles mesures françaises à l’encontre des hommes d’affaires algériens. Une source proche du ministère a confié hier que «cette mesure,
si elle venait à être confirmée, laisserait planer le doute sur la bonne foi des milieux d’affaires nationaux», a-t-on ajouté, estimant que cette mesure «préjuge du résultat des discussions consulaires devant commencer dans un proche avenir».
Farouk Belhabib